Lundi, un homme a retenu en otage une vingtaine de clients d’un café à Sydney, Australie. Il les a forcés à déployer un drapeau islamique sur la vitrine. L’homme était un islamiste, et la prise d’otage s’est soldée par sa propre mort et celle de deux otages.
On a vu des populations verser dans l’islamophobie collective pour moins que ça. En France, l’affaire Merah avait contribué à radicaliser le racisme et la peur de l’Islam dans la société.
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Plus récemment, en septembre, lorsqu’un otage français avait été exécuté de manière particulièrement barbare, des voix s’étaient élevées, au sein de la communauté musulmane et en dehors, pour se désolidariser de ces actes. Comme si, sous prétexte que les terroristes se revendiquent d’une Foi, toute la communauté de croyants était elle-aussi impliquée, éclaboussée de honte et d’outrage par ces horreurs.
C’est ainsi que le hashtag #NotInMyName avait déferlé sur les réseaux sociaux, rassemblant les témoignages de musulmans désireux de marquer leur différence d’avec les factions terroristes. Je ne critique bien évidemment pas ce geste, mais je juge sévèrement tou•te•s celles et ceux qui soupçonnent les musulmans d’être complices du terrorisme s’ils ne s’expriment pas publiquement pour condamner ces violences.
En tant que catholique, personne ne m’a jamais demandé de me désolidariser de l’Inquisition, et pourtant, de bien belles horreurs furent commises au nom de ma religion. Je dois avoir une dérogation, allez savoir…
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#illRideWithYou, l’excellente réponse des Australien•nes
Lundi, ce sont les Australien•nes qui ont fait l’expérience d’une violence meurtrière fanatique sur leur territoire. Mais plutôt que de se laisser à la tentation islamophobe, et d’étiqueter tous les musulmans comme de potentielles menaces, plutôt que de demander à la communauté musulmane de montrer patte blanche, comme si elle avait quoi que ce soit à voir avec ce terroriste, des milliers d’Australien•nes leur ont manifesté leur soutien.
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Sur les réseaux sociaux, les citoyen•nes utilisent le hashtag
#illRideWithYou — « je ferai le trajet avec vous » — pour proposer aux musulmans qui auraient peur d’être agressés et/ou pris à partie dans les transports en commun de les accompagner.
Sur les réseaux sociaux, certains dénoncent le paternalisme qui transpire de cette démarche. Dans un monde idéal, bien sûr, personne n’aurait à servir de garde du corps d’opportunité à une personne au faciès étranger, ou de confession musulmane. Dans un monde idéal, personne n’aurait l’idée saugrenue d’associer les actes d’un fanatique à toute une communauté de croyants.
Mais dans la réalité, l’ignorance et l’angoisse nourrissent l’islamophobie des gens, dès qu’un terroriste ravive la peur d’un attentat. Et non, ce n’est pas une excuse. On ne va pas remettre une médaille aux Australien•nes qui agissent de manière raisonnable, et juste. Mais on peut saluer ces milliers d’anonymes, qui refusent de tomber dans le piège de l’intolérance. Tandis que dans nos frontières, le best-seller du moment s’appelle Le Suicide Français, et son auteur verrait bien cinq millions de musulmans déportés hors des frontières…
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