« Dire que Benoît m’a violée, c’est évident ». C’est avec ces mots que l’actrice Isild Le Besco décrit la relation qu’a entretenu avec elle le réalisateur Benoît Jacquot. Dans Dire vrai (éditions Denoël), une autobiographie publiée mercredi 1er mai, la comédienne revient sur plusieurs étapes de sa vie, notamment sa relation d’emprise entamée avec le réalisateur sur le tournage de Sade, alors qu’elle avait 16 ans et lui 52.
« J’étais une adolescente et je lui ai donné mon entière confiance »
Se décrivant comme une adolescente « fragile et malléable » , Isild Le Besco expliquait déjà en février – suite à la prise de parole de Judith Godrèche qui elle aussi accuse le réalisateur de viol – une relation faite de « violences psychologique » ainsi qu’une emprise que le réalisateur exerçait sur elle.
« Dire que Benoît m’a violée, c’est évident. Mais le mot ‘viol’ est réducteur. On imagine un acte physique, une fille qui se fait prendre de force alors qu’elle ne veut pas. Avant de me violer physiquement, Benoît a violé mon esprit. Il y est entré dès le début du tournage de ‘Sade’, puis un peu plus, jour après jour, jusqu’à me gagner complètement. J’étais une adolescente et je lui ai donné mon entière confiance. Il s’est substitué à mon père, à ma mère, à toute figure d’autorité. En cela son viol est aussi incestueux. »
Isild Le Besco.
Isild Le Besco décrit ensuite cinq ans d’abus, de violences physiques et psychologiques. Une gifle à Venise, un coup de poing dans le ventre à Dakar, ou encore des insultes parce qu’il la trouve trop grosse. « Assez rapidement, Benoît m’a signifié qu’il était anormal que je ne veuille pas coucher avec lui. Que j’avais le comportement d’une fille violée (…) Après toutes ces années de maltraitance, j’étais même marquée. C’était plus confortable de me cacher que de me projeter dans l’amour », écrit-elle encore dans son livre.
Isild Le Besco ne compte pas porter plainte
Malgré ce récit de plusieurs années abusives, elle explique ne pas souhaiter porter plainte contre lui pour l’instant. « Être victime, oui, mais de qui ? Et de quoi exactement ? De la sexualisation de mon corps au cinéma ? Des années d’emprise de Benoît Jacquot ? Du manque d’éthique professionnelle de Jacques Doillon ?», s’interroge-t-elle dans son ouvrage.
«Je n’ai pas envie de me confronter encore à ces institutions poussiéreuses, pensées et régies par des hommes […] C’est déjà tellement éprouvant d’écrire. De nommer. De faire face à ses maux. Ils me sollicitent et me sollicitent encore pour recueillir ma plainte contre Benoît Jacquot et Jacques Doillon. »
Isild Le Besco.
Pour rappel, l’actrice Judith Godrèche a elle, de son côté, porté plainte pour pour « viol sur mineur de quinze ans par personne ayant autorité » contre Benoît Jacquot. Dans un entretien accordé au Monde en février dernier, le réalisateur démentait les accusations de Judith Godrèche, tout en reconnaissant – avec beaucoup de légèreté – certains faits.
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Les Commentaires
Maintenant je comprends pourquoi. J'espère qu'il paiera pour ce qu'il leur a fait.