Il y a des choses qui sont difficiles à prouver tant qu’on ne met pas la personne devant les faits. Le sexisme est souvent insidieux, sournois, compliqué à remarquer. Alors que faire ? La réponse est simple : échanger les rôles.
C’est ce qu’ont fait involontairement Martin et Nicole, deux rédacteurs. Martin a raconté l’expérience sur son Twitter, fil qui a été repris et traduit en intégralité par Twog.
Quand un échange de mails nous en apprend beaucoup
Martin et Nicole sont collègues dans une start-up qui réécrit les CV et lettres de motivation de ses client•es. Ils doivent donc traiter directement avec eux/elles, la plupart du temps par mails.
Tout commence lorsque le patron des deux collègues accuse Nicole d’être plus lente et moins efficace que Martin.
https://twitter.com/SchneidRemarks/status/839910969123958784
Nicole et moi avons travaillé pour une petite entreprise, et notre patron se plaignait régulièrement qu’elle prenait trop de temps pour travailler avec les client•es.
Martin met ça sur le compte de son ancienneté : il travaille depuis plus longtemps que Nicole et est de fait plus rapide.
Un jour, alors qu’il dialogue par mail avec un client, il réalise que celui-ci lui parle extrêmement mal : il est méprisant, dédaigneux. Martin part alors du principe que c’est juste un sale type.
Puis il réalise qu’à cause de sa boîte mail partagée avec sa collègue, tous ses mails sont signés Nicole. Par curiosité, il décide de signer à nouveau de son propre nom et de lui dire « Hey, c’est Martin, je prends le relai sur ce projet ».
https://twitter.com/SchneidRemarks/status/839913863596343297
AMÉLIORATION IMMÉDIATE. Bons échanges, il était satisfait de mes suggestions et répondait rapidement, disant « excellentes questions ! ». Il est devenu un client modèle.
Par curiosité, les deux collaborateurs•trices décident d’échanger leurs rôles pendant une semaine. Pour Nicole, c’est une période très productive. Martin au contraire, galère sévèrement.
https://twitter.com/SchneidRemarks/status/839915562457260032
Nicole a eu la semaine la plus productive de sa carrière. J’ai réalisé la raison pour laquelle elle était moins productive : elle devait sans cesse prouver aux client•es qu’elle méritait leur respect.
Voilà donc le fin mot de l’histoire : si Nicole était jugée moins productive par son chef, c’est parce qu’elle devait négocier avec le mépris et le manque de confiance de ses client•es.
Une discrimination aussi pénible en interne qu’en externe
Cette histoire a eu son écho sur Twitter, où elle a été likée plus de mille fois et partagée environ 400 fois. Suite à ça, Nicole a décidé de publier un article sur sa vision du sexisme au travail.
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On y apprend entre autres que, plus que les client•es, c’est le comportement de son chef qui était difficilement supportable. Quand il lui parle de Martin avant qu’elle le rencontre, celui-ci explique :
« Oh, c’est un bon rédacteur, mais il a tendance à devenir trop émotionnel à propos de certaines choses, et ça influe sur sa façon d’écrire. Ça lui donne un peu un côté fille. »
Un affirmation qu’il lâche sans même considérer que Nicole, en tant que femme, peut mal le prendre. Et ensuite, c’est festival.
Le chef explique qu’il a aimé son profil et qu’il a décidé de l’engager malgré le fait qu’il ne voulait pas embaucher de femme. Quand elle lui demande pourquoi, il répond :
« Oh, tu sais. On s’est toujours bien amusés ici, et je ne voulais pas changer l’atmosphère. »
Ah, le coup de l’ambiance « entre mecs »… Une excuse bien souvent utilisée pour expliquer l’absence de femmes dans telle entreprise, telle association ou telle équipe.
Moi-même j’ai eu droit aux « messieurs, réunion ! » lors de mon stage dans une boîte composée exclusivement d’hommes. De grands moments.
Le sexisme au travail, un fléau tristement banal
Le fait est que les compétences de Nicole ont invariablement été ramenées au fait que c’est une femme. Qu’elle fasse bien son travail ou pas, ses clients étaient méprisants avec elle et l’empêchaient d’avancer efficacement.
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En France, un Tumblr intitulé Paye ton taf regroupe des témoignages de sexisme au travail. Plusieurs corps de métier ont même eu droit à leur propre site, comme dans l’animation ou le jeu vidéo.
Inverser les rôles pour mieux comprendre le problème, ça pourrait être un moyen d’éveiller les consciences. Et qui sait, peut-être de diminuer ce type de comportement ?
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Les Commentaires
Je suis navrée, je ne suis pas certaine que mes posts face avancer quoi que ce soit.
Mais merci d'avoir lu ma "geingnerie".