En partenariat avec Diaphana Distribution (notre Manifeste)
En octobre, j’ai découvert le très joli Monsieur, de Rohena Gera.
Monsieur, un film inspirant
Un film aussi tendre qu’abrupt, qui propose une incursion dans la vie de Ratna, jeune domestique issue d’un milieu défavorisé qui est employée au service d’Ashwin, un riche prorpiétaire terrien.
Elle est déterminée, créative et altruiste. Lui est résigné, accablé et ne croit plus en ses rêves. Leurs deux mondes vont-ils s’opposer ou fusionner ?
Réponse le 26 décembre en salles !
Si le voyage initiatique de Ratna m’a inspirée, sa carte postale de l’Inde m’a carrément foutu les frissons, notamment parce qu’elle m’a rappelé de beaux souvenirs. Certains des meilleurs de ma vie d’ailleurs.
Laisse-moi te raconter !
L’Inde, un voyage qui se murît
C’est le pays qui divise les passionnés de voyage. Certains l’adorent, d’autres le haïssent. Et pour cause, l’Inde est un pays dur, qui n’épargne ni ses populations ni ses touristes.
Depuis l’adolescence, je nourrissais le désir de me confronter à sa découverte.
Mon père y avait vécu pour faire ses études et m’avait mise en garde : ce pays est grand, dangereux et violent, surtout pour une femme seule.
Il n’était pas sûr que je puisse supporter ce que j’y verrais.
Ma mère, de son côté, connaissait bien l’Inde pour y avoir séjourné à plusieurs reprises. Elle me suggérait de faire comme bon me semblait, au risque d’en sortir changée.
Décidément, je trouvais qu’on en faisait toute une maladie, de ce pays.
Alors quand j’ai finalement pris la décision de l’explorer, ça n’a pas été sans m’interroger au préalable.
- Étais-je vraiment prête à voir toute cette misère, sur laquelle il est impossible de fermer les yeux ?
- Avec qui partir, puisqu’y aller seule est proscrit ?
- Combien de semaines sont nécessaires à un voyage abouti ?
L’Inde, un voyagé qui se prépare… ou pas !
Finalement, j’ai pris un billet sur un coup de tête, et suis partie un peu à l’arrache, armée d’un simple Lonely Planet et d’un ami téméraire, qui sillonne le monde depuis qu’il est petit.
Dans l’avion au départ de Paris, l’impatience nous sautait à la gorge, mais la crainte se faisait étonnamment discrète. Finalement, Tom et moi étions sereins, presque autant que si nous allions passer le week-end à Londres.
Pendant 10 heures de vol, nous avons spéculé sur ce que serait notre vie là-bas. Cinq semaines, c’est un bon morceau de temps, qui serait sûrement suffisant pour découvrir le sud du Sous-Continent.
Décidément pas stressés, nous n’envisagions même pas d’établir un itinéraire et décidions de laisser sa chance au hasard.
Les cinq premiers jours de voyage étaient bookés, après ce serait l’aventure.
Les 48 première heures seraient consacrées à la découverte de Mumbai, et les 72 suivants à Goa, sur la côte ouest du pays.
Là-bas, la rumeur dit qu’on est si bien qu’on ne veut plus jamais partir… Les soirées folles sous la pleine lune font l’objet d’articles, de romans, de reportages.
Goa, c’était censé être la bulle sucrée que personne ne voudrait crever. Là-bas, nous serions bien, c’était une évidence.
Quand l’avion s’est posé enfin sur le bitume, il était certain que nous ne pouvions plus reculer. Nous étions enfin là, dans ce pays qui crée la discorde parmi les backpackers et autres globe-trotters chevronnés.
Au sortir de l’avion, la chaleur nous agrippa et l’odeur de fuel coula dans ma gorge jusqu’à napper mes poumons.
Il était temps d’y aller !
L’Inde, un pays où nous nous sentions bien
Étonnamment, Mumbai était le morceau calme de notre voyage. La transition d’une grande ville à une autre est forcément moins brutale que celle d’une grande ville à un village perdu dans les montagnes !
Dès le petit matin et jusqu’au soir, nous explorâmes la ville et constatâmes en effet qu’un fossé terrible séparait les riches des pauvres.
Mais l’Inde ne nous effrayait pas. Nous passions d’une rue commerçante à un quartier désert et dangereux sans le moindre effroi, comme si nous étions en terrain connu.
Si loin de ma maison, je me sentais chez moi. Un soir, j’ai appelé mon père pour lui raconter mon périple.
« Je me sens bien ici. C’est bizarre, non ? »
Je me rappelle son rire étranglé, qui trahissait un soulagement mêlé à de la nostalgie.
« Tu sais, l’Inde est le pays de tes grands-parents. Une partie de ta famille vient de ce là-bas. C’est peut-être normal que tu le ressentes. C’est un peu chez toi, quelque part. »
Après Mumbai, nous sommes partis à Goa, qui s’est avéré être LA déception de notre voyage. Très touristique, peu culturelle, elle ne représentait pas ce que nous étions venus chercher.
Mais ça n’était pas grave, nous avions rencontré un couple de notre âge (Karine et Dave) en attendant le train, et avions noué des liens quasi-instantanés avec eux.
Le voyage, nous l’avons fait entièrement ensemble, à de rares destinations prêts.
L’Inde, des paysages multiples
Après Goa vint Mysore, puis le Kerala, contrée sublime où la végétation est dense et l’air humide. Puis Pondichéry, où beaucoup d’expatriés se sont installés pour couler des jours paisibles près de la mer.
Là encore, nous étions entourés de Karine et Dave.
Eux étaient végétaliens, et nous initiaient à leur art de vivre. Plutôt pratique en Inde où beaucoup de gens ne consomment pas de viande !
Pour être honnête, chaque étape nous fatiguait un peu plus que la précédente, nous abîmait davantage. Car si l’Inde est sublime, elle d’une rare âpreté. La violence, nous la voyions partout.
Dans le sachet plein de colle que les enfants reniflent avant de faire la manche ou/et le trottoir, dans le regard de celles et ceux qui vivent dans les détritus, dans les gestes des hommes sur les femmes, dans les carcasses d’animaux morts sur le sol.
Partout.
Mais ce n’est pas ce que j’ai choisi de retenir de l’Inde.
Ce que je retiens de mon voyage en Inde
À la place, j’ai choisi d’y enfermer mes plus beaux souvenirs de voyage, peut-être même de ma vie.
Je retiens une nuit suspendue tout en haut d’un toit à Pondichéry, à tomber amoureuse d’un voyageur avec lequel je suis restée plusieurs années.
Je retiens une rencontre avec moi-même surtout, car l’Inde était mon premier voyage d’adulte.
J’entends par là qu’aucun parent n’était présent, et que Tom et moi étions complètement livrés à nous-mêmes, la plupart du temps sans Internet et sans téléphones.
C’est donc en Inde, dans les galères permanentes de transports, de communication, de compréhension de l’altérité, que j’ai dû gérer les crises toute seule, timidement aidée par Tom, qui ne s’inquiétait jamais de rien. C’était presque charmant d’ailleurs.
Là-bas, j’ai appris à connaitre mes envies, mes capacités, et surtout mes limites.
Là-bas, j’ai compris que voyager serait le moteur de ma vie, ma plus grande ambition.
Là-bas, j’ai choisi d’être plus consciente de mes privilèges, plus au fait (VRAIMENT) des inégalités sociales.
Là-bas, j’ai vu le plus beau des crépuscules, quand le soleil rose s’écroulait dans la mer.
Là-bas, j’ai appris à cuisiner les légumes et à oublier la brûlure des épices.
Là-bas, je me suis sentie vivre pour de vrai.
Et un jour j’irai sûrement m’installer là-bas.
Après cinq semaines à me nouer d’amitié avec les locaux et les voyageurs, il a fallu repartir. Tom est resté encore une semaine pour faire une retraite de yoga.
J’étais donc seule pour rentrer. Dans l’avion, j’ai entamé de lire tout le carnet de bord que j’avais tenu pendant le voyage.
J’y ai lu mes rencontres, mes moments de panique, mes fatigues, mes brûlures d’estomac, mes amours et… mon évolution.
Au fil des pages, je comprenais que j’avais vécu un truc fort, qui resterait gravé dans ce notebook mais aussi dans ma mémoire et ma chair.
À ce voyage et à tous les autres, qui ont forgé celle que je suis fière d’être devenue, je dédie une vraie grosse pensée.
Tu souhaites partir en Inde ?
Si toi aussi tu souhaites partir en Inde, chère lectrice, sache qu’il vaut mieux à l’inverse de mon cas préparer minutieusement ton voyage. Pose-toi les bonnes questions car l’Inde est une partie TRÈS dépaysante de l’Asie.
Il est facile de ne pas s’y sentir à sa place, de prendre une grosse fessée, et pas comme je les aime.
Sois bien certaine que ton estomac est suffisamment accroché et demande-toi ce que tu veux retirer de cette expérience.
J’entends souvent dire que les voyageurs qui partent en Inde sont des voyeuristes qui ne désirent que se délecter de la misère du monde…
Je ne crois pas. En tout cas, ça n’était pas mon cas, ni le tien non plus, j’en suis certaine.
D’après moi, il n’est pas nécessaire d’intellectualiser une envie d’ailleurs.
Le voyage, c’est souvent un appel puissant auquel on répond. Un désir d’aller voir ce qui se cache au-delà des murs de nos écoles et de nos frontières. Au-delà de nos continents même.
C’est de la curiosité, de l’amour, de l’aventure, de la rencontre, de l’humanité.
Alors renseigne-toi bien, prépare-toi, et ose l’aventure !
Pour terminer, je précise que je n’ai fait que te livrer mon ressenti global sur mon voyage, mais si tu souhaites en savoir davantage sur les détails à connaître pour partir en Inde, je pourrais t’écrire un guide avec mes conseils, mes adresses, mes mises en garde, tout ce qui concerne l’administratif et les impératifs sanitaires.
Ça te dit ?
Et n’oublie pas d’aller découvrir Monsieur, le 26 décembre au cinéma !
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