« J’allais littéralement me laisser mourir tellement j’avais peur. »
Voilà dans quel état d’esprit était celui que je nommerai Max, il y a un an, quand un cancer l’a mené à subir une ablation du pénis.
Après avoir demandé des conseils à la communauté de Reddit pour aborder sa nouvelle vie sexuelle, cet Américain a eu envie de donner de ses nouvelles à celles et ceux qui l’ont aidé, et de partager les leçons apprises pendant cette année sans pénis.
Faire l’amour sans pénis, c’est possible
Dans un monde où la seule possession d’un pénis (de préférence gros, grand et vigoureux) est gage de puissance virile, la perte de ce précieux organe équivaut presque à « ne plus être un homme ».
Toute la sexualité hétéro est normée autour du zizi sacré et de la pénétration vaginale, donc la plus grande peur de Max après son opération était ne plus avoir de vie sexuelle. Une appréhension qui s’est vite effacée :
« J’ai découvert cette année que le fait de ne pas utiliser un pénis ne signifie pas que l’on ne peut pas faire de sexe.
Bien sûr, je ne peux pas pratiquer la pénétration (je ne compte pas l’utilisation d’un gode ceinture), mais maintenant ma vision de la sexualité s’est considérablement ouverte.
On fait du sexe oral, on utilise nos doigts, on stimule nos tétons, et on se fait même des sessions de bisous que je considère comme de véritables sessions de sexe osé. »
C’est beau de voir le champ des possibles s’étendre comme ça, à perte de vue…
La sexualité, c’est en effet bien plus que pénis-dans-vagin, comme je l’ai notamment expérimenté moi-même en testant une session de bondage japonais, TELLEMENT érotique.
Comment jouir sans pénis
Max explique aux utilisateurs curieux du forum qu’il a toujours des orgasmes. Voici de quelle façon :
« Je jouis en grande majorité par stimulation des testicules, du périnée et de l’intérieur des cuisses par la langue de ma partenaire.
La sensation est un million de fois plus intense qu’elle l’était auparavant. J’ai toujours des éjaculations qui viennent d’un orifice créé derrière mes couilles, dans la zone périnéale.
J’ai toujours ma prostate et mes testicules, donc la consistance et l’apparence du sperme est toujours normale, et il s’égoutte par l’orifice, en quelque sorte.
Je peux aussi jouir par stimulation des tétons. Ils sont devenus une zone érogène depuis l’opération, et les orgasmes que j’ai de cette manière sont incroyables. »
À la manière d’une personne aveugle dont les sens se développent pour compenser la cécité, Max a découvert et augmenté le potentiel des autres parties de son corps.
Une exploration qui est finalement à la portée de tous et toutes, pour peu que l’on s’intéresse à autre chose qu’aux organes génitaux à proprement parler !
Une sexualité sans pénis : la qualité avant la quantité
Si la nature des relations sexuelles de Max a évolué, ses sessions de sexe ont également gagné en qualité :
« Avant l’opération, on faisait l’amour environ 7 fois par semaine, et ça se terminait toujours par mon éjaculation.
Aujourd’hui, je dirais qu’on le fait 2 fois moins souvent, mais la qualité de nos relations sexuelles est incroyable.
À l’opposé de nos sessions de 15-20 minutes, on fait aujourd’hui l’amour pendant une bonne heure parfois.
Comme je n’ai pas de pénis, je ne jouis pas à chaque fois, mais c’est OK car ma partenaire a tellement plus d’orgasmes maintenant.
En fait, la situation s’est retourné : elle a plus d’orgasmes que moi et j’adore car ça me booste à fond l’ego.
Cela devrait rassurer ceux qui s’inquiètent quant à la taille de leur verge : il n’y a pas besoin de pénis en soi pour donner du plaisir à une femme.
Je suis très contente pour la copine de Max, mais j’en profite donc pour vous rappeler qu’il n’est nul besoin d’attendre une ablation du pénis pour se pencher sur le plaisir de sa partenaire, ou pour réclamer le sien !
Assumer son corps, la clé de la sexytude
Cette opération a bouleversé Max dans son rapport à son corps. Complexé, il a dû reconquérir sa confiance en lui et son sex-appeal :
« Il s’est passé des mois pendant lesquels je ne pouvais pas me mettre nu devant ma partenaire parce que je me sentais « pas assez » ou honteux.
Depuis, j’ai travaillé sur moi et j’ai appris que le fait de se sentir bien dans sa peau joue énormément sur le sex-appeal : si tu te sens sexy, la personne te trouveras sexy aussi. »
Ce qui n’est pas sans nous rappeler cette fabuleuse vidéo en collab avec A.I.M, la reine de la lutte contre les complexes !
La communication, le meilleur moyen d’avoir du plaisir
Enfin, ce changement physiologique aura aussi permis à Max de mieux exprimer ses besoins au lit :
« J’ai appris que la communication est importante, en particulier pour fixer ses limites.
Il y a quelques mois, ma partenaire avait évoqué l’idée de me pénétrer et j’étais terrifié.
On a eu une conversation récemment sur le sujet et j’ai clairement dit non. […]
On en a parlé longuement et on a décidé que si on essayait l’anal sur moi, ce ne serait pas avec un gode ceinture, mais qu’on pourrait utiliser un sextoy non phallique pour me stimuler sans que je me sente « baisé ».
En communiquant, nous avons résolu cette difficulté. »
Je ne le répéterai jamais assez : pour bien niquer, il faut communiquer !
Max achève son témoignage en remerciant les membres du forum qui l’ont conseillé et soutenu durant cette redécouverte de la sexualité, et en souhaitant que son histoire puisse venir en aide aux personnes dans son cas.
Perso, je pense que tout un chacun peut en tirer d’excellentes leçons…
Et toi, jeune hétéro, tu imagines faire du sexe sans pénis ?
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Il a vécu deux choses extrêmement difficiles, un cancer et la perte de son pénis. Il est devenu plus fort, plus à l'écoute de ses sensations et de celles de sa partenaire et c'est en un sens magnifique.
Mais il appuie sur un thème très sensible qui ne passe plus du tout maintenant : l'égoïsme sexuel des hommes cis hétéros et leurs fantasmes de domination. Culture du viol ?...
Alors bien sûr, lui comme beaucoup d'hommes cis hétéros n'ont jamais vu les choses sous cet aspect. Bien sûr, certains de nos partenaires, à nous lectrices de Mad, pensent de la même façon.
Mais c'est juste rageant, quoi. Peur de se faire "baiser" par sa partenaire, terminer le rapport sexuel sur son orgasme à lui... En gros, quoi de mieux qu'une bonne révolution féministe ou qu'une grave maladie pour se rendre compte que, ah mince, les femmes aussi ont droit à autant d'orgasmes et peuvent en avoir autant que les hommes ?
C'est un peu comme dire "Mais je savais pas, j'en avais pas conscience"... On peut toujours s'appuyer sur la culture dominante qui a martelé tous les esprits jusqu'à il y a peu (rapport sexuel = b*te dans ch*tte, l'orgasme féminin est mystérieux et quasi inatteignable), mais ça dénote au fond un certain manque d'altruisme et d'empathie. Un manque d'intelligence sexuelle en somme...