« Chuuuut, il y a bébé qui dort ! » (et non Bambi, comme dans la séquence culte des Trois Frères), quel parent n’a jamais prononcé cette phrase, effrayé que son mioche se réveille… Mais est-ce vraiment si grave de réveiller un bébé ? En dehors du fait que c’est du temps tranquille de perdu, bien sûr.
Pour les nouveaux-nés, on peut souvent les déplacer un peu partout ou passer l’aspirateur à deux mètres d’eux, sans que cela ne les réveille. Pour eux, la question ne se pose pas en ces termes. Il faut vraiment le vouloir pour leur faire ouvrir les yeux s’ils sont dans les bras de Morphée mais c’est tout de même possible. Certains ont le sommeil léger et d’autres ont le sommeil lourd comme une enclume.
Pas plus tard que ce matin, mes bébés de 16 mois se sont réveillés à 8 heures 30 – soit bien plus tard que d’habitude – après une nuit fort agitée (je ne compte même plus le nombre de réveils et de rallumage de la veilleuse), alors que je commence à travailler à 9 heures… Assez sportif donc comme début de journée !
Pourtant, je ne les ai pas réveillés, car on m’a dit à de nombreuses reprises, on ne réveille JAMAIS un bébé qui dort ! Mais est-ce une règle fixe, n’y a t-il pas des exceptions, notamment selon l’âge du bébé ?
Le sommeil des bébés est toujours un sujet touchy. Et comme tout, lorsqu’ils est question d’éducation, les avis diffèrent ! Mais c’est aussi une question de mesures et de circonstances.
Nous allons donc interroger cet impératif avec Marie Chetrit, docteure en sciences, qui vient de publier Éducation positive : une question d’équilibre ? Démêler le vrai du faux de la parentalité bienveillante et Héloïse Junier, psychologue spécialiste du jeune enfant, qui a publié Pour ou contre ?, Les grands débats de la petite enfance à la lumière des connaissances scientifiques.
Alors, est-ce qu’on peut réveiller un bébé qui dort ?
Cette règle n’est pas parole d’Évangile. Pour Héloïse Junier, cela dépend de l’âge :
« Pour les bébés, mieux vaut ne pas les réveiller, sauf s’ils ont un problème de poids et qu’il faut les nourrir.
Mais un enfant plus âgé, vers 24 mois, c’est possible. C’est la régularité des heures de lever et de coucher, qui va créer un bon sommeil.
Si vous avez une sieste trop tardive, pour un enfant de plus de deux ans, après 15 heures, 15 heures 30, ça peut commencer à altérer l’endormissement le soir. Dans certaines circonstances, il faut carrément réveiller un enfant qui dort.
D’ailleurs c’est la croyance qu’il ne faut pas réveiller un enfant qui dort qui est l’une des principales sources de problèmes de sommeil chez les enfants. »
Vous l’aurez compris, ce n’est pas une règle à respecter au pied de la lettre et en toutes circonstances. Mais alors pourquoi les réveillerait t-on ?
C’est mignon, un bébé qui dort et surtout ça laisse aux parents des moments de répit.
Pourquoi on le réveillerait, en fait ?
Pour les nourrissons, il est bon de les laisser dormir, dans l’idéal. Ils ont besoin de repos et que l’on tienne compte de leur rythme naturel. Marie Chetrit nous explique qu’elle a respecté cette consigne :
« J’ai pour principe de ne jamais le réveiller. Un bébé qui dort, le temps qu’il dort, il est calme et il est bien. »
Comment ne pas comprendre, ça fait du bien d’avoir des petits moments de paix…
D’autres raisons qui nous forcent à les tirer de leur lit sont un peu moins sympathiques, comme l’obligation d’aller travailler le matin ou un rendez-vous chez le ou la pédiatre par exemple.
Alors quand les circonstances l’exigent, on peut le faire, sans peur de casser le bébé. Marie Chetrit nous l’indique :
« Ça m’est arrivé certains matins de réveiller un bébé pour aller à la crèche. Il faut bien vivre quand même. Ça permet de mettre l’enfant dans le rythme de la vraie vie.
Même si c’est clair que c’est pas forcément idéal de trimballer un bébé partout, de le déranger dans son rythme. »
Mais il y a même des circonstances où le réveil est nécessaire et bénéfique. Quelles sont-elles ?
Pour caler son rythme
Vers quel âge peut-on et doit-on réveiller un bébé qui dort l’après-midi ? Pour Héloïse Junier :
« Vers 24 mois, les siestes tardives peuvent être problématiques. Si vous voyez que l’enfant ne s’endort pas avant 21 heures le soir, qu’il pète toujours la forme à 21 heures 30, s’il a fait une sieste tardive, on peut tout à fait faire le lien.
Après si l’enfant fait des siestes jusqu’à 16 heures 30 et que le soir, il s’endort sans souci à 20 heures, pourquoi pas. »
Héloïse Junier précise :
« Jusqu’à 24 mois, si le rythme de sommeil est bon la nuit, pas besoin de le faire. Mais si vers deux ans, on sent qu’il y a des interférences possibles entre le sommeil diurne et le sommeil nocturne, on peut. »
Il n’y a donc pas de règle fixe et il est possible de réveiller un enfant selon l’âge et les circonstances. C’est son comportement qui indiquera qu’il dort trop ou pas assez et que son sommeil a besoin d’être régulé. Et chez les enfants (comme chez les adultes), il y a des petits et des gros dormeurs.
L’adaptation au comportement de l’enfant semble être le maître-mot pour prendre cette décision. Les contraintes des parents sont aussi à prendre en compte, on a toutes et tous –malheureusement – beaucoup d’obligations. Les capacités d’adaptation des bébés sont fortes, donc ne culpabilisez pas si vous les tirer doucement d’un dodo !
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© Image en une : Peter Oslanec/Unsplash
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