Oubliez Leonardo DiCaprio se trémoussant sur un yacht en tapant beaucoup trop de drogues avec des billets de 100 (Le Loup de Wall Street) : le milieu de la finance reste, dans la vraie vie, opaque et peu sexy, voire totalement destructeur.
Pourtant, en regardant les premières images de la nouvelles série produite par Lena Dunham, Industry, l’envie de découvrir ce monde de sonneries stridentes et de chiffres qui se mélangent commence à poindre.
Si la série est écrite par deux hommes, Mickey Down et Konrad Kay, ces derniers disent s’être inspirés de celle qui a donné une voix à sa génération via la série Girls.
En plus de la production, Lena Dunham s’occupe aussi de la réalisation, accompagnée de Tinge Krishnan, et toutes deux formeront l’un des premiers duos à montrer la finance, un monde très majoritairement masculin, du point de vue de femmes.
Industry : des stagiaires affrontent la machine à broyer
https://www.youtube.com/watch?v=PbM84z4XYgc
Harper, Yasmin, Gus, Hari et Robert sont de brillants jeunes diplômés qui arrivent sur le marché de l’emploi et intègrent Pierpoint & Co à Londres, à l’ère de la banque d’investissement post-krach boursier de 2008. Ils doivent faire leurs preuves pour espérer faire partie des happy few qui auront droit à un CDI à la fin de leur stage.
Ils découvrent alors une culture d’entreprise faite d’excès, d’égos surdimensionnés et de pression permanente, qu’ils devront adopter pour s’intégrer sous peine de craquage imminent.
Le scénariste Konrad Kay a avoué baser son travail sur les personnages et le récit plutôt que sur une représentation fidèle en tous points du milieu financier. Cependant, la série fait tout de même écho au récit de la mort d’un jeune stagiaire de 21 ans dans une banque londonienne en 2013, survenue après qu’il a travaillé pendant 72 heures d’affilée.
Lena Dunham, connue pour son implication dans la communication autour de la santé mentale (déjà dans Girls
, mais aussi sur son compte Instagram), risque d’aborder cet angle important puisque sa série s’ancre dans un milieu violent, qui peut faire et défaire des vies au fil du cours de la Bourse.
Et connaissant la propension de Lena Dunham à créer des personnages aussi irritants qu’attachants, attendez-vous à vouloir leur arracher la tête comme à leur dédier des chansons d’amour, à ces stagiaires !
Industry offre de la diversité au milieu de la finance
Si Girls s’est illustrée comme une série précurseuse pour raconter la vraie vie des jeunes femmes, leurs relations et leurs questionnements, elle a aussi reçu des reproches : un casting trop blanc et des histoires d’amour toujours hétérosexuelles.
Dans Industry, le haut de l’affiche est donné à Myha’la Herrold (Modern Love), Marisa Abela, David Jonsson Fray, Harry Lawtey et Nabhaan Rizwan, de jeunes acteurs en début de carrière qui forment un casting aussi mixte que diversifié. Les personnages s’extirpent du carcan hétéro blanc en vivant des histoires d’amour homosexuelles et métissées.
Lena Dunham a su rectifier le tir depuis Girls, et offre une série qui crée de nouvelles représentations et de nouveaux modèles, en s’éloignant enfin des mecs blancs de 40 ans qui monopolisent depuis des décennies les rôles de riches et puissants jongleurs de chiffres dans les films de Scorsese et compagnie. Ici, les personnages les plus puissants sont des femmes, et encore mieux : elles ne se tirent pas dans les pattes.
Avis aux jeunes filles qui veulent régner sur notre empire capitaliste et brasser de la grosse thunasse ! Ou bien l’infiltrer pour le détruire de l’intérieur…
Le premier épisode (haletant) d’Industry est actuellement disponible sur OCS, et les huit épisodes sortiront tour à tour chaque semaine, jusqu’au 22 décembre.
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