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Féminisme

Tous ces hommes qui ne m’ont pas violée… quel est leur point commun ?

Tous ces hommes qui ne m’ont pas violée. C’est à eux que s’adresse cette réflexion, mi-témoignage mi-lettre ouverte.

Aujourd’hui, je viens vous parler d’un écrit.

Un écrit qui m’a bouleversée comme peu d’écrits m’ont bouleversée.

Les témoignages autour du viol, au cœur de l’actualité

Maura Quint a publié Tous ces hommes qui ne m’ont pas violée sur la plateforme Vox, après l’avoir partagé sur Twitter dans un fil ayant connu beaucoup de succès.

Son texte est né d’une actualité : le témoignage de Christine Blasey Ford, qui accusait le possible juge à la Cour Suprême Brett Kavanaugh de l’avoir agressée sexuellement des décennies plus tôt.

Malgré la voix du Dr Ford, pleine de sincère terreur, malgré ses mots et les deux autres femmes accusant le Républicain, Kavanaugh a remporté une majorité de votes.

Il va siéger, à vie, à la Cour Suprême, l’organe le plus puissant du système judiciaire américain.

Maura Quint commence Tous ces hommes qui ne m’ont pas violée par une référence directe au témoignage de Christine Blasey Ford :

« Christine Blasey nous a raconté que quand elle avait 15 ans, elle a été à une soirée lors de laquelle deux adolescents l’ont emmenée dans une chambre, ont verrouillé la porte, et monté le son de la musique.

Un des garçons a plaqué une main sur sa bouche, afin que personne ne l’entende crier pendant qu’il la pelotait de force et essayait d’arracher ses vêtements ainsi que le maillot une-pièce qu’elle portait en-dessous. »

L’auteure témoigne et parle de tous ces hommes qui ne l’ont pas violée.

Tous ces hommes qui ne m’ont pas violée

Maura Quint commence avec une anecdote qui aurait pu finir comme celle de Christine Blasey Ford.

À 16 ans, elle était aussi en soirée. L’adolescente timide qu’elle était ne pensait pas pouvoir un jour être considérée comme attirante, plaire à un garçon.

Cette nuit-là, elle avait décidé de booster son apparence : décolleté, rouge à lèvres écarlate… Elle a bu, a commencé à se sentir pompette.

Elle a commencé à discuter avec un garçon, le grand frère d’un autre invité de la soirée. Il a fini par lui proposer d’aller dehors, au calme, juste tous les deux.

« Je n’arrivais pas à y croire. Je plaisais à un garçon ? […] Je me suis demandé ce qui allait se passer dehors. Je me suis demandé si j’avais envie de le savoir.

J’ai répondu d’un « peut-être » pâteux. Il m’a serré le bras un peu plus fort. « C’est pas un oui, ça », il m’a dit, en me regardant patiemment dans les yeux.

Ce n’était pas un oui. J’ai rejoint des potes sur le canapé. Il est allé discuter avec d’autres gens.

Je suis rentrée saine et sauve ce soir-là, sans avoir été agressée, pour une raison simple : je n’étais pas tombée sur un agresseur. »

Maura évoque tous ces autres hommes qui ne l’ont pas violée.

Ce serveur de bar qui lui a proposé d’aller chez lui, et en voyant qu’elle hésitait, lui a dit de lâcher l’affaire. Agacé, peut-être, mais sans forcer.

« Je n’ai pas été violée. Parce que je n’étais pas tombée sur un violeur. »

Ce mec qui, dans sa chambre, s’est déshabillé et a commencé à la dévêtir. À ce moment-là, tout désir a quitté Maura. Elle a repoussé ses gestes, tenu à garder ses vêtements.

Voyant ça, il lui a dit :

— On ne peut pas passer un bon moment si tu n’en as pas envie. — Désolée. — C’est pas grave.

Qu’est-ce que tous ces hommes qui ne m’ont pas violée ont en commun ?

Maura Quint n’a pas raconté ces histoires par hasard. Elle a un message clair à faire passer.

« Les violeurs, les agresseurs, et ceux qui les protègent nous disent qu’ils ne sont pas uniques, que tous les hommes agissent comme eux […]

Ils ont tort. Ils mentent. Ils essaient de normaliser quelque chose d’anormal, car s’ils y parviennent, alors personne ne pourra leur reprocher leurs actes gravissimes.

Choisir de violer, ce n’est pas normal. Agresser, ça n’est pas obligatoire pour le genre masculin. »

La puissante conclusion de l’auteure pose des mots sur une vérité qui ne sera jamais assez répétée :

« Ma vie a été émaillée d’expériences variées. Malheureusement, j’ai été agressée. J’ai aussi été pas agressée. La différence ne se trouvait jamais dans mes vêtements, ma façon de flirter, les quantités d’alcool que je buvais.

La seule différence, c’était : est-ce que les hommes se sentaient ou non en droit de m’agresser. »

Les hommes ne sont pas des violeurs. DES hommes sont des violeurs. Car la culture du viol leur donne un sentiment de pouvoir, d’impunité, qu’ils exercent pour faire du mal.

Alors, c’est quand qu’on change le monde ?

À lire aussi : 11 conseils pour éviter le viol adressés aux violeurs, plutôt qu’aux victimes ?


Les Commentaires

27
Avatar de Ana Mnese
21 octobre 2018 à 09h10
Ana Mnese
C'est pas une question de donner une médaille ou des bons points. C'est juste de donner de la visibilité à des comportements respectueux dans un climat où on parle beaucoup des agressions (ce qui est bien !! C'est positif que les langues se délient et qu'on lève le voile là-dessus). Et c'est surtout un contre-argument parfait au "tous les hommes auraient "profité" de la situation".
En donnant de la visibilité à des comportements "normaux" ça évite le "tous les hommes sont comme ça", et de croire que tous les hommes sont des agresseurs.

Et je ne vois pas en quoi c'est mal de célébrer mes bons comportement souvenirs et ça n'empêche pas de dénoncer les mauvais.
Après c'est sûr qu'ils peuvent avoir été non respectueux à un autre moment de leur vie mais dans l'article on s'attache clairement au comportement à l'instant t (on ne sait pas grand chose d'eux en dehors du contexte des moments présentés). Et j'ai envie de dire on s'en fout un peu.
Tu n'es pas obligé de connaître toute la vie de quelqu'un pour lui faire un compliment (au cas où en fait ce soit un connard et que tu ne le saches pas). Ou sinon tu fais des compliments qu'à tes meilleur(e)s ami(e)s.
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