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Société

Quand ma copine m’a violenté, c’est moi, son mec, qu’on a soupçonné

Cet homme est resté en couple plus d’un an avec une femme qui le violentait, psychologiquement et physiquement. Il revient sur cette période douloureuse de sa vie, et les conséquences à long terme.

Bonjour, ici Mymy, rédactrice en chef de madmoiZelle.

Un lecteur du magazine m’a contactée après mon récent mea culpa au sujet de l’affaire Amber Heard / Johnny Depp. Il souhaitait me faire part de son expérience personnelle.

Il a été violenté par celle qui partageait sa vie. Le fait qu’elle soit une femme et lui un homme a joué dans la perception de ces violences…

Je te laisse le lire ; son témoignage est douloureux, mais je pense qu’il est important de le publier.

J’ai été victime de violences conjugales par mon ex-compagne, et j’ai été soupçonné « par défaut » du fait de mon genre. Mais pour en arriver à ce point, il me faut raconter toute l’histoire…

Ma compagne et ses problèmes psychologiques

Pendant environ 14 mois, j’ai été en couple avec une jeune femme qui avait développé des troubles me faisant penser à la paranoïa, la bipolarité, à la limite de la schizophrénie.

Ces troubles l’avaient conduite à une dépendance au sexe et à l’alcool.

Je m’étais attaché à elle trop rapidement après notre rencontre pour m’apercevoir avant que quelque chose clochait ; je fus ensuite trop attaché à elle, et même carrément sous son emprise, pour être capable de m’en éloigner.

L’emprise psychologique, c’est ce qui fait que les victimes de violences conjugales ne partent pas à la première insulte, à la première claque.

La psychiatre Marie-France Hirigoyen explique au Nouvel Obs :

« L’emprise est un phénomène de violences psychologiques qui s’installent dans le temps.

Ça commence par une phase de séduction narcissique, une alternance de violences et de marques d’affection. Un brouillage s’opère. […]

Sur le registre cognitif, ces messages contradictoires ont un effet paralysant sur le cerveau. Ce brouillage entraîne la perte de l’esprit critique.

Les personnes sous emprise ne savent plus à quel moment réagir. Vulnérables, ça les amène à se laisser soumettre. »

Je n’avais pas mis le mot de violences à mon égard sur ses comportements à l’époque, plutôt celui de maladie, de problème psychique que j’espérais pouvoir l’aider à régler.

Car c’était quelqu’un qui, les très rares fois où je l’ai vue sobre, était extrêmement attachante et très intelligente, donc j’espérais qu’elle s’en sortirait et qu’on pourrait vivre une vie normale…

La violence psychologique et l’autodestruction

Je n’ai pas souvenir de la première violence physique exactement, c’est venu petit à petit, et j’ai beaucoup refoulé ces souvenirs depuis.

C’était si dur que le souvenir général de violence, et un sentiment d’être oppressé, sont plus forts que des souvenirs factuels.

Je sais comment les choses se sont déroulées dans les grandes lignes grâce aux repères chronologiques que j’ai eus dans ma vie durant cette période, mais je ne saurai pas replacer exactement tel ou tel souvenir dans le temps.

Les premiers mois, nous n’habitions pas ensemble.

Déjà, elle se scarifiait, et me faisait du chantage au suicide quasi-permanent.

Dans son dossier De la peur à la soumission, dédié aux violences conjugales, Marie-France Hirigoyen liste le chantage au suicide parmi les outils de violence psychologique.

Comme le dossier se penche sur les femmes victimes, c’est accordé en fonction.

« Le chantage au suicide constitue une violence extrêmement grave car il conduit la partenaire à endosser la responsabilité de la violence. […] »

Elle me faisait venir chez elle à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit (surtout de la nuit, j’étais en formation à ce moment-là, je n’étais que très peu disponible la journée), soit pour coucher ensemble, soit en m’appelant au secours.

Puis elle me renvoyait chez moi quelques heures plus tard, pour « dormir » seule (en réalité regarder des films d’horreur et boire en quantité astronomique).

Souvent, moins d’une heure après que je sois retourné me coucher chez moi, elle me faisait revenir, puis repartir, puis revenir…

Je pense qu’à cette période, j’ai dû dormir moins de 3 heures par nuit pendant 5 mois en moyenne, dans le meilleur des cas.

Le début de la violence conjugale sur un homme

J’ai dû déménager à 400km de la ville où nous étions, pour reprendre des études. Elle est venue y vivre avec moi, nous avons emménagé ensemble.

C’est là que les vraies violences ont commencé.

À l’origine, j’avais pris un appartement avec deux chambres pour qu’elle puisse travailler tranquillement sans me déranger la nuit.

En effet, elle était dessinatrice de formation, et elle a toujours bossé tard, en regardant des films sur son ordi ou en écoutant de la musique.

Dans les faits, la deuxième chambre est devenue sa chambre. Elle y passait toutes ses nuits, dans les mêmes conditions qu’avant le déménagement, si ce n’est qu’elle buvait encore plus, et de plus en plus.

L’alcool a été défini, par des addictologues et proches de malades alcooliques, comme « le grand oublié de la lutte contre les violences conjugales ».

Selon ces personnes, diminuer la consommation d’alcool en France permettrait aussi de diminuer les cas de violences conjugales.

Lire sur Le Figaro Santé leur lettre ouverte (là encore concernant les violences conjugales avec des femmes victimes) : «Violences contre les femmes: n’oublions pas le rôle de l’alcool!»

Les premières violences physiques furent pour venir me chercher dans ma chambre à n’importe quelle heure pour m’emmener dans sa chambre coucher avec elle, avec plus ou moins de consentement de ma part…

Toujours en me chassant une fois que c’était terminé.

Il faut savoir qu’elle était adepte des relations BDSM.

En ce qui me concerne, j’ai toujours aimé le jeu et la découverte, qu’il s’agisse de sexe ou d’autres pans de la vie, mais je n’avais aucune expérience de ce type de relations sexuelles avant de la rencontrer.

Et je ne pense pas que ça soit vraiment un bon moyen de les découvrir.

Elle avait des fantasmes de se faire dominer de manière violente, mais c’était dérangeant, malsain, car je sentais que derrière, il y avait la volonté de se faire du mal à elle-même.

Ça ne m’attirait pas, mais pour lui faire plaisir je faisais l’effort de tenter de rentrer dans son jeu — vraiment de gros efforts, c’était tellement en dehors de ma nature…

Et le résultat était que presque à chaque fois, j’avais droit à « ouais, c’est gentil de faire l’effort, j’apprécie, mais bon t’étais pas bon sur tel ou tel truc, mon ex faisait ça mieux ».

Pour plein de raisons, j’ai fini par ne plus avoir envie d’elle. Ça tenait au côté malsain de ses fantasmes, à ses critiques incessantes, à mon épuisement physique et émotionnel, aux violences qu’elle m’infligeait…

Sans compter sa forte consommation d’alcool et de tabac, qui couplée à une quasi-absence d’alimentation, l’avait rendue très maigre. Elle n’était pas en bonne santé.

Une sexualité dérangeante et forcée

Je ne sais pas si le terme « nymphomane » est adapté (et je le trouve, historiquement, assez misogyne), mais c’est celui qui me semble le plus compréhensible pour parler de son rapport au sexe.

C’était une dépendance, un acte dont elle se servait pour compenser ou aggraver son mal-être, un peu comme son rapport à l’alcool.

On parle désormais d’hypersexualité plutôt que de nymphomanie (pour les femmes) ou de satyriasis (l’équivalent pour les hommes).

Wikipédia la définit ainsi :

« L’hypersexualité, aussi appelée « sexualité compulsive », est un comportement sexuel humain qui se traduit par une recherche continue et persistante du plaisir sexuel. […]

L’hypersexualité, chez la femme, ne doit pas être confondue avec le syndrome d’excitation génitale persistante. »

Ma compagne vivait nue dans l’appartement, passait son temps à se toucher ou à me sauter dessus (parfois en même temps qu’elle faisait autre chose), même quand je n’en avais pas envie.

Si jamais j’arrivais, mécaniquement, à bander, je ne m’en sortais pas sans avoir couché avec elle. Et si je n’y arrivais pas, elle me rejetait la faute.

On pourrait se dire « tu as de la chance, ta copine a toujours envie de toi ». Et en effet, certaines de nos relations sexuelles étaient pleinement consenties de mon côté.

Mais elles étaient de plus en plus rares, remplacées par des actes qui visaient à tenter (sans succès) de la calmer, à avoir la paix, ou à la retenir d’aller sur Tinder inviter chez nous le premier volontaire venu… ce dont elle me menaçait régulièrement.

Quand la femme est violente dans le couple

Ses premières violences physiques à mon égard étaient quand je l’empêchais de se faire du mal, en cachant tous ses couteaux et rasoirs, ou en tentant de la désarmer.

Dans ces moments-là, qui ont eu lieu les premiers mois avant que nous n’emménagions ensemble, elle avait encore un espèce de tabou envers moi, et n’osait pas trop me toucher…

Sauf dans ses « crises de personnalités multiples », comme elle les appelait.

Selon Wikipédia, qui rappelle que « la validité du TDI en tant que diagnostic médical a souvent été remise en question » :

« Le trouble dissociatif de l’identité (TDI ; ou trouble de la personnalité multiple selon la CIM-10) est un trouble mental défini en 1994 dans le DSM par un ensemble de critères diagnostiques comme un type particulier de trouble dissociatif.

Dans les deux systèmes de terminologie, le diagnostic requiert au minimum deux alters (qui vient d’identités alternantes, terme moins déshumanisant pour désigner ce que l’on appelait avant personnalité) qui prennent systématiquement contrôle du comportement de l’individu avec une perte de mémoire allant au-delà de l’oubli habituel […]

Le TDI est moins répandu que les autres troubles dissociatifs, qui surviennent dans approximativement 1% des cas, et est souvent comorbide avec d’autres troubles. »

Lors de ces crises, elle s’évanouissait (ou faisait semblant, je ne sais toujours pas), et se « réveillait » en prétendant être une autre personne, pas toujours la même.

Selon elle, elle avait 4 ou 5 personnalités distinctes en plus d’elle-même, et 2 d’entre elles étaient profondément violentes, à me cracher à la figure, me gifler…

Dans ces cas-là, qui arrivaient systématiquement au milieu de la nuit, je me retrouvais à devoir m’allonger sur elle en la maintenant pour ne pas risquer qu’elle me fasse du mal ou qu’elle s’en fasse.

Ça pouvait durer quelques minutes, ou plusieurs heures, après quoi elle finissait par se rendormir, pour se réveiller un peu plus tard en étant elle-même (mais mortellement saoule), ou en étant une autre personnalité moins violente.

Parfois, elle se souvenait de ce qui s’était passé, plus ou moins partiellement. Parfois pas du tout.

Le séjour de ma compagne violente en hôpital psychiatrique

Au bout d’un mois et demi de cohabitation, ses parents, sous ma pression, ont fait en sorte qu’elle aille passer une dizaine de jours en hôpital psychiatrique, sous contrainte, pour se sevrer et se faire analyser par un psychiatre.

Mais elle n’a jamais été diagnostiquée.

Je crois que c’est parce que dès qu’elle cessait de boire, elle cessait de faire ses crises, donc les médecins n’ont jamais vu jusqu’où ça pouvait aller, ils ne s’en sont jamais douté.

Avec le recul, j’identifie, personnellement, l’alcool comme un déclencheur de ses crises, mais pas comme leur raison profonde. Tout comme l’alcool n’était pas déclencheur de sa dépression.

Le fait que les crises cessent en état de sobriété semble contredire un possible diagnostic de Trouble Dissociatif de l’Identité, car comme le rappelle Wikipédia :

« Les symptômes [du TDI] ne peuvent être l’effet temporaire d’un abus de substances ou d’une condition médicale généralisée. »

Qui plus est, elle avait l’habitude de dissimuler ses problèmes à quasiment tout le monde, donc ils n’ont jamais rien vu…

Ils ne se sont JAMAIS intéressés à ses crises, vu qu’elle n’en faisait pas quand elle était sobre, et que par peur d’être enfermée de force pour un long moment, elle ne leur en a jamais parlé.

On ne lui a même pas diagnostiqué une dépendance à l’alcool ; ce que j’ai entendu à ce sujet, c’est « vous n’êtes pas une vraie alcoolique, vous buvez parce que vous êtes dépressive, mais ça va aller ».

Niveau médication, elle n’a eu qu’une version hyper légère d’un générique du Valium, mais c’est tout.

À mon sens, c’est clairement une raison de finances, liée au fait que les hôpitaux psychiatriques sont cruellement en manque d’argent et donc de matériels et de personnels.

Mais si c’est allé aussi loin c’est aussi parce que le personnel hospitalier n’a jamais été capable de voir derrière le masque qu’elle leur montrait, de s’apercevoir que le problème allait plus loin qu’une dépression et la consommation excessive d’alcool.

La spirale de la violence dans le couple

Quand elle est sortie, dès le premier jour, c’était encore pire.

Elle me haïssait en me rejetant la faute de son hospitalisation (« pire que la prison », selon ses propres mots). Au lieu de l’aider ça l’a faite vriller encore plus…

À partir de là, elle était devenue irrattrapable, je crois. Mais c’est une analyse que je fais a posteriori, je n’avais pas cette pensée à l’époque.

Elle s’est mise à boire encore plus et j’ai tenté de prendre des mesures pour l’en empêcher (cadenasser les bouteilles, jeter l’alcool).

Le résultat, à chaque fois que j’ai fait ce genre de choses, a été de me frapper, ou de me menacer avec des armes blanches (comme une lame décorative que j’ai au mur, ou un couteau de cuisine).

Se défendre contre une compagne violente

Moi, je ne l’ai jamais frappée directement, mais il m’est arrivé, lorsqu’elle menaçait de se ou de me faire du mal (avec une lame la plupart du temps), de l’en empêcher.

Je l’immobilisais, je l’éloignais, je l’évitais, je tentais le cas échéant de la désarmer.

Je n’ai jamais eu aucun acte envers elle qui ne soit pas de la légitime défense de mon intégrité physique — ou de la sienne, paradoxalement.

Et comme j’ai fait un peu de sports de combat plus jeune, je me suis toujours efforcé de la maîtriser sans jamais la frapper ni la blesser.

Mais je n’arrive pas à m’empêcher d’avoir honte.

Elle était en très mauvaise santé, comme je l’ai dit. Une simple saisie du bras un peu ferme pour l’empêcher de bouger lui créait immédiatement des bleus, par exemple…

Bleus dont elle m’accusait d’être responsable.

Les policiers me soupçonnent, moi, victime, d’être coupable

Un soir, particulièrement saoule même selon son habitude, elle a fait une crise de paranoïa dans son coin alors que je dormais, et a appelé la police en disant simplement « j’ai peur, venez m’aider ».

J’ai été réveillé par elle venant me chercher et me disant « la police est à la porte, ils veulent te parler ».

Lorsque j’ai ouvert, des policiers étaient là, à me braquer avec leurs tasers, puis nous ont emmenés chacun dans un pièce de l’appartement pour nous interroger.

Ils sont repartis une heure après, sans trancher, en disant « réglez vos problèmes, sinon on revient emmener l’un de vous deux en garde à vue ».

Il était évident dans leur ton qu’ils sous-entendaient que ce serait moi — un choix « basé sur des statistiques », comme dans l’affaire Amber Heard / Johnny Depp.

De fait, entre les conséquences de ses attaques envers moi et donc de mes actes de défense, ses propres scarifications, sa maigreur extrême, et les quelques marques causées par ses demandes lors de nos actes sexuels…

Elle faisait peur à voir. Alors je comprends leur suspicion, surtout que c’est elle qui les a appelés.

Et puis, au final ils n’ont interpellé personne. L’affaire a dû leur paraître compliquée.

Une communication impossible avec ma compagne violente

Est-ce que j’ai essayé de communiquer avec ma compagne ? Bien sûr. De nombreuses fois.

J’ai tenté de tout mettre à plat, qu’on discute, qu’on reparte de zéro pour essayer de l’aider à s’en sortir sans continuer comme ça… Sans succès.

Dans la première partie de notre relation, avant d’emménager ensemble, ses réactions étaient systématiquement « je m’en fiche moi, je veux mourir, je suis déjà morte de toutes façons ».

Dans la seconde partie de notre relation, après le déménagement mais surtout après son premier séjour en hôpital psy, ses réactions étaient devenues :

« Je vais m’en sortir et je veux m’en sortir, mais j’ai besoin de temps, laisse-moi le temps, ni toi ni mes parents ne m’en laissez jamais, c’est votre faute, j’ai besoin de temps. »

Sauf que ça n’était jamais suivi d’effets. Quel que soit le temps qu’on pouvait lui laisser, cela n’arrangeait rien ; au mieux elle stagnait, au pire ça empirait encore.

Plus je tentais de la convaincre de se faire aider par des psys ou des institutions, ou de boire moins, plus elle me rejetait la faute de tous ses troubles.

Toujours dans De la peur à la soumission, Marie-France Hirigoyen explique :

« L’inversion de la culpabilité est une conséquence directe de la manipulation et du chantage.

Les femmes pensent que si le partenaire est violent c’est parce qu’elles n’ont pas su le combler, qu’elles n’ont pas su s’y prendre avec lui ou qu’elles ont eu un comportement inadapté. […]

Les hommes renforcent leur culpabilisation lorsque la femme menace de partir. Elles sont alors accusées de vouloir les détruire, et cela est renforcé par le chantage au suicide.

Le partenaire leur injecte la culpabilité qu’il n’éprouve pas. »

Elle disait que si je ne l’avais pas envoyée en HP on en serait pas là, que si j’arrêtais de la fliquer elle boirait moins (ce qui, preuves à l’appui, n’a pas été le cas), que je devais la laisser faire, etc.

En un mot comme en cent, la communication n’a jamais été possible.

Comment j’ai réussi à quitter ma compagne violente

Au bout d’un an et quelques de vie commune, j’ai réussi, grâce à la compréhension et l’aide des médecins du SAMU, à envoyer ma compagne 3 mois en hôpital psychiatrique.

J’ai réussi à convaincre ses parents (qui se lavaient habituellement les mains des problèmes de leur fille et m’utilisaient pour les gérer à leur place) d’organiser son déménagement pendant ce temps, pour à sa sortie la reprendre chez eux.

Mais son influence sur moi était telle, que même me sentant libéré, je n’ai pu refuser lorsqu’elle a repris contact avec moi.

Nous avons discuté par Messenger pendant quelques semaines, avant qu’un message de sa mère, m’accusant d’être responsable des problèmes de leur fille et de ne pas l’aider en continuant à lui parler, ne m’aide à définitivement couper les ponts…

Elle me menaçait de porter plainte contre moi si nous ne cessions pas tout contact.

Bien qu’étant très choqué d’être vu comme le bourreau et non comme la victime, et ce malgré tout ce que j’avais vécu, j’ai obtempéré.

Non sans une réponse assassine à cette dame à laquelle j’ai dit ses 4 vérités quant à ses responsabilités dans les problèmes de sa fille !

Et le fait de devoir couper les ponts avec elle suite à cette discussion fut la meilleure chose qui me soit arrivée depuis que je l’avais rencontrée.

Les conséquences, à long terme, de la violence conjugale

Cette histoire fut tellement traumatisante que, même encore aujourd’hui, il m’arrive d’en faire des cauchemars ou des crises de paranoïa liées à ce que j’ai vécu.

Enfin, le mot « paranoïa » est peut-être trop fort, je ne sais pas, mais en tout cas ça m’a lourdement marqué.

En gros, j’ai régulièrement des flash-backs ; ce ne sont pas des images visuelles, mais des ressentis ou des peurs qui reviennent.

Par exemple, il m’arrive de me réveiller la nuit en ayant l’impression d’entendre un bruit, comme quand mon ex venait se faufiler dans le salon pour prendre de l’alcool, pour me réveiller, pour prendre une arme.

Dans ces cas-là, je n’arrive pas à me rendormir sans m’être levé plusieurs fois pour vérifier qu’elle n’est pas là et que rien ne se passe.

Il n’y a pas longtemps, j’ai aussi eu une crise de panique en ouvrant la porte de chez moi le soir et en voyant de la lumière dans l’entrée.

J’ai cru que mon ex était revenue de force (elle l’avait déjà fait, avant que je ne réussisse à la faire hospitaliser assez longtemps pour organiser son déménagement), alors que j’avais juste oublié d’éteindre la lumière en partant…

De la même manière, il m’est arrivé de faire des crises de panique lorsque ma compagne actuelle, avec laquelle tout se passe bien, ne répondait pas à un de mes messages au bout de quelques heures, ou lorsqu’elle était censée revenir de quelque part et que je n’avais pas de nouvelles.

Pourtant, je ne suis pas comme ça de base, j’ai la confiance la plus totale et absolue en elle !

J’ai l’énorme chance qu’elle me comprenne et me calme sans jamais le prendre mal.

Mais même aujourd’hui, vous l’aurez compris, cette relation violente a un impact sur ma vie. J’ai d’ailleurs suivi une thérapie à ce sujet, ce qui m’a permis d’évacuer beaucoup et de me sentir mieux.

Dans Les violences conjugales : pour une clinique du réel, signé par quatre thérapeutes, on peut lire ce qui suit :

« Les violences conjugales répétées et chroniques, dont l’impact associe des troubles multiples, nécessiteraient le développement de la notion d’état de stress post-traumatique complexe (Herman, 1992).

Elles peuvent avoir un effet puissant, déstructurant, désorganisateur et traumatisant pour les personnes impliquées et leur entourage.

Celles-ci peuvent être atteintes dans leur intégrité et leur identité : au niveau de leur territoire bio-corporel, au niveau de leurs représentations psychoaffectives et au niveau de leurs compétences relationnelles et sociales.

Outre l’isolement, la peur et la perte de l’estime de soi, la confusion des ressentis et des pensées peut amener la personne victime à se demander si ce qu’elle vit est réel et si elle en est coupable. »

Comment se reconstruire après la violence conjugale ?

Je ne sais toujours pas si j’ai une part de responsabilité dans l’état physique et mental de mon ex-compagne, mais j’en fais encore des cauchemars.

Je ne peux m’empêcher de me sentir coupable, même si de très nombreuses personnes m’ont assuré que non une fois les faits connus par mon entourage.

Je sais que d’un côté je ne faisais que me défendre, mais je sais aussi que la situation n’est jamais toute noire ou toute blanche et que j’aurais peut-être pu trouver d’autres solutions ?

Même si c’est facile à dire avec du recul que je ne pouvais pas avoir à l’époque.

En tout cas, je voudrais dire à toute jeune femme ou tout jeune homme qui se reconnaîtrait dans cette situation : c’est simple. Fous le camp. Fuis.

Je sais que c’est très difficile, à la fois moralement, émotionnellement, physiquement et matériellement, mais barre-toi.

On ne peut pas sauver quelqu’un qui ne veut pas l’être, et tu finiras toi-même par te faire hospitaliser avant que tes tentatives de l’aider n’aies le moindre résultat. Hospitaliser… ou pire.

La vie, ce n’est pas ça. Ne coule pas avec elle, ne coule pas avec lui.

Si tu es victime de violences sexuelles, physiques et/ou psychologiques perpétrées par ta moitié, tu peux trouver de l’aide.

Si tu es ou que tu connais une personne dans ce cas, voici des numéros, des associations et des articles utiles vers lesquels te tourner :

La plupart des associations s’adressent aux femmes victimes de violences, mais j’espère qu’elles sauront prêter une oreille attentive à un homme en danger.

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Les Commentaires

31
Avatar de JAK-STAT
17 février 2020 à 12h02
JAK-STAT
@Nuitella je demande à ce qu'on ne cite pas mes spoilers donc je te prie de le retirer, aussi de développer un peu plus si vraiment tu veux commenter, parce que c'est pas ouf de mettre deux mots et un emoji. J'ose dire que c'est inutile. Enfin en définitive je me fiche de ton avis sur mon post, qui ne t'est pas adressé. J'espère ne pas trouver un seul message de toi où tu reviens sur un propos, ce serait ironique.
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Voir les 31 commentaires

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