Les incels ont attiré l’attention du grand public lorsque l’un d’entre eux, Alek Minassian, a commis l’attentat de Toronto après avoir posté sur Facebook :
« La Révolte des Incels a déjà commencé ! »
Cependant, cette « communauté » d’hommes souffrant de leur célibat au point d’en devenir haineux existe depuis longtemps.
J’ai notamment décrypté sur madmoiZelle un documentaire traitant entre autres des incels, intitulé Shy Boys: IRL et sorti en 2012.
Les hommes interviewés y faisaient part de leur souffrance, de leur honte, qui se transforme progressivement en colère — envers les femmes qui ne veulent pas d’eux, envers les mecs qui ont accès aux femmes…
Aujourd’hui, je vous propose de lire le témoignage d’un ancien incel repenti.
Un ancien incel témoigne
C’est sur Reddit qu’un mec s’étant longtemps reconnu dans les incels a témoigné pour expliquer comment il s’en est sorti.
Voici son récit en entier :
« À la lumière de la tragédie survenue à Toronto, je voudrais partager mon expérience d’ancien incel, et expliquer comment j’ai changé ma façon de me comporter pour devenir une meilleure personne.
Être un incel c’est horrible, c’est la pire chose, et la communauté n’aide pas.
Souvent, les gens décrivent les incels comme « célibataires malgré eux », des mecs qui ne peuvent pas choper. C’est leur souci le plus visible et discuté, mais le plus souvent, ce n’est pas leur seul souci.
Quand un homme est littéralement incapable de plaire à la moindre femme, généralement ça vient aussi d’un souci au niveau social, qui se répercute sur toute sa vie, pas juste au niveau des relations amoureuses.
On ne se sent pas important, on a l’impression de ne rien valoir. Ça finit par peser sur l’estime de soi et c’est entre autres de là que vient la nature auto-dépréciative et stupide de la communauté. »
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« L’autre souci, c’est la communauté, celle des incels. Son plus gros souci c’est que rien n’est fait pour régler les problèmes, le but est simplement de renforcer des opinions que les membres ont déjà.
Donc on a des mecs qui n’arrivent pas à séduire, sont à l’écart de la société (pour diverses raisons), et vont en ligne pour trouver des mecs comme eux, qui leur mentent sur l’origine de leurs problèmes et font écho à leurs idées.
En se confiant à ce groupe, on finit par emmagasiner certaines de leurs idées. Elles n’aident pas dans le vrai monde, au contraire, elles tirent vers le bas.
C’est là qu’il est dur de s’en sortir. Revenir à la raison, pour moi, voulait dire me débarrasser de toutes les opinions, idéologies que j’avais.
En théorie ça semble facile, mais que vous soyez de droite ou de gauche, imaginez faire l’effort intellectuel de passer de l’autre côté, eh bien c’est un peu pareil. »
« On apprend à mépriser les femmes, les hommes séduisants qui chopent ces femmes, la pop-culture… et d’un coup il faut reconsidérer tout ça, conclure que ce sont des bêtises et qu’il faut s’ouvrir aux autres opinions.
Et pendant qu’on fait cet effort intellectuel, toute la communauté ne cesse de dire qu’on a tort, que ça ne sert à rien.
Je voudrais donner un conseil aux incels qui me lisent peut-être.
Ça peut être dur d’écouter les conseils de cette partie de la société qui te rejette. Mais tout bien considéré, tu préfères être de quel côté ?
Tu peux me donner toutes les excuses que tu veux, mais en vrai, tu sais de quel côté tu voudrais être.
Sortir de cette communauté, ça a signifié des années à faire la plante verte pendant les soirées, à me prendre des râteaux, à finir dans des bagarres… c’était douloureux. Mais la douleur en valait la peine. »
Comment sortir de la communauté des incels ?
Ce témoignage et le discours de l’internaute sont déjà chouettes, mais il ne s’est pas arrêté là !
Il a développé un peu son propos quand quelqu’un lui a demandé quelles actions concrètes il a mises en place pour se dépatouiller de l’idéologie incel.
« J’ai fait plusieurs choses, mais ce qui a eu le plus d’impact c’était simplement… de m’exposer au monde réel. J’ai été prendre l’air, littéralement.
Quand j’étais un incel je ne sortais jamais. Je n’avais jamais mis un pied dans un bar, un club, je ne connaissais rien de ce style de vie.
Du coup, c’était facile de croire tout ce qui se racontait en ligne sur les bars, les clubs, les femmes, parce que je n’avais aucun élément de comparaison issu de la réalité qui m’aurait permis de séparer le vrai du faux. »
« La première fois que j’ai été dans un bar, j’ai vu un mec faisant bien 10 centimètres de moins que moi et le double de mon poids, installé dans le carré VIP avec plein de femmes sexy gravitant de son côté.
Voir ça, ça a anéanti ma vision du monde. Parce que si on en croit la communauté des incels, ce que faisait ce mec, là, c’était littéralement impossible.
Après ça j’ai continué à sortir, et chaque fois il se passait un truc différent. Aucune soirée n’était la même. Il y avait toujours des gens différents, des situations différentes, des interactions différentes.
J’ai commencé à comprendre qu’il n’y avait pas un seul type de personne qui pouvait séduire un seul type de fille, et que tout était possible, vraiment tout.
Je me suis fait jeter d’un bar et j’ai été invité en soirée 5 minutes plus tard, je me suis pris un gros rejet par une fille devant son petit ami et au final elle est venue me donner son numéro…
Je me suis retrouvé dans un coin du bar à parler de mes origines à une fille quand un mec bourré a décidé de me foutre un coup parce qu’il pensait que je mentais au sujet de ma nationalité (quelle soirée amusante)…
Plus de situations que je ne pourrais les compter, dont je suis toujours sorti en me disant « Qu’est-ce qu’il vient de se passer ?! ».
En gros, j’ai remplacé ce que j’ai appris des incels par des connaissances tirées d’expériences réelles.
Passer sa journée à lire des pick-up artists d’un côté ou des incels de l’autre, ça vous donnera deux visions totalement différentes de ce qui se passe en soirée. Mais c’est aussi possible de sortir et de se faire sa propre idée. »
Lâcher les incels pour, enfin, respirer
Au final, ce mec n’a rien fait de bien compliqué. Il n’a pas lu 3 thèses sur le féminisme, n’a pas suivi un cours intitulé Pourquoi les femmes sont des personnes, n’a pas eu besoin d’une longue rééducation.
Il a simplement accepté que le monde n’était pas ce qu’il pensait. Il s’est remis en question. Il est resté ouvert à la possibilité que ses certitudes pouvaient être erronées.
C’est à la fois si simple et si compliqué.
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Honnêtement, je ne pense pas qu’on peut rester incel toute sa vie. Rester célibataire, mal le vivre, tout ça, oui, parfois ça dure toute la vie, mais cette communauté est si toxique que j’espère qu’on finit par s’en détacher naturellement.
Personne parmi les incels ne veut aider les autres, cet internaute le dit lui-même !
Avec ce témoignage, il montre que ce n’est pas forcément la fin du monde de changer d’avis, et qu’une autre façon de vivre est possible.
Il suffit de le vouloir.
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Les Commentaires
Bien sûr y en a sûrement plein que j'ai pas capté ! Je préfère me dire que y a quand même des gars biens sur ce forum et que je retiens surtout les grandes gueules par effet de mémoire car leurs discours me choquent.