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Iman Bowie déplore les écarts de salaires entre mannequins noires et blanches
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Iman Bowie déplore les écarts de salaires entre mannequins noires et blanches

Mannequin star des années 1980, Iman a été interviewée par son homologue qui a tant marqué les podiums des années 1990, Naomi Campbell. De décennie en décennie, elles dénoncent jusqu’à aujourd’hui le racisme dans l’industrie de la mode.

Depuis plusieurs mois, la supermodel Naomi Campbell mène une fois par semaine une longue interview fleuve d’environ une heure en live et disponible en replay sur sa chaîne Youtube suivie par plus de 520.000 personnes. Baptistée No Filter, son émission hebdomadaire a notamment accueilli le grand couturier Jean Paul Gaultier, le champion Usain Bolt ou encore la chanteuse Mariah Carey.

Naomi Campbell interviewe Iman Bowie sur Youtube

Sa dernière invitée n’est autre qu’Iman Mohamed Abdulmajid Bowie, mannequin légendaire des années 1970-1980, qui a épousé le chanteur David Bowie en 1992, et fondé sa propre marque de cosmétiques, entre autres accomplissements.

Lors de leur discussion sans filtre publiée le 27 avril 2021, ces deux générations différentes de supermodels ont notamment évoqué le racisme persistant dans l’industrie de la mode.

Après être née en Somalie en 1955, avoir suivi des études secondaires en Égypte, puis supérieures en sciences politiques au Kenya, Iman Mohamed Abdulmajid Bowie a été repérée par un photographe américain, Peter Beard.

Il la persuade de s’envoler à New York pour mener une carrière dans le mannequinat. C’est comme ça qu’elle débarque à 20 ans en 1975 à la Grosse Pomme, où Peter Beard a forgé autour d’elle une légende de jeune fermière à peine sortie de sa brousse, qui ne parlerait pas un mot d’anglais (alors que cette fille de diplomates parlaient anglais et 4 autres langues…).

Moins bien payée parce que noire : « c’était une règle implicite »

Iman Mohamed Abdulmajid Bowie raconte alors à Naomi Campbell combien les mannequins étaient payées selon des grilles de salaires différentes en fonction de leur race sociale (à partir de 18:40 dans la vidéo).

« Ma première expérience [du racisme] a été de voir les écarts de rémunération entre les mannequins blanches et les mannequins noires. Mon taux était différent de celui des filles blanches. C’était une règle implicite. »

Contre cette discrimination raciste au travail, Iman Mohamed Abdulmajid Bowie s’est même mise en grève pendant trois mois, comme elle l’explique à Naomi Campbell :

« Si je fournis le même travail qu’une mannequin caucasienne, pourquoi serais-je moins bien payée ? Je pensais que si j’acceptais d’être payée à un salaire plus bas, cela revenait à dire “Je mérite moins.”»

Naomi Campbell évoque à son tour (20:10) qu’à ses débuts à elle, donc dix ans plus tard à partir de 1986, elle constatait le même genre d’écarts de salaires inexplicables. 

Iman raconte également (44:00) comment elle a eu l’idée de lancer sa propre marque de maquillage. Dès sa première interaction avec un maquilleur pour un shoot en 1975, celui-ci lui a demandé si elle avait ramené son propre fond de teint, car il n’avait bien évidemment pas sa teinte… Faute de quoi, elle est ressortie avec le visage gris, ce qui arrive quand on applique du fond de teint beaucoup trop claire pour sa carnation.

Pour que cela ne se reproduise plus, elle a donc lancé sa propre marque en 1994, Iman Cosmetics. 

Marre d’être une token, instrumentalisée comme caution

Naomi Campbell comme Iman Mohamed Abdulmajid Bowie parlent aussi dans cette vidéo du phénomène de tokénisme. Comprendre : quand les marques font un effort superficiel ou symbolique pour se montrer inclusives en apparence. Par exemple, en employant une seule personne issue d’un groupe minoritaire sous-représenté afin qu’on ne puisse pas leur reprocher de manquer de diversité… Cette personne sert alors de token (mot anglais pour dire littéralement jeton, et qu’on pourrait traduire dans ce contexte par caution).

Iman explique ainsi la manifestation de ce phénomène dans le milieu spécifique de la mode (04:40) :

« Ce que j’ai observé aux États-Unis quand je suis arrivé en 1975, c’est comment l’industrie de la mode fait exprès de monter les mannequins noirs les unes contre les autres. On nous faisait comprendre qu’il n’y avait qu’une seule place, et qu’il fallait détrôner celle en place. Alors que plusieurs mannequins blanches pouvaient tout à fait coexister et travailler en même temps. » 

De ce long témoignage, on retient surtout que les choses n’ont que trop peu changé depuis les débuts d’Iman. Le mannequinat reste la partie émergée de l’iceberg, où le racisme peut s’avérer le plus évident, manifeste. Mais cette violence structurelle affecte encore aujourd’hui l’ensemble de l’industrie du rêve, de manière peut-être plus insidieuse en coulisses.

C’est cette actualité du racisme qu’expliquait à Madmoizelle Barbara Blanchard, qui conseille les marques de mode en matière d’inclusion. Ou le résumait notre enquête sur le marketing d’influence où des écarts de rémunération, similaires au mannequinat, semblent également à l’oeuvre…

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À lire aussi : « Penser la diversité sans inclusion ne mène à rien » : Barbara Blanchard secoue la mode française


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

1
Avatar de Aichathegypsy
4 mai 2021 à 21h05
Aichathegypsy
Merci pour cet article. Cela n'a rien de nouveau, malheureusement.
En plus, j'ai l'impression que ces mannequins sont beaucoup moins exposées au public que les mannequins caucasiennes. Bon j'avoue, je ne connais rien au mannequinat mais les seules mannequins noires que je connaisse sont Iman Bowie, Naomi Campbell. D'ailleurs le témoignage d'Iman Bowie est à rapprocher de celui de Jourdan Dunn qui dénonce également l' écart de salaire entre Cara Delevingne ainsi que les autres collègues caucasiennes et elle.
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