On finit notre trilogie d’articles consacrée au monde lesbien en beauté, vu qu’aujourd’hui on parle de luxure, de corps, de frotti-frotta, bref, de sexe et de toutes les idées reçues concernant l’intimité des femmes qui aiment les femmes.
Idée reçue n°15 : les lesbiennes ne peuvent pas « vraiment » faire l’amour
Mais faire l’amour, c’est quoi au juste ? Chacun a sa définition. Ce n’est pas parce que le modèle classique hétéronormé sous-entend que rapport sexuel va avec pénétration qu’il faut négliger le pouvoir des doigts, de la langue, de l’imagination, voire des accessoires pour celles qui veulent… Faire l’amour ne veut pas dire pénis, en tout cas, pas pour moi !
Idée reçue n°16 : lors d’un rapport sexuel entre filles, rien « n’indique » lorsque c’est fini
La question m’a été posée par un mâle qui se demandait ce qui marquait la fin du rapport en l’absence d’éjaculation. J’ai envie de dire : c’est fini quand on a plus envie ! C’est parfois après un ou plusieurs orgasmes, parfois de façon plus progressive, mais les deux personnes s’en rendent compte de toute façon. L’avantage étant que si l’une a déjà joui, elle peut continuer sans interruption jusqu’à satisfaire sa compagne (ce qui est possible dans une relation hétérosexuelle, mais avec un « changement de méthode » dû au fait que la pénétration est difficilement possible une fois que l’homme a éjaculé).
La bisexualité
Petite digression à propos des bisexuels : étrangement, il y a au sein de la « communauté » gay et lesbienne une sorte de « biphobie » : eh oui, les clichés et la discrimination ne sont pas l’apanage des hétéros…
Idée reçue n°17 : les bisexuels sont forcément infidèles
Selon un cliché courant, les bisexuels seraient des personnes volages qui auraient « besoin » des deux sexes et ne pourraient donc pas se contenter de coucher avec une seule personne : sortir avec un(e) bi signifierait donc être cocu(e) à coup sûr. Or, la plupart des bisexuels en couple que je connais n’ont pas envie d’aller voir ailleurs, simplement parce qu’ils sont amoureux d’une personne, et pas d’un sexe. Ce serait donc chouette de tordre le cou à ce cliché !
Pour finir…
En tant que lesbienne, les seules vraies problématiques auxquelles je me retrouve confrontée sont les suivantes : si un jour, j’ai envie de me marier, est-ce que je le pourrai ? Et si je veux des enfants ? Fonder une famille ? C’est loin d’être à l’ordre du jour, mais c’est toujours un peu douloureux de ne pas avoir les mêmes droits que tout le monde
parce qu’on aime une personne du même sexe.
Le plus pénible à vivre au quotidien, ce sont souvent les regards des gens, à l’extérieur. Ces personnes dans la rue qui nous fixent quand on se tient la main. Qui nous font des remarques, des mimiques suggestives. Ce n’est pas fréquent, mais c’est arrivé. Les petites mamies qui nous jugent d’un air désapprobateur. Les mecs libidineux d’un certain âge, qui nous mettent mal à l’aise avec leurs regards. Les garçons un peu lourds qui voient qu’on est ensemble mais font comme si ce n’était pas le cas. Ces moments où on est pas très rassurées, dans certains quartiers où on sait qu’il ne vaut mieux pas marcher enlacées. C’est parfois drôle, parfois lassant, selon les jours, selon l’humeur.
Et puis il y a les discours blessants de certains politiques, les remarques maladroites ou pleines d’incompréhension. Mais globalement, ça se passe bien. Le plus rigolo, c’est quand on croise une lesbienne « reconnaissable » dans la rue. Il y a parfois ce regard de connivence, ce sourire discret qui signifie : « Vous et moi, on est dans le même camp ». Et c’est bête, mais ça fait toujours plaisir de croiser un couple, de se dire qu’on est « naturellement » visibles, que l’homosexualité tend à se banaliser, à faire partie du paysage, à sortir du placard. Simplement acceptée et respectée. Ou alors des petits trucs, comme l’agenda de madmoiZelle et sa petite phrase : « L’agenda des madmoiZelles qui aiment les madmoiZelles », que l’on peut interpréter comme on veut, mais qui me plaît bien, à moi…
Pour en savoir plus sur ce mystérieux et passionnant sujet
– Le documentaire Des filles entre elles, de Jeanne Broyon. Première partie ici. – Et pour rigoler un peu et comprendre les clichés, Petit questionnaire de l’hétérosexualité, par le collectif DurEs à Queer
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