Le 10 mars 2012, Elise Andrew, une étudiante en biologie originaire de Sheffield créait la page I fucking love science. Le but était (et est toujours, d’ailleurs) de rassembler les photos, montages, vidéos et informations en tout genre les plus drôles et/ou les plus insolites sur la science. De prouver que la science ne se réduit pas à des cours prodigués par un-e prof un peu las-se dans une classe qui sent la souris décongelée, que les matières que tu détestais ou détestes peut-être à l’école, une fois sorties des sentiers battus, peuvent s’avérer aussi divertissantes que passionnantes.
Le succès a été presque immédiat si bien qu’en un an, la page a atteint 4 millions de fans. Un gros, gros carton tout à fait mérité.
Le 21 mars dernier, Elise Andrew a posté son compte Twitter sur la page I fucking love science. C’est à partir de là que les fans de la page ont pour la plupart découvert qu’elle était – tadam – de sexe féminin. C’est donc à partir de là que les commentaires amusés, émoustillés mais surtout très étonnés ont alors fusé. Kevin Morris pour Dailydot utilise une très bonne comparaison :
« C’est comme si Elise Andrew s’était infiltrée dans une conférence scientifique du 19ème siècle et avait arraché sa fausse moustache devant une assemblée d’hommes en train de murmurer. Des bouches qui s’ouvrent, faisant tomber les pipes. Quel choc ! Incroyable ! Une femme ! »
Parmi les commentaires qui ont suivi le partage du compte Twitter, on trouve (malheureusement) évidemment ceux qui sexualisent la créatrice de la page et se montrent très flatteurs. On peut imaginer qu’ils ne lui parlaient pas de la même façon quand ils ne savaient pas qu’elle était une femme et que leur comportement a changé quand ils ont appris de quel sexe elle était :
Jolie, intelligente et sexy ! ;)
Tu veux dire que tu es une fille ET que tu es belle ? Wow, j’aime la science un petit peu plus aujourd’hui ^^
Mais on y trouve aussi, en grande majorité, des commentaires tout simplement « Han mais han lala le retournement de cerveau laisse tomber, une fille drôle folle de science whou ! ». C’est pas forcément méchant, c’est juste… Comment dire. Enfin voilà. Voyez plutôt :
Tes une fille ? Qui l’eût cru !
Je croyais que tu étais un mec o.o
Heureusement, dans le lot, on déniche aussi pas mal de commentaires écrits par des personnes qui se fichent bien de savoir de ce qu’elle a dans le slip et qui s’étonnent beaucoup plus de voir que cela a un impact quelconque sur de nombreux amateurs de la page :
J’ai lu l’article sur Dailydot. Ça ne devrait pas être important de savoir de quel genre tu es. Tu postes des choses formidables et c’est tout ce qui compte. Continue. C’est génial.
Tout ce qui m’intéresse c’est que « you fucking love science » !
Quoiqu’il en soit, Elise Andrew n’est pas restée silencieuse face à cette vague de « MEGA SURPRISE » et de commentaires qui m’évoquent Will Smith face à une fille dans Le Prince de Bel Air. Elle a d’abord posté un billet sur Facebook où elle questionne les fans de la page :
« Généralement, je ne m’attarde pas sur d’autres sujets que les sciences, mais espérons que ceci vous intéressera tous. Plus tôt dans la journée, j’ai posté mon compte Twitter (voir plus bas). J’ai été absolument surprise par l’assaut de commentaires exprimant le choc total à l’idée qu’IFLS soit géré par une femme – est-ce à ce point surprenant ?Un blogueur du Guardian a remarqué la même chose et a écrit à ce sujet ici. Mais comme on me l’a fait remarquer sur Twitter, c’est triste quand une femme drôle et intéressée par les sciences attire l’attention des médias. Votre opinion m’intéresse : c’est la science ? C’est les grossièretés ? L’humour ? »
Hier, elle était invitée par la chaîne CBS à s’exprimer sur cet étonnement. Elle y explique qu’elle n’a jamais voulu cacher son genre auparavant : « Ça n’a jamais été un secret. […] J’ai fait des interviews, j’ai même fait un hangout sur Google la semaine dernière alors je ne comprends pas pourquoi ils sont surpris ». Elle ajoute que les gens n’ont pas eu l’air déçus qu’elle soit une femme : « Il y a eu très peu de commentaires horribles », explique-t-elle, « c’était une minorité. La plupart étaient agréablement surpris ».
Michio Kaku, contributeur pour CBS, revient sur le faible nombre de femmes étudiant dans certains domaines scientifiques (comme la physique ou l’ingénierie) et explique que ce sont des personnes comme Elise Andrew qui pourront contribuer à remettre un peu d’équilibre dans les statistiques.
Nous sommes donc au vingt-et-unième siècle et certains continueraient de penser qu’il y a des traits de caractère et des centres d’intérêt réservés à un genre, à un sexe. Bien sûr, il n’y avait pas forcément d’animosité dans la surprise des fans de la page, ce n’est pas une question de méchanceté. Ce qu’il s’est passé pour Elise Andrew nous rappelle juste que les préjugés ne sont pas forcément utilisés pour faire du mal. Ils sont juste là, ancrés dans les des esprits, et il ne faut jamais se reposer sur nos lauriers : le sexisme (conscient ou pas) est là, un peu partout. Il reste un sacré boulot avant d’en venir à bout.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Plus sérieusement, c'est vraiment chiant que certains mecs se transforment de "whaaaa c'est trop cool ce que tu dis !" à "t'es une fille ? Tu es bien charmante" genre on se résume à une jolie boîte creuse.
Après question filles dans les sciences, à part en biologie, biochimie et cosméto....bah voilà quoi, je suis la seule fille de ma classe :/