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Société

Inégalités salariales : on vous explique la théorie de Claudia Goldin, lauréate du Nobel d’économie

Lundi 9 octobre, le prix Nobel d’économie a sacré l’Américaine Claudia Goldin, spécialiste de la place des femmes dans le marché du travail. Selon elle, les inégalités salariales seraient en partie dues au fait que les femmes devraient privilégier leur vie familiale. On vous explique sa théorie.

Si les femmes gagnent moins que les hommes, serait-ce de leur faute ? C’est en tout cas la thèse défendue par Claudia Goldin, récompensée ce lundi 9 octobre du prix Nobel d’économie pour ses travaux sur les inégalités salariales.

À lire aussi : Qui est Claudia Goldin, lauréate du Nobel d’économie ?

Dans ses travaux débutés dans les années 1970, la professeure à l’université d’Harvard met en évidence une dynamique de convergence progressive entre les genres sur le marché du travail : si les femmes gagnent moins que les hommes, à compétences et CV similaires, c’est parce qu’elles ne s’investiraient pas assez dans leur carrière, qu’elles privilégieraient leur vie familiale, et qu’elles ne pourraient pas assumer à la fois le poids de leur carrière et le travail domestique.

Selon Claudia Goldin, la maternité favorise les inégalités salariales

La théorie pourrait paraître brute au premier abord, mais pas si vite. Pour comprendre la mécanique des inégalités salariales, la démarche de Claudia Goldin repose sur une vision d’économiste très orthodoxe. Elle estime que les différences de salaires peuvent s’expliquer par des inégalités d’accès à l’éducation, ce qui affecterait la productivité des femmes liée à ce qu’elle appelle des « choix personnels » concernant en grande partie des « attentes » diverses, notamment liées à la maternité.

Car à partir des années 1970-1980, les femmes ont bénéficié de progrès sociaux, comme l’accès à la pilule contraceptive. Claudia Goldin est ainsi l’une des premières à travailler sur l’impact que cette contraception peut avoir sur les écarts de salaire et l’accès à l’emploi des femmes.

Ainsi, à compétences égales, si différence de salaire il y a entre les hommes et les femmes, cela s’expliquerait par un investissement moindre de la part de ces dernières, qu’il soit subi ou voulu. Dans la mesure où elles privilégieraient leur rôle de mère dans une société qui pousse à la maternité, elles offriraient moins de temps à leur employeur et à leur travail, et, par conséquent, obtiendraient donc une plus faible rémunération que leurs homologues masculins.

À lire aussi : L’association Parents & Féministes appelle à des congés parentaux égalitaires dans une tribune

Et ceci, Claudia Goldin le démontre par un exemple, mis en lumière dans ses recherches : si les femmes ayant eu accès au études supérieures sont mieux rémunérées que celles d’une autre époque, les plus qualifiées d’entre elles sont néanmoins moins bien rémunérées que les hommes si elles ont des enfants, puisqu’elles feraient alors généralement le choix d’un investissement plus conséquent auprès de leur famille que dans leur carrière.

Autre exemple : dans ses travaux plus récents, où elle a analysé les statistiques d’élèves diplômés de facultés de droit ou d’écoles de commerce, Claudia Goldin a montré que « les écarts de salaire entre hommes et femmes dans les emplois juridiques, commerciaux et financiers, faibles en début de carrière, s’accroissent de façon vertigineuse parce que ces firmes valorisent les horaires longs et flexibles, ce qui favorise les hommes », a rapporté à nos confrères du Monde le spécialiste des inégalités de genre au travail Thomas Breda.

Pour y remédier, Claudia Goldin préconise des politiques publiques en faveur de l’égalité parentale

En plus de la théorie, le nouveau prix Nobel d’économie apporte des solutions. Pour elle, rien n’est faisable sans l’action des pouvoirs publics en faveur de l’égalités parentale, comme du congé de paternité de longue durée. Sans quoi, les inégalités se maintiendront. Une fois ces politiques publiques mises en place, l’écart de salaire serait directement imputable aux employeurs, et seulement à eux.


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Les Commentaires

17
Avatar de Bloem
12 octobre 2023 à 02h10
Bloem
Tu dis "le jour où j'aurai des enfants je ne vois pas pourquoi je passerais mon temps plein au taf, autant ne pas faire d'enfants dans ces cas-là ". Sympa pour les mères qui ont repris un travail à temps plein (parfois dès le congé maternité terminé, mazette !)...
Ce que je trouve étonnant c'est que tu répondes "sympa pour les mères" et pas "sympa pour les parents".
Genre un mec qui lit ça il aurait d'avance zéro culpabilité, il sait déjà que les gosses c'est pas son taf... (ironie)
Inconsciemment tu valides le fait qu'on compare une mère à une autre mère, un père à un autre père, au lieu de, par exemple, comparer un parent à un autre parent voire une cellule parentale à une autre (chose que perso je trouve bien plus pertinent).
J'en ai un peu marre de cette idée de modèle féminin. Par là, j'entends cette idée de mettre les femmes dans le même panier et qu'il y aurait un truc qui leur conviendrait à toute. Que ce modèle soit celui de la "working girl" ou de la femme au foyer, pour moi le vrai problème vient de cette idée de modèle.
Alors qu'à la base on est des être-humains menant des vies et ayant des aspirations très différentes. Vouloir imposer un modèle c'est justement être sure que tout le monde se dispute pour défendre ses envies perso.
Alors quand, en plus, le modèle est genré, merci mais non merci.
Ne pas dépendre d'un homme financièrement, et refuser de travailler gratuitement pour lui, je trouve qu'il n'y a pas plus féministe.
Est-ce qu'on doit renoncer à ses aspirations pour être féministe?
Par exemple, serait-il plus féministe d'être informaticienne car les femmes y sont peu représentées, plutôt que de suivre ses désirs et d'être infirmière (métier très majoritairement féminin) ?
Si tu suis cette logique alors on passerait notre vie à vouloir être de bonnes féministes plutôt qu'à essayer d'atteindre ses objectifs personnels.
Et si le féminisme ne permet pas aux femmes de mener la vie qu'elle souhaitent à quoi ça sert? Est-ce que encore du féminisme, ou une dérive un peu totalitaire?
En théorie je suis d'accord avec toi qu'il n'est pas dans l’intérêt d'une femme de dépendre de quelqu'un d'autre financièrement. Je dirais même qu'il n'est dans l’intérêt d'aucun être humain de dépendre d'un autre.
Mais en pratique, c'est bien plus compliqué. Il y a différents facteurs qui rentre en jeu: la société, les possibilités et les envies de chacun.
Avoir des envies égalitaristes ou chacun individu doit faire exactement la même chose que les autres, ça serait au contraire créer une vie terne et frustrante.
Si le 50/100 en tout est quelque chose que tu souhaites dans ton couple c'est cool mais ça conviendra pas à tout le monde.
Dans un autre couple ça arrangera tout le monde qu'une personne fasse tous les repas et l'autre toutes les lessives. Dans un autre, une personne sera plus présente auprès des enfants que l'autre.
Les couples (trouples ou familles mono...) aussi sont différents. Certains couples chercheront à gagner le plus possible d'argent, d'autres seront dans une démarche de décroissance. Pourtant, c'est pas très sécuritaire la décroissance. Si demain il faut de l'argent pour un truc important (frais véto, études, travaux indispensables) et qu'il n'y en a pas, qu'est-ce qui se passe?
Et, dans la même logique, si une jeune femme souhaite parcourir le monde en auto-stop pendant 1 an, doit-on l'empêcher sous prétexte qu'il est plus sûr pour elle qu'elle continue ses études et qu'elle reste en France?
Enfin, je trouve ça hypocrite, qu'à chaque fois qu'une femme dit souhaiter faire passer son envie de materner avant le travail, on lui reproche que c'est pas féministe.
C'est facile à dire lorsqu'on en a pas l'envie à la base.
Pour finir, je trouve plus judicieux qu'une femme fasse ses propres choix plutôt qu'elle suive bêtement le modèle masculin. Modèle qui n'est pas gage de bonheur non plus.
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