« Le coût du maintien de la Ciivise est dérisoire face au coût du déni. » C’est par ces mots qu’une soixantaine de personnalités ont interpellé Emmanuel Macron dans une tribune publiée sur le site du Monde, jeudi 7 septembre.
Parmi les signataires, Emmanuelle Béart, qui a révélé quelques jours plus tôt avoir été victime d’inceste dans son adolescence, mais aussi Anna Mouglalis, Vanessa Springora ou encore Camille Kouchner. Toutes appellent au maintien de la CIIVISE, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, qui doit prendre fin le 31 décembre après avoir remis ses conclusions dans un ultime rapport, un mois plus tôt.
La CIIVISE, maillon essentiel de la protection des enfants face aux violences sexuelles
Créée en 2021, cette Commission indépendante a publié plusieurs rapports, recueillant la parole de victimes d’inceste et conseillant les pouvoirs publics afin de mieux protéger, à l’avenir, les enfants. Dans son dernier rapport rendu en juin, la Ciivise demandait que son mandat soit reconduit afin de poursuivre ses travaux.
Clore la Ciivise, « c’est dire aux victimes : ‘On vous a assez entendues’ », martèlent les signataires de la tribune, qui rappellent qu’en seulement deux ans d’existance, cette commission a permis de recueillir 25 000 témoignages, dans toute la France.
Mais, plus qu’une collecte de témoignages accompagnés de recommandations, la CIIVISE a surtout « révélé l’ampleur insoutenable des violences sexuelles faites aux enfants » poursuit la tribune, qui affirme qu’aujourd’hui, « trois à cinq enfants par classe sont victimes d’inceste et condamnés au silence ».
[La CIIVISE] a aussi révélé que la sortie du silence est longue, très longue. C’est le plus souvent après la majorité et une fois qu’elles sont en sécurité que les victimes dénoncent enfin les viols et les agressions sexuelles qu’elles ont subis (en moyenne, c’est à 44 ans). Elles font face ensuite à un système institutionnel qui remet en cause leur parole. Les deux années d’existence de la commission ne sauraient suffire.
Violences sexuelles : « Monsieur le président de la République, le coût du maintien de la Ciivise est dérisoire face au coût du déni », dans Le Monde, 07 septembre 2023.
Le gouvernement n’a, pour l’instant, pas répondu.
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Les Commentaires
Exactement...
Je ne comprends même pas la logique financière puisqu'en définitive, accompagner au plus tôt les enfants et agir concrètement pour éviter les problèmes liés à l'inceste est beaucoup plus économique (voir par exemple ici).
Ou alors c'est juste pour éviter qu'un organisme vienne se mêler de pointer du doigt les manquements de l'Etat dans ce domaine...