Mars 2018. Yollande Bena se souvient de son arrivée en France comme si c’était hier. Il faut dire que son départ de la R.D.C fut mouvementé : chargée de communication pour un parti politique opposé au gouvernement, elle fait l’objet de pressions et menaces croissantes.
Arrêtée à plusieurs reprises, elle finit par fuir, déguisée, et traverse le fleuve qui la sépare du Congo-Brazzaville. Elle y reste un mois ; juste le temps de trouver un passeport d’emprunt et de sauter dans le premier vol direction Paris. Elle est alors loin d’imaginer les obstacles qui se présenteront à elle. Cinq ans plus tard et un statut de réfugiée en plus, Madmoizelle l’a rencontrée.
« Quand tu dors dehors, tu ne sais pas ce qui va t’arriver »
À peine arrivée, se pose la question de l’hébergement. Où dormir quand on atterrit dans un pays sans point de chute ? D’abord, accueillie chez une famille de « compatriotes congolais », Yollande fait très vite l’expérience du 115 : chaque matin, elle appelle le standard pour qu’on lui trouve un hébergement d’urgence. Parfois à succès, souvent en vain… Elle raconte ses nuits d’errances dans la capitale après avoir passé de longues heures en ligne sans qu’on lui trouve un lit pour la soirée. Seule et sans enfant, on lui explique qu’elle n’est pas prioritaire.
« Quand tu dors dehors, tu ne sais pas ce qui va t’arriver (…). Tu vas croiser toutes sortes de gens, des personnes qui ont bu, qui ont des problèmes psychologiques. Des hommes vont profiter de toi ». Si Yollande n’a pas été victime de violences sexuelles, elle relate le calvaire de nombreuses femmes qu’elle a croisées et qui lui ont confié avoir été violées ou agressées.
Des démarches administratives laborieuses
Yollande raconte également les longues et laborieuses démarches jusqu’à l’obtention de son statut de réfugiée, en 2021. De ses passages répétés à l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration), où elle a failli demander un retour volontaire et où il lui fallait se lever aux aurores pour être suffisamment tôt dans la queue sans même la certitude d’être reçue, au suivi de son dossier auprès de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides)… Autant d’institutions, qui, comme la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), se situent en région parisienne et gagneraient, selon Yollande, à être décentralisées pour fluidifier la prise en charge des demandes et désengorger les services.
« Pour faire un parcours migratoire, il faut avoir les nerfs solides, les nerfs durs. Il faut être fort mentalement, physiquement, parce que ça demande de l’énergie ». Aujourd’hui, la vie de Yollande a changé : nouveaux amis, nouveau logement, nouveau travail… Mais, elle attend encore d’être réunie avec ses proches. Pour cela, elle a entamé une procédure de regroupement familial pour faire venir ses enfants, qu’elle n’a pas vus depuis son départ, il y a cinq ans.
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Les Commentaires
N'hésitez pas à regarder la vidéo en tête d'article (si ce n'est pas déjà fait), dans laquelle Yollande détaille davantage son parcours et les difficultés rencontrées. L'article est simplement un résumé et ne revient que sur quelques thèmes principaux de la vidéo.
Belle journée,
Elisa