« Ce tournage n’a été qu’une grande souffrance », affirme auprès de Mediapart Lou*, une technicienne. À l’image d’une quinzaine de techniciens, elle a témoigné dans une enquête parue dans le journal d’investigation dimanche 3 septembre.
Elle relate le tournage difficile de la série Netflix Jusqu’ici tout va bien, qui a duré 70 jours s’étalant de janvier à octobre 2022. Nawell Madani a écrit et produit cette fiction. les techniciens décrivent un climat de « peur », de « stress » ou encore « d’abus », alimenté par la réalisatrice et humoriste.
Un référent dépêché par Netflix, sans conséquences
Le climat régnant sur le tournage, était tel, que le régisseur général et le directeur de production l’ont tous les deux quitté avant sa fin, chose rare. Ainsi, les techniciens, qui témoignent de manière anonyme par peur de représailles, décrivent avoir plusieurs fois déposé des alertes auprès de la hotline Netflix. La plateforme a dépêché un référent, mais ceci n’aurait servi à rien.
Et si les deux actrices principales de la série, Kahina Carina et Carima Amarouche, contactées par notre consœur de Mediapart, évoquent toutes deux des conditions de tournage « normales » et une réalisatrice « respectueuse et professionnelle », la jeune comédienne Paola Locatelli a laissé entrevoir pendant la promotion de la série une ambiance pas toujours sereine.
« Des fois, elle était dure, des fois il y avait un peu de cris, ça se calmait, après il y avait des gros cris, ça brûlait le tympan, et puis après elle disait ‘pardon, désolée’. »
Paola Locatelli.
D’autres membres de l’équipe dénoncent des conditions de travail dangereuses. Comme comme ce technicien-son embarqué dans le coffre d’une voiture conduite par une actrice qui n’avait pas son permis. Ou des changements intempestifs de décor épuisants, réalisés sous la pression de Madani.
Nawell Madani sous pression
Certains membres de l’équipe imputent cette ambiance de tournage aux trop lourdes responsabilités endossées par Nawell Madani, à la fois créatrice, actrice, scénariste, productrice et réalisatrice de la série.
« Netflix a laissé tous les pouvoirs à Nawell, qui était fatiguée mais aussi inexpérimentée pour occuper tous ces postes. Ils l’ont mise là parce qu’elle est connue, parce qu’elle a des millions d’abonnés, mais elle n’avait pas les épaules et c’est nous qui en avons payé le prix », rapporte une salarié du tournage à Mediapart.
*Le prénom a été modifié.
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