Au moment où j’écris ces quelques lignes cela fait 10 jours que j’ai demandé à mon conjoint de faire ses sacs et de quitter l’appart qu’on partageait. J’ai été trompée, comme de très nombreuses personnes.
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J’ai 25 ans, bientôt 26. Je me considère assez chanceuse dans ma vie en général.
J’ai aussi cru avoir de la chance en amour. J’ai rencontré Jean (c’est comme ça que l’on va l’appeler) à l’école, on a vécu plus de 6 ans ensemble. On a eu nos hauts et nos bas, comme tous les couples, mais globalement elle était bien cette relation.
Je pense qu’on a vraiment cru que c’était pour la vie, tous les deux.
Une rupture qui a auguré du reste
Mais il y a un an, Jean m’a quittée du jour au lendemain sans trop me donner d’explications ni vouloir essayer quoique ce soit.
Il n’était plus heureux, n’avait plus les mêmes sentiments, avait des doutes quant à l’avenir, voyait X problèmes dans notre relation…
Évidemment j’ai demandé s’il avait rencontré quelqu’un et il m’a avoué avoir eu des sentiments pour une collègue – tout en m’assurant que c’était une conséquence de son mal-être dans notre couple et pas une cause de la rupture.
Ce qu’il a préféré me cacher, c’est qu’il était tombé raide dingue amoureux de cette collègue et qu’il m’avait – déjà – trompée.
Trois mois plus tard, il est revenu vers moi, m’a expliqué avoir fait l’erreur de sa vie en partant, affirmé qu’il m’aimait et m’avait toujours aimé, que nos problèmes étaient tout ce qu’il y avait de plus réglables.
Je lui ai demandé ce qu’il avait fait pendant ces trois mois de célibat, et il m’a seulement parlé de quelques dates sur Tinder, m’a expliqué n’avoir plus aucun contact avec sa fameuse collègue.
Preuve en est que c’était vraiment rien le « crush » qu’il a eu pour elle ?
Ce qu’il a préféré me cacher, c’est que malgré les rapports sexuels avec elle au travail qui ont continué, il a compris qu’elle ne quitterait pas son conjoint pour lui, ce qui lui a vraiment brisé le cœur.
Mais j’étais tombée dans le panneau, et j’étais de nouveau embarquée dans cette relation.
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Un manque d’honnêteté, encore et toujours
Les mois qui ont suivit ont été un enfer. Il allait bien, puis mal. J’étais la femme de sa vie puis il voulait que l’on se sépare. Il s’investissait puis faisait le mort.
J’ai vraiment cru qu’il faisait une dépression. On a vu une psy qui nous a dit que notre couple n’avait pas l’air d’être le problème mais que Jean avait besoin de consulter seul. Il a donc consulté seul une psychologue.
Il a cessé de la voir au bout de quelques mois, prétextant qu’ils tournaient en rond en session.
Ce qu’il a préféré me cacher ce coup-ci, c’est qu’il avait avoué à sa psy qu’il retournait vers sa collègue lorsqu’il n’allait pas bien et qu’elle faisait de même, qu’il commençait à comprendre qu’elle voulait juste quelqu’un qui lui court après ad vitam æternam, mais que lui ne pouvait pas s’empêcher d’être toujours amoureux d’elle.
Qu’il avait un gros problème d’estime de lui et commençait à flirter avec tout un tas d’autres filles en parallèle et, surtout, qu’il était empêtré dans le mensonge et ne savait plus comment s’en sortir avec moi.
Sa psy lui a alors conseillé de prendre une décision à mon égard : me quitter, ou arrêter de se comporter comme il le faisait ; qu’il me faisait du mal et s’en faisait à lui-même par la même occasion.
C’était la vraie raison pour laquelle il avait décidé de couper les ponts avec elle.
Impossible ultimatum
Au bout de six mois, je n’en pouvais plus. Je lui ai posé un ultimatum : soit je suis la femme de sa vie, il s’engage et on recommence à faire des projets, soit on se sépare et on refait nos vies respectivement.
Il a pris la première option, m’a dit vouloir voir un psychiatre pour régler ses problèmes de passages à vide, de j’y crois / j’y crois plus permanent.
Mais aussitôt après, même rengaine : il en a parlé à sa collègue qui lui a refait une scène, un chagrin d’amour.
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Face à moi, Jean a du coup rétropédalé de nouveau, il « ne sait plus si je suis bien celle avec qui il veut avancer dans la vie ».
Pourquoi ne pas avoir sonné la fin de la récré à ce moment-là, me direz-vous ?
Parce que je ne me voyais pas quitter un mec qui faisait une dépression. Tous mes espoirs reposaient sur les antidépresseurs qu’il commençait à prendre pour arrêter d’être dans cet état – et de me mettre dans le mien.
La découverte du pot aux roses
L’histoire a réellement pris un nouveau tournant un an après la première rupture. J’avais remarqué qu’il arrivait à Jean de se tourner de façon à ce que je ne vois pas son téléphone alors qu’il répondait à des messages.
Un jour, le téléphone est resté dans la chambre et je n’ai pas résisté : j’ai décidé de regarder.
J’ai remonté les archives, découvert une conversation WhatsApp avec une pure inconnue qu’il souhaitait revoir et qui ne lui répondait pas.
Folle, je lui ai demandé des comptes et assez vite j’ai compris qu’il allait falloir la jouer différemment si je voulais vraiment savoir ce qu’il se passait.
J’avoue avoir quelque peu joué de manipulation : disant vouloir absolument sauver notre couple, je lui ai conseillé de tout avouer, qu’il n’y avait aucune chance de reconstruire notre couple s’il continuait de mentir.
Il a commencé à avouer certaines choses. J’étais stoïque, mais plus on en parlait, plus les incohérences émergeaient, plus il avouait de nouvelles choses.
Régulièrement au fil de la conversation, il estimait avoir « tout dit » et terminait ses aveux par des choses négligeables ce qui rendait le « tout » crédible.
J’ai pensé que j’aurais aimé qu’une de ces jeunes femmes m’écrive deux lignes sur les réseaux sociaux il y a des mois.
J’aurais compris ce qu’il se passait et enfin pu agir. À défaut, j’ai commencé à agir à ce moment-là.
J’ai appelé le conjoint de la collègue que je n’avais pas osé appeler un an auparavant. Il était au courant mais n’avait pas la même version. Il m’a remerciée et on a commencé à parler toutes les heures pour confronter les versions.
J’ai aussi pris un verre avec la fameuse collègue.
On est parti d’une version où il l’avait draguée et elle ne lui avait pas explicitement demandé d’arrêter pour finir avec une version où ils avaient vraiment une relation extra-conjugale depuis 15 mois, dans laquelle il y avait eu des « je t’aime », des baisers et même des rapports sexuels.
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J’ai décidé de rompre
J’étais abasourdie. Sans le conjoint de cette collègue je n’aurais jamais cherché aussi loin des aveux. J’aurais cru que jamais Jean et sa collègue ne seraient allées aussi loin. J’aurais pardonné et refait confiance.
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Mais finalement, munie de ces nouveaux éléments, c’est moi qui ai fait « avouer » Jean. Sa collègue a elle aussi fini par révéler le tout à son conjoint.
On les a tous les deux quittés.
Du côté de Jean et de sa collègue, je pense que c’est compliqué : il semble qu’elle ne veuille pas d’un mec qui va si mal. Il lui en veut de m’avoir tout avoué et je pense qu’il ne veut pas d’une nana qui le mène en bateau.
Maintenant, s’ils arrêtent mutuellement d’essayer de nous récupérer pour se mettre ensemble, je leur souhaite bien du bonheur. Ils partent sur de bonnes bases !
Vous sentez les résidus de sel dans ma plume ?
Être trompée, rompre, c’est dur mais passager
Aujourd’hui, on ne va pas se mentir : il me manque. Celui qu’il était me manque.
Je me sens seule, sans ma moitié et rien ne peut pour l’heure combler ce vide. Je lutte encore tous les jours pour ne pas lui écrire.
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J’ai des inquiétudes soudaines sur l’avenir. J’ai peur d’avoir du mal à refaire ma vie et de façon très immature j’ai peur qu’il refasse la sienne en claquant des doigts, ce qui serait vraiment injuste.
Peut-être que je ne sais pas tout mais j’en sais assez.
J’ai accepté d’entendre que certains traits de ma personnalité ont contribué à son mal-être : autant capitaliser sur cette expérience pour que celle d’après se passe mieux.
Je pense pouvoir dire que l’on se quitte en bons termes, sans insultes ni larmes finalement.
Je sais qu’il faut que je tourne la page et que les explications, les excuses, ses larmes ne m’aideront pas.
Je sais aussi que les épisodes où il tente de me vendre qu’il sait enfin où il en est et qu’il souhaite se battre pour me récupérer me font plus de mal que de bien.
Est-ce que j’ai envie de pardonner ? D’y croire toujours et encore ? Oui, mais non. Il y a un moment où il faut savoir partir avec ses pertes et c’est le moment pour moi.
Alors oui, je lis tous ces articles sur ces couples pour lesquels la relation extra-conjugale a fini par être salvatrice…
Mais j’ai donné et j’ai la lucidité de voir qu’il ne me donnera jamais la pareille… donc tant pis pour lui.
Finalement, c’est lui qui perd une relation qui aurait pu être heureuse, une femme qui aurait décroché la lune pour lui, qui perd l’estime qu’il avait de lui.
Moi je perds un mirage.
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Mon ex m’a trompée, et tout ira bien
Curieusement, alors que j’ai eu le cœur brisé quand il m’a quittée il y a un an, ça va. L’ampleur de la trahison est immense, je pourrais être folle de rage ou triste à en mourir mais je m’en sors plutôt pas mal.
Aucun sentiment d’humiliation non plus. J’ai tout fait pour que cela marche : lui non. On ne peut pas être seule à vouloir qu’une relation fonctionne. Il y a un moment où il vaut mieux essayer de changer sa façon de penser que l’ordre du monde.
J’essaye de fantasmer cette vie de célibataire que je ne pensais plus jamais avoir et d’arrêter de penser que je vais du coup finir ma vie seule avec des chats.
Je me prends en main. J’essaye de rester quelqu’un de bien malgré la situation.
Vous me direz que j’aurai peut-être un contrecoup dans quelques semaines ou que j’ai tellement rongé mon frein pendant un an que c’était presque un soulagement. Je ne sais pas.
J’oscille entre le soulagement d’avoir mis fin au cauchemar en lui demandant de partir, et le sentiment d’avoir le cœur brisé par moment.
Comment rebondir après avoir été trompée ?
J’ai passé cinq jours chez moi à appeler tous mes amis. Les miens le traitaient de connard. Les nôtres me disaient« what the fuck ».
Puis je suis sortie m’acheter une galette des rois pour mes amis et je me suis fait draguer par le gars qui gère la pâtisserie.
J’ai repris contact avec un mec qui avait voulu que l’on se rencontre quand Jean m’avait quitté. J’ai eu deux dates, coup sur coup. Pas les hommes de ma vie, mais bonnes soirées.
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Il y a ce mec que j’avais vu quand Jean m’a quittée la première fois et qui est revenu comme un boomerang, et il y a ce mec au boulot qui m’écrit tous les jours des trucs charmants – bien que je n’y sois pas vraiment sensible.
Le cœur n’y est pas, pas encore, mais je sais que le temps aide et j’essaye de faire le meilleur usage possible de ce temps.
Je suis tombée à vélo et je suis en train de remonter dessus. Je vois mes amis. Je prends soin de moi. Je change de job et de pays. J’ai trouvé une psy avec qui discuter.
Alors oui. Je vais apprendre à vivre seule dans le monde réel. Je vais espérer très fort rencontrer quelqu’un qui fera fondre mon cœur et qui m’aimera comme je l’aime.
Et si je ne le trouve pas et bien ce sera mieux d’être seule qu’avec quelqu’un qui me fait du mal, pour modifier un peu l’adage !
Apprendre à vivre au jour le jour
Et surtout, je vais prendre la vie au jour le jour.
Quitte à ce que je fasse contre mauvaise fortune bon cœur, je vais essayer de travailler sur mes problèmes d’anxiété.
Je n’ai plus rien à perdre me direz-vous, alors autant apprendre à vivre dans le présent.
En écrivant ces lignes, je réalise que je l’aime déjà un peu moins, qu’il n’est pas le si bon coup, le si mignon, si brillant, si bienveillant compagnon de vie que je pensais avoir.
Et que ça ira !
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