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Veillée pour Chloé, organisée par le Collectif Enfantiste // Source : Collectif Enfantiste
Société

Infanticide de Chloé : « Les enfants sont des victimes directes dans les violences conjugales »

Chloé, 5 ans, a été tuée par son père, dans la nuit de jeudi à vendredi 12 mai 2023. Selon le Collectif Enfantiste, cet infanticide révèle le lien trop souvent ignoré entre violences conjugales et violence faites aux enfants. Trois questions à Claire, fondatrice du collectif.

Dans la nuit de jeudi 11 à vendredi 12 mai, Chloé, 5 ans, a été assassinée par son père, dans un contexte préexistant de violences conjugales, qui avait abouti, le jour même, à une ordonnance d’éloignement prononcée contre lui. Le Collectif Enfantiste, qui lutte contre les violences faites aux enfants, a dénoncé dans une série de tweets, le silence qui entoure l’affaire : « Les enfants sont des victimes directes, objet de torture dans les violences conjugales [et] les grands oubliés de la lutte contre les violences intrafamiliales ». Rencontre avec Claire, fondatrice du collectif.

Interview de Claire, Fondatrice du Collectif Enfantiste

Madmoizelle. Pourquoi est-il important de replacer le meurtre de Chloé dans un contexte de violences conjugales ?

Claire. Selon les derniers chiffres du Haut Conseil à l’Égalité, 400 000 enfants subissent des violences conjugales directes. Pourtant, dans nos tribunaux, la notion d’enfant victime de violences conjugales est mal comprise. On marque une distinction nette entre violences conjugales et violences faites aux enfants. Et de fait, on pense aujourd’hui encore qu’un parent auteur de violences conjugales peut être un bon parent, comme si les deux n’étaient pas reliés.

L’infanticide de Chloé est l’illustration même de ce que l’on appelle des violences vicariantes. Ce concept peu connu correspond à une forme de violences conjugales pourtant très répandue dans les foyers avec enfants, où ces derniers sont utilisés comme objet de chantage, de torture, de pression pour détruire le parent victime. Dans certaines séparations, la violence s’exerce à travers les enfants. En 2021, 14 enfants sont décédés dans ce contexte de violences conjugales.

Que révèle l’infanticide de Chloé du système judiciaire ?

Nous n’avons pas encore tous les éléments, mais, de ce que l’on sait, il y aurait eu plusieurs plaintes déposées contre le père. Dès lors, il est incompréhensible que la mère de Chloé et sa fille n’aient pas été mieux protégées. Comment expliquer que sa mère soit venue la chercher seule chez le père, malgré l’ordonnance d’éloignement et l’autorité parentale exclusive qui venait de lui être confiée ? Cela révèle une fois de plus le vide juridique entourant la manière dont on lie les violences conjugales et les violences faites aux enfants.

Dans ce type d’affaires, les enquêtes sont souvent longues, les juridictions ne communiquent pas entre elles… On le voit aussi dans les cas de féminicides : même s’il existe un protocole féminicide pour les orphelins, les enfants sont souvent laissés à l’abandon, sans suivi psychotraumatologique. Il arrive même que l’autorité parentale soit laissée à l’agresseur, car on s’évertue à maintenir une distinction entre violences conjugales et violences sur les enfants…

Et puis, dans les violences vicariantes, on observe aussi une manipulation de la justice pour continuer de détruire le parent victime, à travers des arguments comme celui du syndrome d’aliénation parentale… Il y a une véritable inversion de la culpabilité sur la mère alors que les pères ont parfois même été condamnés. On ne comprend pas qu’en condamnant la mère, on ne protège pas les enfants. Protéger les enfants, c’est protéger la mère. Tout est lié.

Vous déplorez un silence médiatique autour de l’affaire…

En effet. L’infanticide de Chloé met en avant les failles de notre société sur la compréhension des violences conjugales et sur la protection des victimes et de leurs enfants. Le silence qui entoure l’affaire est glaçant : est-ce parce qu’il s’agit de violences intrafamiliales, plus banalisées ? Pour les enfants, on dit que le danger vient de l’extérieur, qu’il ne faut pas parler aux inconnus, on n’imagine pas qu’il puisse se loger au sein du foyer… Il faut que nous prenions nos responsabilités : chaque enfant assassiné est un échec de la société. Il y a une véritable invisibilisation des infanticides.

Violences conjugales : les ressources

Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :


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