A voir les traces qu’il laisse sur myspace (cf son étrange bio), ses vidéos absurdes et ses clips ludicolorés, on a tôt fait d’associer Calvin Harris à une certaine catégorie de personnages : le grand dégingandé pince-sans-rire avec ironie sympa et autodérision en bandoulière. Un gars comme les autres qui à force de bidouiller des sons chez lui aurait fini par larguer précarité et petits boulots sans pour autant abandonner ses baskets d’origine.
En le rencontrant, on constate que malgré son contrat avec EMI et sa petite collaboration avec Kylie Minogue, l’écossais de Dumfries semble faire preuve d’une certaine distance amusée vis-à-vis de sa nouvelle vie d’Electronic Man (interviews, promo, fans, parcours personnel).
Assez logiquement, on retrouve sur I Created Disco, son premier album, toutes ces caractéristiques de personnalité, auto-dérision et goût de l’absurde en tête (voir Electro Man, compromis entre Sheila période 70s et les génériques de dessin animés spatiaux des années 80s*). Impossible de se tromper sur l’intention : y a marqué « second degré » partout sur l’emballage sonore.
Sur I Created Disco, le Calvin Harris de l’album monologue sur sa prétendue invention du disco, comme moi quand je m’imagine dans la peau de Michel Gondry interviewée à Hollywood (oui, je fais ça – c’est pas comme si je collectionnais les coton-tiges, si ?) : « (…) C’était dans les années 70, j’étais encore inconnu. A l’époque je me livrais à différentes expérimentations… Au cours d’une de ces sessions j’ai découvert qu’en utilisant certaines techniques de mon invention je pouvais créer un genre musical totalement nouveau – c’est cette nuit-là que j’ai inventé le disco », explique notre homme d’une voix artificiellement vaniteuse.
Sur The Girls, monsieur se prend pour le Jacques Dutronc de Dumfries et déballe son amour pour la gente féminine, chemise grande ouverte sur de curieux bruits de zapette intergalactique. Une déclaration qui complète bien Colours, ode au look chamarré que devraient arborer tous les jeunes de 7 à 87 ans (moi, je ne porte plus que du taupe, c’est de mon âge).
Batifolages, bombance, rêve de gloire : les préoccupations du jeune homme lambda sont ici enrobées d’un nuage de néon, d’humour et de jaune fluo qui guidera le pèlerin sur la voie du dancefloor, comme le scintillement de la boule à facettes a jadis guidé les Rois Mages**. Si tu aimes le second degré qui fais danser les pieds, tu devrais comme moi adopter illico I Created Disco et son malicieux créateur. Un petit bémol toutefois : ne t’attends pas à une dizaine de tubes en puissance. Y a du très très accrocheur, mais pas à longueur de piste.
* Critique pas, sinon c’est mon sac-banane dans la gueule direct.
** Oui, bon… j’ai dû roupiller un peu au cathé.
La vidéo de The Girls
La vidéo de Acceptable in the 80s
La vidéo de Merrymaking at my Place
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