Né sous X, retrouvé grâce à X. Cette histoire incroyable, c’est celle de Florian Deygas, vice-président chargé de la commission Santé du Conseil national consultatif des personnes handicapées. Sur X, le nouveau nom de Twitter, il dévoile sa bataille et sa quête pour retrouver sa mère biologique dans une série de tweets, tous très émouvants.
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Quand les réseaux sociaux font des miracles
Comme il l’explique dans ses threads, Florian est né sous x, il y a 34 ans. Tout ce qu’il sait de sa mère biologique, c’est qu’elle était, à l’époque, une jeune femme de 19 ans, prénommée Leila, ayant accouché le 27 avril 1989 à la maternité Antoine Pinay de Saint-Étienne, et lui ayant donné le nom d’Éric Hadrien.
Sa quête lui aura pris des années. Après avoir saisi le CNAOP — le Conseil national pour l’accès aux origines personnelles — il fait chou blanc. Il n’en saura pas plus sur son histoire, sur ses origines, le dossier est malheureusement clos et ne peut plus avancer. Florian se résigne, mais il a l’idée de faire un appel à témoignage sur Twitter — nouvellement X — en publiant une photo de lui bébé, photo retrouvée dans son dossier, ainsi que la signature, juvénile, de sa mère biologique en bas du document officiel d’abandon.
Et là, tout s’enchaine : son tweet fait 3,7 millions de vues, il est retweeté et liké en masse, Florian reçoit des centaines de messages privés, et l’un d’eux ouvre une brèche : une femme lui avoue reconnaître la signature de sa sœur. S’ensuivent alors des échanges, des comparaisons de données : l’âge, le poids, la taille de la jeune femme, tout correspond.
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Dans les colonnes du Parisien, Florian explique ses échanges avec sa famille biologique retrouvée :
Ils m’ont expliqué que ma mère avait 19 ans, et qu’elle était au sein d’une famille très traditionnelle. Ils m’ont également précisé que ma mère avait cherché à avorter au Royaume-Uni. Son âge, sa taille, son poids, le fait que j’étais né par césarienne… Je ne leur ai rien dit et tout correspondait à ce qui était écrit dans mon dossier d’adoption.
Suite à ses échanges, Florian a tout : les réponses à ses questions et les coordonnées de celle qui lui a donné naissance. Tous les deux s’appellent de nombreuses fois « On ne se connaissait pas et pourtant tout était fluide » confie-t-il à RTL.
Peu de temps après, des tests ADN sont effectués : il n’y a plus de doutes, Leila est bien la mère biologique de Florian.
Pour l’instant, Leila et Florian ne se sont pas encore rencontrés, ils se laissent un peu de temps :
Je la rencontrerai quand elle sera prête. On a hâte de se prendre dans les bras, mais on veille sur elle avec ses proches. On sent qu’elle n’est pas encore prête.
Le Parisien
Quant à Leila, elle a appris également via l’émission 28 minutes sur Arte que son enfant la recherchait :
Elle a tout de suite su que c’était moi. Dès qu’elle a vu ma photo, mes yeux… Elle a aussi reconnu sa signature sur les documents d’adoption. Elle ne m’en veut pas d’avoir médiatisé ma recherche, elle a simplement eu peur au début.
Quant aux parents — adoptifs — de Florian, ils soutiennent leurs fils dans sa démarche, avec, semble-t-il, une grande bienveillance :
L’accouchement sous x en France
En France, accoucher sous x signifie qu’une femme enceinte peut faire le choix d’accoucher de façon anonyme. Sur le site du Service public, on y apprend que « pour accoucher sous X, la patiente doit informer l’équipe médicale de l’établissement de santé de son choix. L’enfant sera alors confié à l’aide sociale à l’enfance (Ase) pour une éventuelle adoption. Toutefois, la mère peut revenir sur son choix et récupérer son enfant dans un délai de 2 mois. (…) L’enfant pourra demander, à sa majorité, à connaître sa mère soit auprès du Conseil national pour l’accès aux origines personnelles (CNAOP), soit auprès du président du conseil général. »
Si, dans le cas de cette histoire, la mère biologique de Florian a accepté de donner suite à ses demandes et cherche également à le rencontrer, ce n’est en rien une obligation.
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Comme le dit très justement Florian dans un de ses tweets :
Il va falloir du temps à Leila, qui n’a plus 19 ans, qui a dû essayer de se construire une vie stable malgré l’énorme poids de la culpabilité qui pèse encore sur ses épaules, 34 ans après. Je ne peux pas me mettre à sa place. Personne ne peut le faire. Il faut être solide pour avancer malgré tout ce qu’elle a dû encaisser. C’est un traumatisme qui sera long à guérir, s’il guérit un jour. Elle n’avait malheureusement pas le choix que de m’abandonner pour m’offrir une vie sereine et stable. Je ne peux que l’en remercier, malgré tout.
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