« Hey, tu devrais regarder How I Met Your Mother, c’est une nouvelle série, un truc de ouf tellement c’est marrant ! Tu vas trop kiffer le personnage qui s’appelle Barney, mais je t’en dis pas plus. »
Voilà. C’était HOW I MET « HOW I MET YOUR MOTHER », résumé en deux phrases extraites de la bouche d’une amie, en plein automne 2005. Eh oui, à ce moment-là, force était de constater, DivX à l’appui, que c’était « un truc de ouf tellement c’est marrant ».
Il faut dire que How I Met Your Mother a débarqué au tout début de l’explosion du téléchargement des séries US, des sous-titres amateurs. C’était l’un des fers de lance de cette nouvelle façon de dire merde à sa télé et de se libérer des contraintes de diffusion française souvent trop absurdes. C’était le début…
Aujourd’hui, c’est la fin. Alors que la série s’achève la semaine prochaine, au terme de sa neuvième saison, alors que les quelques fans qui restent s’ouvrent les veines à la petite cuillère en bois depuis plusieurs années, il est peut-être temps de regarder une dernière fois en arrière, avant le grand saut. Parce que dans quelques jours, très bientôt, ce sera fini. Pour toujours.
Une série qui tire sur la corde depuis des années
Quoi que nous réserve le double series finale, il y a peu de chances qu’il puisse compenser à lui seul les dernières années de déclin du show.
Depuis que les personnages ont peu à peu muté en détestables caricatures d’eux-mêmes, il est de bon ton, entre amis comme sur Internet, de se moquer de How I Met Your Mother. Le successeur de Friends par défaut s’est mué en piñata géante pour sérievore décomplexé.
Mais comment jeter la première pierre aux rageux ? Cette dernière saison n’aura rien fait pour infléchir la tendance, puisqu’on est resté confinés dans le même hôtel sans vie, aux décors de studio dégueulasses, à espérer une bribe de flash-forward mettant en scène Ted et la fameuse Mère, seule constante de bonheur dans cette ultime année. Le seul personnage capable d’insuffler un peu de tendresse, de toucher juste, d’agir comme un humain, promis depuis presque dix ans, reste cantonnée à de bribes apparitions.
Quel gâchis.
Ça partait pas mal, pourtant…
Tout avait pourtant si bien commencé. Véritable bouffée d’air frais en 2005,
How I Met Your Mother avait trouvé comment renouveler le format sitcom. La narration, bourrée de retours en arrière, d’avances rapides, était une mine pleine de pépites de surprise, tandis que l’écriture savait toucher aux tripes entre deux bonnes vannes bien senties. Et que dire de ce pitch irrésistible, de ce mystère aux allures de LOST en mode coloc’ à New York, étiré d’années en années, donnant à la série une cohérence, une continuité, sa propre mythologie ?
Pendant quelques saisons, on en a presque oublié que tout ceci ne menait nulle part, qu’au milieu de ce délire entre petits blancs qui s’éclatent dans un appart’ trop grand pour leurs carrières, le seul personnage récurrent noir était également le seul personnage gay (optimisation)…
Puis le mauvais a fini par submerger le bon, les fans en ont eu assez de boire la tasse dans cette intrigue qui patauge, de subir le dernier plan malsain de Barney, la dernière crise de nerfs de Robin ou Ted, plus blaireau que tous les Ross Geller de l’univers. Peu à peu, ils se détournèrent de la série pour aller brouter l’herbe plus verte de Parks & Rec par exemple (ou Brooklyn Nine Nine, qu’il FAUT regarder, vraiment).
La fin d’une époque
Entre nostalgie des années passées et syndrome de Stockholm, certain-e-s sont resté-e-s fidèles. De temps à autres, entre deux épisodes d’un ennui aussi profond que mortel, viennent surnager quelques scènes, une mise en situation, un épilogue qui picote le cœur. Et puis, au point où l’on en est, autant aller jusqu’au bout, non ?
Ce lundi soir, le 31 mars 2014, sera diffusé l’ultime épisode de How I Met Your Mother, celui que tout le monde regardera pour le principe, peu importe depuis combien de temps l’on a quitté le navire, depuis combien de temps on s’enjaille sur une plage d’humour fin. Ces quarante minutes, libérées du mariage de Barney, du besoin de présenter tous les personnages secondaires à la Mère, des running gags comme du pari des baffes, ces quarante minutes ne peuvent pas tout changer, mais sont assez libres pour offrir un dernier baroud d’honneur, une fin honnête à la série que l’on aura tant aimée.
Et comme tous ceux qui se font tromper mille fois par mille personnes, je serai fidèle au .mkv (métaphore du temps qui passe par format de fichier) avec, au fond du cœur, l’espoir plus si secret que cette fois, How I Met Your Mother saura retrouver un peu de sa gloire d’antan, partir avec honneur en direction du soleil couchant, du bac de DVD en soldes dans quelques années, de notre inconscient collectif, à nous, enfants de la génération piratage de séries.
Believe.
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Les Commentaires
Donc voilà, pour moi ce final est une vraie réussite. Et globalement je trouve que la dernière saison relevait le niveau des quelques dernières.