Publié le 28 septembre 2016
On dit tout et rien au sujet de la contraception et de l’avortement, plutôt rien que tout d’ailleurs, et certain•es ont vite fait de s’emparer de ce manque d’informations pour raconter des salades qui servent leur idéologie passéiste.
On va donc faire un tour (certes non exhaustif) de ces lieux communs faux et archi-faux.
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« La contraception, une affaire de femmes »
Un communiqué de la SMEREP, sécurité sociale étudiante, parlait de la contraception il y a peu de temps, de manière plutôt inappropriée. L’un des problèmes qu’on pouvait y relever était le fait que le sujet de la contraception ne soit abordé… qu’à travers le prisme de la responsabilité des jeunes femmes.
Que ce soit le préservatif, la pilule ou autre, la contraception est une affaire de couple, et non de femme.
Dans le cadre d’un rapport sexuel qui nécessite un moyen de contraception, on a le plus souvent deux personnes de sexes biologiques différents impliqués.
On parle d’un couple hétéro, dont c’est la responsabilité commune de veiller à l’efficacité du moyen de contraception.
Que ce soit le préservatif (masculin ou féminin), la pilule ou autre, la contraception est une affaire de couple, et non de femme.
D’ailleurs, il est temps de parler de contraception masculine : slip chauffant, contraception hormonale par injections, spermicides… Il y a encore des progrès à faire, mais si on souhaite partager la responsabilité contraceptive, c’est possible !
« La pilule du lendemain, c’est dangereux pour la santé »
La pilule du lendemain est une contraception d’urgence qui peut réduire les risques de grossesse en cas de rapport non-protégé ou d’accident de type rupture de préservatif. Il est fréquent d’entendre qu’elle est mauvaise pour la santé et qu’il faut éviter au maximum de la prendre.
Sans qu’elle ne remplace un réel moyen de contraception, il n’y a pas de risque à prendre la pilule du lendemain, même plusieurs fois.
Certes, ce n’est pas l’idéal. Et ce qui est vrai, c’est que la pilule du lendemain peut provoquer des effets secondaires passagers tels que des saignements, des vomissements, et momentanément perturber le cycle hormonal.
Mais elle n’a en revanche aucun effet néfaste de long terme sur l’organisme des personnes y ayant eu recours, comme nous l’a confirmé Véronique Sehier, co-présidente du Planning Familial :
« Ce n’est pas dangereux, on peut la prendre plusieurs fois, même si ce n’est pas l’idéal au niveau du cycle et effectivement ça ne remplace pas une contraception, mais il faut arrêter de dire qu’elle présente des risques, c’est culpabilisant.
Au contraire, des jeunes qui cherchent une contraception d’urgence ça signifie que ce sont des jeunes qui sont déjà dans une démarche de prise en charge et de responsabilité par rapport à ces sujets-là, et ça peut permettre d’établir un dialogue et de trouver des solutions de long terme. »
En effet, pour éviter d’y avoir recours, rien de mieux que de se munir d’une contraception qui nous est adaptée.
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« L’avortement et conséquences sur votre fertilité »
Eeeeh non. Enfin, ça dépend des conditions.
Un avortement pratiqué dans un pays où c’est illégal, dans des conditions sanitaires dégradées à l’aide d’un cintre ou d’aiguilles à tricoter… Oui. Et à ce stade, c’est dangereux pour la vie de la femme elle-même.
Mais une IVG pratiquée avec l’assistance d’un médecin, qu’elle soit médicamenteuse ou instrumentale, ne présente pas de risques contrairement à ce qui est affirmé sur des sites anti-choix. Danielle Gaudry, gynécologue, confirme :
« Effectué par un personnel sanitaire formé qui pratique dans de bonnes conditions avec du matériel stérile et qui sait quelles sont les conduites à tenir pour faire un avortement sécurisé, il n’y a pas de risque de complications infectieuses. Les risques d’un avortement au niveau santé sont d’ailleurs moindres que les risques d’un accouchement. »
En France, une visite de contrôle pour vérifier que tout a bien été évacué suite à l’avortement et pour éviter toute potentielle infection est obligatoire. Pas de risque d’infertilité suite à un avortement donc, vous pouvez choisir librement votre moment pour avoir un enfant !
« L’avortement a des conséquences sur le mental des femmes qui y ont eu recours »
Beaucoup de femmes ne souffrent d’aucune conséquence psychologique suite à un avortement.
Un autre argument des anti-choix en matière d’IVG c’est le fait que les femmes y ayant recours souffriraient d’un syndrome post-IVG aux conséquences psychologiques douloureuses.
Il n’est pas question ici de nier le fait que cela puisse arriver pour certaines personnes, mais plutôt de remettre les choses à leurs places :
- Cette souffrance psychologique est souvent causée par la pression de la société qui culpabilise les femmes ayant avorté. Si on cesse de remettre ce choix en cause il y a de grandes chances pour que ce prétendu syndrome disparaisse avec la pression sociale qui en était à l’origine.
- Beaucoup de femmes ne souffrent d’aucune conséquence psychologique. Il est parfois naturel et simple de recourir à l’avortement et de ne pas culpabiliser ou souffrir de dépression suite à cela.
- Par ailleurs, lorsqu’on ne souhaite pas avoir d’enfants, il y a de fortes chances pour que poursuivre une grossesse non désirée ait davantage de conséquences psychologiques négatives que de l’interrompre.
À ce sujet, Véronique Sehier rappelle d’ailleurs qu’« il existe des études danoises et britanniques qui prouvent qu’il peut y avoir plus de conséquences traumatiques pour une grossesse mal vécue que pour une grossesse interrompue ».
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« L’avortement : conséquences sur la santé et le caner du sein ? »
C’est une contre-vérité scientifique comme ils en diffusent beaucoup.
Les groupes conservateurs anti-choix ne sont jamais à court d’idées à propager pour dissuader les femmes de recourir à une IVG.
Parmi les propos nauséabonds et faux qu’ils diffusent, il y a l’idée qu’une IVG augmenterait les risques de cancer du sein. Pourtant, un lien entre les deux n’a jamais été établi selon Danielle Gaudry :
« On se demande d’où il sortent ça, il n’y a aucun lien. Ils le disent essentiellement pour l’avortement médicamenteux, mais non les prostaglandines ou la mifegyne [NDLR : les deux médicaments utilisés lors d’un avortement médicamenteux] n’ont aucun lien avec le cancer du sein.
C’est une contre-vérité scientifique comme ils en diffusent beaucoup. »
L’American Cancer Society confirme également sur sa page consacrée au sujet que « les études scientifiques n’ont pas trouvé de relation de cause à effet entre l’avortement et le cancer du sein ».
« La méthode dite d’observation est très fiable »
Les méthodes d’observation peuvent atteindre 25% d’échecs selon l’INPES.
On trouve sur certains sites l’idée que les méthodes d’observation sont tout à fait fiables en termes de contraception.
Basées sur la prise de température, l’observation de la consistance des glaires cervicales (les pertes blanches), ou encore sur le rythme du cycle et des périodes d’ovulation, elles peuvent en effet être une alternative lorsqu’on ne supporte aucune autre contraception (dérèglement hormonal, rejet du stérilet, allergie au latex, etc.).
Mais il est très important de noter qu’elles peuvent atteindre 25% d’échecs selon l’INPES. Ça signifie que pour les couples utilisant ces méthodes, une femme sur quatre tombe enceinte au cours de la première année. On a vu beaucoup plus fiable donc…
Maintenant que vous savez tout, vous aurez à coup sûr 10/10 au fameux quiz sur la contraception !
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Les Commentaires
La visite de contrôle ne sert d'ailleurs pas à "éviter" le risque infectieux, mais a le prendre en charge le plus tôt possible le cas échéant.
Je suis assez d'accord pour le reste. Il serait intéressant d'ajouter qu'il existe des assistants (moniteur clearblue par exemple) pour la méthode dite "d'observation" qui a une fiabilité assez convenable, pour ceux qui ne supportent rien.