Publié initialement le 6 août 2009
BONJOUR, HUMANITÉ EN PUTRÉFACTION.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas été d’aussi bonne humeur. Sûrement parce que cela faisait longtemps que nous ne nous étions pas vu(e)s. Aussi parce que j’écoute le live de Blink-182 et ça me rappelle quand j’étais au collège et qu’on s’envoyait des petits mots en classe disant « prout + caca = toi » et que ça pouvait nous faire rire comme des autruches pendant le reste du cours. Mais vous savez ce qui pourrit mon funk comme un barbecue qui prend l’eau ? Les filles qui n’aiment pas les filles.
Il s’agit d’un concept assez simple : vous avez sûrement déjà entendu / lu une fille répéter régulièrement « je m’entends mieux avec les garçons » ? Cette fille a 74% de chances de développer cette peur prosaïque qu’est la peur de l’autre fille.
Concrètement, le fait de déclarer publiquement qu’on s’entend mieux avec les garçons est une manière à peine voilée de dire l’inverse, qui est : « je ne suis pas une fille comme les autres ». En sous-entendant que ELLE, elle a des relations privilégiées avec les garçons, elle sous-entend également par-là que les autres filles sont des êtres indignes d’intérêt, passionnés par l’épilation de leur moustache, le bronzage de leur raie des fesses et Brad Pitt. Et qu’elles ne sont pas comme ces filles là. Qu’elles sont plus profondes, moins chiantes, plus marrantes, qu’elles sont comme un meilleur pote avec des nichons.
Voici comment la F.Q.N.A.P.L.F (l’acronyme prenant plus de temps à écrire que la phrase en entier, ce sera la seule fois que vous le verrez ici) se voit :
Et maintenant dont elles perçoivent les centres d’intérêts des autres femelles :
Grande nouvelle : on peut être une fille et aimer le skate et les Super Héros et le vernis à ongles, et être un garçon et aimer lire la presse people et écouter Cat Power et regarder des films de guerre ou de voitures.
Voici pourquoi les filles qui n’aiment pas la majorité des filles sont pénibles : car, en voulant affirmer une pseudo-différence, elles participent aux clichés sans s’en rendre compte. D’ailleurs est-ce que vous avez déjà entendu / lu une fille affirmer qu’elle « s’entend mieux avec les filles » ? Non, parce que ça sous-entendrait qu’elle considère alors tous les garçons comme des gros beaufs qui aiment le tuning et péter devant PES. Ou qu’elle est lesbienne.
BIEN, maintenant, voyons comment reconnaître une F.Q.N.A.P.L.F (en fait ce n’est pas si dur à écrire). Si vous cochez plus de trois affirmations, c’est que la fille que vous soupçonnez de misogynie est bien une F.Q.N.A.P.L.F, ou si vous le faites pour vous-même, c’est que vous êtes bien une F.Q.N.A.P.L.F (celui-là je viens de le taper les yeux fermés)
- Mépris et/ou disputes fréquentes envers des filles sans réelle raison
- Disparition des soirées testostérones dès qu’une autre fille fait son apparition
- Roulage de pelles et/ou relation sexuelle avec chacun ou presque de ses amis
- Sentiment de décalage par rapport aux autres personnes de sexe féminin
- Rappel fréquent de la blague « tire mon doigt »
- Allusions réitérées au sexe
- Description du moi enfant comme étant « un garçon manqué avec des couettes »
En réalité, la fille qui n’aime pas les filles n’est pas réellement anti-filles, elle se sent simplement en danger face aux autres brebis alors qu’elle voudrait être choisie par le grand méchant loup. Il ne s’agit ni plus ni moins qu’un sentiment de compétition exacerbé. Un mélange subtil entre absence de confiance en soi et vanité. La F.Q.N.A.P.L.F ne peut s’empêcher de se placer en rivale face à ses pairs – d’où les conflits fréquents. A noter qu’elle a tout de même des amies, mais elles sont relativement rares.
Comment s’en débarrasser, me direz-vous ? Il est quasiment impossible d’entamer une discussion avec la F.Q.N.A.P.L.F étant donné qu’elle est souvent en mode agressif ou qu’elle se contente tout simplement de vous ignorer. Le mieux est d’interagir le moins possible avec elle si vous sentez qu’elle est sur la défensive avec vous : contentez-vous d’être copine avec des filles qui acceptent de jouer à Street Fighter 4 sans se sentir à part pour autant (je ne connais personne qui n’aime pas mettre des coups de boules à Ryu) et avec qui vous pourrez aussi parler de la crise de la Converse All Star©.
La prochaine fois je vous parlerai des gens qui disent irrémédiablement aux mecs qui font plus d’1m95 : « tu fais du basket ? ».
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Les Commentaires
J'ai longtemps été cette fameuse fille qui n'aime pas les filles, et qui ironiquement trainait avec d'autres filles qui n'aimaient pas les filles. Au lycée on se calquait sur tout le reste de notre bande de potes mecs, ultra geek, on se sentait un peu contre culture. En fait personnellement c'était surtout parce que je me cherchais une autre identité, une autre importance, parce que je me sentais pas fille. Je me sentais trop moche, trop peu coquette et séductrice. J'étais bourrée de clichés misogynes alors que j'admirais plein d'heroines feminines fortes, mais définies comme masculines. Mais on m'avait bien bourré dans la tête : fille = plaire aux mecs, être éthérée et sexy. Ca me servait aussi de protection contre les pestes qui me devalorisaient, pour me dire que je faisais pas partie de la même espèce, et d'un autre côté je m'aveuglais totalement sur les filles géniales qui m'entouraient en les voyant chacune comme des exceptions.
C'est d'ailleurs grâce à Madmoizelle que je me suis réveillée et que le féminisme m'a fait aimer les femmes (en tant que groupe, le reste ça s'est développé plus tôt. ). J'ai encore de vieilles traces dures à effacer, comme ma méfiance et ma jalousie pour les jolies filles, mais je suis bien contente d'être sortie de cette case toxique dans laquelle je m'étais enfermée. o/