Les copains c’est comme les pénis : on ne sait jamais comment les appeler, surtout en public. Hampe virile ? Queue ? Bite ? Matraque ? Prince charmant ? Chouchou ? Bébé ? Amour de ma vie ? Lumière de mes jours ? Aucun mot de marche, jamais. Démonstration à base de suicide social.
– Mon copain : assez générique mais passés 22 ans, ou trois ans de vie commune, ça commence à faire gamin. Du haut de mes 32 ans, je continue à l’utiliser, mais je pense qu’un jour on me lapidera à coups de talons aiguille pour ça. Parce que justement, mon copain est bien plus qu’un copain.
– Mon petit ami : plus jamais entendu depuis les années 90. Ridicule quand l’individu en question fait plus d’1m70, cette expression me donne personnellement l’impression de regarder Hélène et les garçons.
– Ma moitié : vazy, sors les violons, personne ne regarde. On en reparle après le divorce, quand tu seras 50% de toi-même et 50% d’antidépresseurs. Non mais ho.
– Mon petit lapin / ma boule de poil / ma chouquette en sucre / etc : à réserver à l’intimité la plus stricte (vous deux) sous peine d’exaspération de votre entourage. Si j’étais présidente, pour moins que ça vous finiriez aux travaux forcés.
– Mon homme : ça vous évoque une prostituée bulgare alcoolique parlant de son mac dans les années 30 ? Moi aussi.
– Mon fiancé : supermignon, mais ça veut dire qu’il faut être fiancée, et si on est fiancée, dans six mois on passe à « mon-mari », moins glamour tu meurs (même Carla Bruni ressemble à ma grand-tante quand elle prononce ces mots, alors bon).
– Mon mec : sexy seulement si on s’appelle Patricia Kaas. Et encore. Utiliser l’argot pour désigner la personne qui se réveille dans votre haleine moisie le matin, ça manque de romance.
– Mon amoureux : trop exhibitionniste. Il y a une différence entre montrer son copain et montrer ses sentiments. Les déclarations, c’est pour la maison. Et puis on fait quoi quand, au bout de trois ans, on n’est plus amoureuse ? On continue la mascarade ? On passe à “la personne qui partage mon lit, mon compte bancaire et mes migraines” ? Soyons sérieuses.
– Mon compagnon : c’est le mot que mes parents emploient et juste pour cette raison, je le disqualifie. Mais promis, dès ma ménopause je reconsidère la question.
– Mon partenaire : hé, tu signes un Pacs ou quoi ?
Bref. Appeler son mec, c’est la galère, on a le choix entre l’ultra-administratif et l’über-intime – une séparation sans surprises, qui correspond à ces temps pas si anciens où on se mariait par obligation (mon compagnon, mon mari, mon partenaire) et où on baisait à côté (mon copain, mon amant, mon roudoudou). Pour notre génération, pour nos relations, on manque de mots. Du coup, par défaut, on utilise ceux des parents, des grands-parents… et forcément, ça ne colle pas, on se sent toujours à côté de la plaque. C’est ce qui est embêtant avec les mots : ils sont toujours en retard sur la société.
Enfin, quoi qu’il en soit, j’ai trouvé la parade : vivre avec un étranger, et l’appeler dans une autre langue que la mienne. Boyfriend, Schatzeli, Darling, Goldkind… Des noms largement aussi ridicules qu’en français, mais exotiques et plus discrets. Enfin, dans mon esprit, en tout cas. On fait ce qu’on peut avec sa créativité : un couple, c’est certes de l’humiliation dans le vocabulaire, mais aussi du bricolage ! Allez, salut les poulettes, je vous aime, mes petites lapines en mousse.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
J'ai horreur de dire "mon mari" en fait... je pense que je fais une allergie sociale systématique à ce qu'on attend de moi.
Et j'ai une proposition de vocabulaire pour les couples "mon consort", ca fait plus classe que "mon pacsé" ou "mon compagnon"