Nom d’une mouche sodomite ! L’humanité est en danger ! Entre l’IVG qui tue des futurs penseurs et la PMA qui va très certainement engendrer nombre de déséquilibrés, il va sans dire que la société court à sa perte. Fort heureusement pour nos retraites, les Pousse-à-la-grossesse sont une espèce qui n’est pas prête de s’éteindre.
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Animés par l’angoisse de la vie, les Pousse-à-la-grossesse – que nous allons appeler dès lors « Les 6s »parce que sinon c’est un peu long à écrire – sont les parents, les amis, les connaissances et les inconnus qui vous enjoignent (avec insistance) de procréer.
Reproduisez-vous, que Diable !
Si vous travaillez et que vous vous trouvez en couple depuis de nombreuses années, vous avez sans aucun doute eu affaire à un ou plusieurs 6s ces derniers temps. Rien de plus normal : la question « et vous, c’est pour quand ? » est un sujet de conversation réflexe, tout comme la petite phrase « fait pas chaud, hein… ».
Que vous vouliez ou non un enfant, il s’agit bien entendu d’une décision intime et personnelle et qui ne nécessite en aucun cas une quelconque justification. Etant doté de gènes exceptionnels, il va sans dire que j’eus moi-même beaucoup de pression de la part de mon entourage qui souhaitait que j’élève le socle de l’humanité en me reproduisant. De cette expérience, j’ai pu élaborer un profil-type du 6s.
Le but de ce cours sera donc d’étudier la détection des 6s et de voir ensemble comment leur répondre afin qu’ils en restent aux interrogations météorologiques.
ATTENTION ! Le 6s est EXCLUSIVEMENT une personne ayant elle-même enfanté.
Pour commencer, voici un petit graphique qui vous permettra de savoir si vous êtes plus ou moins exposée à un risque de 6s selon votre âge et vos ressources :
Sur une échelle de 0 à 6, 0 étant considéré comme « RARE / INCONVENANT » et 6 comme « SYSTÉMATIQUE / LOGIQUE », vous pouvez ainsi voir qu’entre 25 et 35 ans, vos chances d’attirer un 6s sont extrêmement élevées.
Au fur et à mesure que vous allez grimper en âge et en aptitudes (couple stable, indépendance financière…) l’insistance se fera de plus en plus forte.
Au départ donc, le 6s tâtonne, sourit, et s’interroge avec innocence et curiosité. Rapidement, et si vous êtes amenée à le croiser au moins une fois par an, sa préoccupation se mue en une incompréhension passive-agressive, pour se terminer parfois, quand il n’a pas su être stoppé à temps, en sarcasmes et ordres à peine déguisés.
Les étapes du 6s vers l’insistance ultime
Voyons les différentes étapes, dans l’ordre chronologique :
1. « Et vous, c’est quand que vous vous y mettez ? » (interrogation polie) 2. « Ça te donne pas envie ? » (interrogation autocentrée) 3. « Alors, vous nous faites toujours pas un p’tit ? » (stade 1 de l’incompréhension) 4. « Vous ne pouvez pas, c’est ça ? » – Variante : « C’est lui qui veut pas ? » (recherche d’explication physiologique) 5. « C’est égoïste, quand même… » (dernier stade des interrogations, phase 1 du jugement) 6. « Attention, parce qu’après, ce sera trop tard… » (menace)
Mon conseil est d’intervenir dès l’étape 1 pour assurer à votre vésicule biliaire un fonctionnement sans entrave.
Rappelez-vous que ce n’est pas personnel : ces personnes, qui bien souvent sont les mêmes qui se plaignent de leur engeance et sont friands de répliques type « Profitez-en bien, parce qu’après c’est fini ! », veulent simplement avoir l’impression que vous êtes comme elles, que vous faites partie de leur crew, voire qu’elles ont fait le bon choix. Elles recherchent avant tout le partage de leur train-train quotidien.
Comment réagir face aux 6s ?
Plusieurs alternatives possibles pour ne jamais céder aux explications rationnelles :
1. Se décrotter le nez, en faire une boulette et la jeter sur la vitre sans répondre (attitude infantile) 2. Si cela fait un moment que vous êtes en couple, répondre, les yeux écarquillés et la bouche en cœur : « Woah, c’est marrant ça… on n’en a jamais parlé ! Merci pour le tuyau ! » (retournement de situation par l’ironie) 3. Attirer l’attention du 6s sur autre chose (technique approuvée sur les petits comme sur les grands) 4. « Je crois qu’on s’y prend par le mauvais trou » (sortie par l’humour) 5. « Je pense avoir entre 0 enfant et 47 » – Variante : « Si on te demande, tu diras que tu sais pas » (méthode dite de la franchise désarmante) 6. Attendre que le marmot du 6s agisse de façon dégoûtante ou pénible pour dire : « Ça a l’air génial ! » (procédé sournois)
Pris de court, sous le coup de la lassitude, vous pourriez être amenée à céder à la panique.
Les pièges à éviter
Rappelons ainsi les erreurs classiques à éviter :
- Ne dites JAMAIS : « Je ne me sens pas prête » (même si c’est vrai). C’est l’argument n°1 que le 6s attend ! Dans 99.99% des cas, sa réponse sera : « On n’est jamais prêt, tu sais… ». Épargnez-vous donc ce vieux poncif.
- Ne vous lancez JAMAIS dans un exposé de ‘pour et de contre’. Le 6s se fout de savoir si vous n’avez pas fini vos études (« ma cousine Michoune était enceinte pendant son CAP »), si vous n’estimez pas vos ressources financières suffisantes (« ma grand-mère Zézette a eu ma mère alors qu’elle ramassait encore des patates pour gagner sa vie »), si vous voulez voyager (« oh, mais tu as déjà assez vécu ! »), ou si vous préférez encore passer vos week-ends à boire du Picon (« il y a plus important dans la vie » ; « un enfant ça donne un sens à ton existence »).
- Evitez au maximum les sujets suivants : la contraception, la carrière professionnelle, et l’immobilier. Le 6s se jettera dessus tel le cobra (« ah, vous prenez un 2 pièces… pour le BÉBÉ. ») (sans point d’interrogation)
- Refusez le mensonge de la paix : « Je ne peux pas en avoir ». Vous avez le droit de ne pas vouloir en avoir, et si le 6s vous juge pour ça, c’est qu’il ne vous mérite pas. Ne faites pas comme s’il s’agissait d’une fatalité, vous n’êtes pas une victime.
- Même si les enfants, l’éducation, la grossesse ou les jouets en bois sont des thèmes que vous pouvez aborder avec le même intérêt que le déhanché de Benny Hill ou les nouvelles saveurs des soupes Knorr ©, prenez garde aux débordements (« Ah, je vois que ça t’intéresse BEAUCOUP »)
- Idem : si vous trouvez un bébé mignon, PAS de commentaires sur son physique avantageux ! Il va sans dire que le 6s sera très heureux de déclarer que « ça y est, ça vous travaille » simplement parce que vous savez distinguer un bébé acnéique d’un bébé rose. Dans la mesure du possible, évitez même de sourire à un nourrisson, ce serait suspicieux.
Enfin, si vous suivez ce guide de repousse-pousse-à-la-grossesse et qu’un jour vous décidez d’avoir un bébé, sachez que la contrepartie sera inéluctablement : « C’est un accident ?.. ». Ce qui est tout aussi bien : vous et vos ovaires avez le droit de surprendre !
Note pour plus tard : après avoir enfanté, vous ne serez pas tranquille pour autant. Un an après, le 6s reviendra à la charge pour savoir quand vous « mettez le petit deuxième en route » (cf la reine Elizabeth avec Kate Middleton). Par la suite, si vous avez un 3ème enfant, le 6s, désarçonné, pourra alors dire : « Et bien… tu as du courage ». En cas de 4ème enfant, il vous demandera carrément : « Mais vous vous ne protégez pas ou quoi ? ». La pression sociale est sans limite.
La prochaine fois, je vous raconterai comment nos amis Facebook persuadés d’y voir clair (« arrêtez de croire les médias, bande de nouilles !!! ») sont les premiers à poster des liens vers des hoax.
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