Coucou mes p’tits loups ! Ça fait longtemps, hein ? Je suis de retour pour vous conter une belle histoire à base de chibre. Je sais que ça vous fait plaisir.
Il y a quelques temps, j’ai passé la nuit avec un garçon pour la première fois. Je vous le dis comme c’est car je n’ai pas de secret pour vous : on avait pas bu que de la grenadine, et la chose fut agréable, mais quelque peu brouillon.
On s’est pas endormis en plein milieu mais pas loin, quoi.
Quand il ne jouit pas
Le lendemain matin midi, ayant à peu près émergé du brouillard, c’est avec un bel enthousiasme que nous reprîmes la partie là où elle s’était interrompue.
Avec les doigts, avec la langue, avec le chibre (appelons un chat un chat, hein), ce ne fut que souplesse et volupté, mais je finis par me dire que monsieur durait tout de même longtemps. Très longtemps. Étrangement longtemps.
Il prenait son pied, et moi aussi, mais laissez-moi vous dire un truc : je ne suis pas faite de vaseline, moi, hein.
La lubrification naturelle a ses limites, tout comme mon souffle d’ailleurs, et au bout de plusieurs heures de pilonnage sympathique…
J’avais l’impression que Max (c’est pas son vrai prénom mais j’aime bien) avait suivi les bons conseils de Freddy pour faire du feu dans Koh Lanta.
L’anorgasmie masculine c’est quoi ?
Sentant que ma vulve me suppliait d’arrêter de faire des signaux de fumée, j’ai laissé entendre à mon aventurier que j’avais besoin d’une pause et que ma décision était irrévocable.
Quelques morceaux de noix de coco plus tard, alors que nous étions occupés à nous bécoter, écroulés nus sur le lit tels des baleines échouées (mais sans sable dans la raie, car la vraie vie est un poil moins relou que Koh Lanta), il me fit une confidence.
« Tu sais, si t’attends que je vienne… Enfin, que je jouisse, quoi. Ça va pas arriver.
J’ai un petit souci, je ne jouis pas quand je suis avec quelqu’un, je peux me faire jouir mais pas éjaculer quand je fais l’amour. Mais c’est quand même super bien ! »
C’est ça, l’existence : on croit tout savoir, avoir tout vu, et puis boum, une nouveauté.
Une personne avec un pénis qui n’éjacule pas automatiquement à la fin d’un coït, c’est une petite évidence qui se retrouvait soudain remise en question.
En tant que femme équipée d’une vulve, un vagin, un clitoris etc., j’étais habituée de mon côté à avoir des rapports sexuels ne se soldant pas forcément par un orgasme, car je ne jouis pas toujours super facilement…
Mais je n’avais pas envisagé la chose du point de vue de mon partenaire.
L’anorgasmie masculine et la psychologie
Pour toi, lectorat, je me plie en quatre encore plus que pour une partie de jambes en l’air : me voici sur UroFrance, le site de l’association française d’urologie. On y lit que :
« L’anorgasmie (également appelée anéjaculation sans orgasme) est définie par l’absence persistante ou répétée de l’orgasme après une phase d’excitation sexuelle normale.
L’orgasme tardif, difficile à atteindre, est une forme mineure d’anorgasmie. La prévalence de l’anorgasmie masculine a été respectivement évaluée dans les enquêtes ACSF (France 1993) et NHSLS (USA 1999) à 14 et 8 %. […]
Les facteurs de risque d’anorgasmie sont le plus souvent psychologiques, mais aussi neurologiques et médicamenteux. […]
L’anorgasmie sans facteur de risque organique justifie un bilan sexo-psychologique. »
14% et 8%, ça fait du monde en fait ! Si on prend le premier chiffre, correspondant à une étude française, on arrive à 4 480 000 personnes touchées par l’anorgasmie. Ce souci méconnu est donc loin de ne concerner que quelques cas isolés.
Ce bon vieux Max était, coup de chance, assez ouvert à ce sujet (on imagine facilement à quel point l’anorgasmie peut générer des complexes : je n’étais donc pas sûre qu’il soit prêt à en parler).
Il n’avait eu des relations qu’avec des femmes et n’avait jamais joui pendant le coït. La raison, selon lui : une ex-copine, la première (en tout cas la première qui compte).
Véritable grognasse personne chelou, elle avait passé la durée de leur relation à le rabaisser, notamment en moquant son désir — il était vierge à l’époque.
Il avait donc développé un blocage lié à sa sexualité, sur lequel il était en train de travailler avec l’aide d’un psychologue spécialisé dans le rapport au corps et à la bagatelle.
L’anorgasmie masculine, des solutions ?
Un lecteur de madmoiZelle (appelons-le Moritz) (référence culturelle venue d’outre-Rhin), lui aussi touché par ce problème, a eu la gentillesse d’échanger avec moi sur ce sujet.
Pour lui, l’anorgasmie n’est pas un terrain connu, mais une nouveauté. Elle ne le concerne que depuis peu.
« J’ai rencontré des soucis pour jouir depuis une récente rupture : c’était la fin d’une relation longue qui m’a vraiment marqué.
Je ne manque pas de désir, mais je pense que le fait d’être habitué à une partenaire joue, et puis j’ai probablement sous-estimé l’impact psychologique que cette rupture a eu sur moi. »
N’ayant jamais eu de problèmes pour jouir, Moritz a eu du mal à accepter cet état de fait. Mais même sans aide psychologique ou médicamenteuse, il semble être sur la bonne voie pour que ce souci ne soit que passager.
« Je l’ai clairement mal vécu !
Cela dit, j’ai eu la chance de tomber sur des partenaires qui m’ont rassuré, et en appréciant l’acte sans forcément me focaliser sur ce que je voyais comme un objectif, je me suis détendu.
Depuis que le problème s’est manifesté, il a évolué. En me détendant et en me mettant moins de pression pour jouir, j’ai repris petit à petit confiance en moi ; je kiffe carrément plus le sexe et je jouis plus régulièrement ! »
L’anorgasmie masculine, c’est pas si grave
Moritz met ici le doigt sur un sujet intéressant : il voyait l’orgasme comme un objectif, car même s’il confirme avoir déjà eu « des éjaculations sans orgasmes », il était tout de même habitué à jouir sans problèmes.
Cela faisait partie intégrante d’un rapport sexuel comme il le concevait.
En ayant du mal à, comme on dit, « aller jusqu’au bout », il a commencé à se mettre la pression… ce qui peut induire un cercle vicieux.
Se prendre la tête au lit, c’est loin d’être réservé aux gens ayant du mal à jouir.
Le culte du plaisir, de la performance, de la nouveauté, les douze mille articles nous apprenant à faire l’amour « mieux »…
Autant de saletés qui sacralisent et normalisent un acte sain, dans lequel chacun et chacune devrait pouvoir trouver son plaisir comme il/elle le sent.
Le sexe avec un partenaire souffrant d’anorgasmie masculine
Passer du temps avec Max m’a appris à faire l’amour différemment. Au lieu d’une progression plus ou moins longue menant à l’orgasme de mon partenaire, et 99% des fois à la fin du coït, ça pouvait durer, durer…
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Pas des journées entières, mais pas loin. Cette belle illu est signée Tomdapi !
Faire l’amour avec Max, c’était un peu comme la marée : ça s’intensifiait, ça se calmait, ça repartait.
Laissez-moi vous dire que j’en ai appris pas mal sur mes propres limites, mes goûts, mes envies… et que très vite, le fait qu’il ne jouisse pas est devenu « normal ».
Parfois, il utilisait sa main à la fin, le plus souvent non ; il prenait du plaisir même sans atteindre l’orgasme, et kiffait me voir en prendre aussi.
Ça fait toujours du bien de remettre en question une évidence.
Si on souffre de ne pas jouir, il est évident que rechercher des solutions, que ce soit via un psychologue et/ou par un examen physique, est une bonne idée !
Mais il est possible d’avoir une sexualité épanouie sans passer par la case « orgasme ».
Oh, et n’oubliez pas : pour ne pas avoir l’impression que Moundir essaie de faire naître une braise dans votre schnek, le lubrifiant est votre ami.
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Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Finalement, j'ai rompu avec ce monsieur. Et je suis dans une relation, mais tellement à l'opposé, mais tellement, les madz...
Celui qui est désormais mon ex a un certain nombre de choses à régler avec lui-même. Et il comptait trop sur moi. J'ai lâché l'affaire, en espérant que ce sera le coup de pied au cul qu'il lui faut pour avancer. Enfin bref.
Finalement, jouir ou pas, tant qu'on s'informe, qu'on se parle, ça va. Ce sont les non-dits qui génèrent le stress.
Oh, puis, on ne cesse jamais d'apprendre. L'éjaculation, c'est pas l'orgasme, en fait, c'est bien différencié chez les hommes. (ptet chez les femmes...?)
Cf ici :