Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti a annoncé dans une vidéo postée sur Facebook ce mardi 2 février, que 90 femmes avaient été tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints en 2020, un chiffre en baisse par rapport aux 146 féminicides de 2019.
À la lecture de ces chiffres, le garde des sceaux précise justement que « dans ces drames, c’est une petite lueur d’espoir. » Les associations qui soutiennent les victimes de violences conjugales se réjouissent aussi de cette amélioration, mais restent sur leurs gardes.
Quand il y a des moyens, il y a des résultats
L’année 2020 a été marquée par la pandémie et les confinements à répétition. Dans ce contexte, les associations et le gouvernement se sont mobilisés pour sensibiliser les citoyens et citoyennes au problème mais aussi pour mettre en place des dispositifs d’aide aux victimes.
Il y a alors eu une hausse des signalements pour violences conjugales, ce qui a sans doute permis de limiter le nombre de femmes tuées. En effet, d’après le rapport publié par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes, lors du premier confinement, le nombre d’appels reçus par le service d’écoute des victimes de violences conjugales (3919) a bondi d’environ 400%.
La Fondation des femmes précise dans un communiqué :
« Il y a eu un discours politique fort contre les violences intrafamiliales, les forces de l’ordre se déplaçaient systématiquement et les dossiers passaient en priorité dans les tribunaux. Les moyens ont augmenté sur l’hébergement grâce en partie à de nombreux soutiens financiers privés qui ont appuyé le travail de la Fondation des femmes. »
En substance, il semble que la priorisation du gouvernement et les campagnes de sensibilisation médiatiques ont porté leurs fruits.
Pour la Fondation des femmes
, cela prouve que « les féminicides conjugaux ne sont pas une fatalité ». Au contraire, lorsque les moyens sont mis en œuvre, on peut sauver des vies. Lutter contre les violences faites aux femmes n’est donc pas un vœu pieu mais une urgence.
90 féminicides de trop
Malgré cette baisse en 2020, les associations restent vigilantes car elle ne traduit pas une tendance. Pour cela, il faudrait que les chiffres continuent de baisser sur plusieurs années. « On verra si ça se confirme en 2021 et les années suivantes », a réagi Isabelle Decosterd, directrice de France Victimes 16.
Prudente, elle précise :
« Il faut confirmer cette baisse d’abord et faire perdurer les moyens mis en œuvre. En Charente, il y a eu une personne tuée par son conjoint, une situation non repérée par personne. C’était un passage à l’acte brutal ».
Une position partagée par le ministre de la Justice qui qualifie les résultats de « modestes » avant de rajouter :
« Bien sûr que chaque homicide, que chaque violence, est un échec avec les conséquences humaines dramatiques que l’on imagine, un échec pour notre société toute entière, c’est un échec pour le ministère de la Justice. »
Pour y remédier, la Fondation des femmes appelle le gouvernement à maintenir ses efforts en augmentant « le budget dédié aux violences faites aux femmes (en le multipliant par sept) pour consolider la politique de prévention des violences faites aux femmes et mettre en œuvre l’ensemble des mesures du Grenelle ».
Sans triomphalisme, la baisse de 38% des féminicides conjugaux est bienvenue dans un contexte sanitaire inédit car elle traduit probablement une prise de conscience collective. L’interrogation repose désormais sur la temporalité de ce réveil politique et citoyen. Simple effet covid ou réelle ambition de mettre fin à ce fléau ?
À l’évidence, pour confirmer cette baisse en 2021, il ne faut pas relâcher la pression sur le gouvernement mais également rester vigilant dans notre entourage.
Crédit photo : Jeanne Menjoulet / Flickr
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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