— Article publié le 16 juillet 2019
Les femmes sont moins payées, les femmes ont moins de postes à responsabilités, les femmes ont plus de corvées ménagères…
Si au moins, pour compenser un peu, elles pouvaient se faire bouffer la chatte autant qu’elles sucent.
Mais MÊME PAS.
Le cunnilingus, symbole du plaisir féminin nié
Malheureusement, les inégalités hommes/femmes perdurent aussi au lit.
Les femmes hétérosexuelles ne doivent pas trop aimer le sexe au risque d’être slut-shamées, elles ont moins d’orgasmes que le reste du monde et, cerise sur le clito, elles sont beaucoup moins nombreuses que les hommes à recevoir du sexe oral.
En 2016, une grande étude sur la satisfaction sexuelle illustrait ce double standard.
Les femmes hétéros ont deux fois plus de chances ne pas recevoir de sexe oral (25%), contre 10% d’hommes déclarant ne pas recevoir de fellation.
Bien sûr, de même que tous les hommes ne sont pas fans de fellation, toutes les femmes n’aiment pas les cunnis (mais elles sont tout de même 69% à trouver ça très agréable d’après cette étude).
Évidemment, le consentement reste la base de toute relation sexuelle. Il n’est pas question de forcer qui que ce soit à lécher une vulve s’il n’en a pas envie.
Et ce n’est pas parce que l’on « donne » telle pratique que l’on doit automatiquement recevoir (sinon les hommes hétéros se feraient beaucoup pénétrer).
Il n’est donc pas question ici de prôner le cunni à tout prix, mais de savoir comment réagir lorsqu’un partenaire se montre réticent alors que, pour toi, c’est très important.
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Pourquoi certains hommes ne font pas de cunni
Avant de voir comment ouvrir cette discussion avec le concerné, penchons-nous sur les raisons des inégalités en matière de sexe oral.
50% de chances en moins de se faire lécher que de se faire sucer, ce n’est quand même pas rien et j’imagine qu’au-delà du « c’est pas mon truc », la réticence masculine prend aussi ses racines dans des préjugés sexistes.
Longtemps tabou, le sexe oral peut être tout d’abord perçu comme un acte de soumission pour celui ou celle qui le prodigue.
C’était l’argument en carton employé par DJ Khaled en 2015 pour justifier son refus de brouter des chattes : « cCest différent pour les hommes. Nous sommes des Rois ».
Bon. Je ne suis personnellement pas d’accord avec cette idée, car placer ses dents aussi près de l’appareil génital de quelqu’un, c’est plutôt être en position de dominer à mon sens (un coup de canine, et je brise ta vie).
Et puis donner du sexe oral peut procurer autant de plaisir que d’en recevoir ! La question n’est donc pas de « s’abaisser » à le pratiquer ou non.
Surtout, le tabou généralisé, les mythes autour du plaisir féminin, et le manque d’éducation sexuelle en général, pourraient bien freiner certains garçons.
La méconnaissance et le dégoût ambiant du sexe féminin peuvent notamment être une des raisons pour lesquelles certains hommes n’aiment pas faire de cunnilingus, en entretenant la peur des sécrétions vaginales, de l’odeur, des poils…
Il est aussi possible que les garçons concernés soient effrayés de « mal faire » et n’osent pas exprimer l’ensemble de leurs craintes.
Résultat : des relations sexuelles déséquilibrées, et pas mal de frustrations à la clé.
Le cunnilingus et le problème des « préliminaires »
Centré sur le plaisir des hommes, le porno mainstream a institué la fellation comme pratique incontournable, de même que le pénétration vaginale voire anale.
D’ailleurs, si les hommes hétéros sont ceux qui ont le plus d’orgasmes, tous genre et orientations sexuelles confondus, c’est aussi car ils sont ceux qui reçoivent le plus de sexe oral.
Tout ce qui est possible de faire au lit mais qui n’est pas une pénétration vaginale ou orale a été relégué au rang de « préliminaires ».
Avec le doigtage, la branlette et autres joyeusetés, le cunnilingus a donc été réduit, selon le dictionnaire Larousse, à une pratique « qui précède et prépare une autre chose considérée comme plus importante ou principale ».
Comprendre : on y pensera si on y pense, c’est pas la prio sur ma to-do.
Pourtant le sexe oral joue un grand rôle en matière de plaisir féminin, sachant que la majorité des femmes ne peuvent accéder à l’orgasme via la pénétration seule.
En clair, considérer le cunni et le touchage de chatte comme une option, c’est avouer ouvertement que le plaisir de la dame est secondaire, et/ou faire passer le message, implicite ou non, que la vulve de sa partenaire est dégoûtante…
Sauf si c’est pour mettre sa bite dedans !
C’est triste, et plutôt injuste.
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Il ne veut pas me faire de cunnilingus, que faire ?
Connaissez-vous la communication ?
Depuis #MeToo et la conscience publique grandissante au sujet du consentement, le dialogue entre partenaires est ENFIN reconnu comme l’ingrédient indispensable du bon sexe qu’il a toujours été.
La première étape lorsque l’on souhaite recevoir un cunnilingus est donc de le demander.
Il ne s’agit pas, bien sûr, de réclamer ton dû et de coller la pression à son partenaire, tout comme tu apprécierais moyennement qu’il insiste pour que tu le suces, mais simplement d’ouvrir la conversation.
En parler, évoquer ton envie, c’est déjà être actrice de ton plaisir et prendre ta part de responsabilité.
Cela mènera sans doute à des compromis des deux côtés : l’enjeu de la communication n’est pas d’obtenir ce que tu souhaites à coups d’ultimatum mais au moins de vérifier que tu peux exprimer tes désirs, sans peur d’être jugée, et être entendue.
Bref, de vérifier si ce partenaire est fait pour toi ou non, car quelqu’un qui se fout de ton plaisir et rechigne à prendre tes indications en compte n’est sûrement pas la bonne personne.
Comment demander un cunnilingus ?
Il peut être déstabilisant et effrayant de réclamer ce que l’on souhaite en tant que femme hétéro, dont le rôle stéréotypé est souvent cantonné à la passivité.
Or, même si tu n’es pas certaine d’obtenir gain de cause, tu es toujours dans ton bon droit lorsqu’il s’agit d’exprimer tes désirs.
Il n’y a pas de « bonne manière » de demander du sexe oral, mais il peut être intéressant de donner un côté hot à cette conversation, afin de pas la faire tourner au plaidoyer plaintif qui n’excite personne.
Tu peux ainsi susurrer un petit « J’arrête pas de fantasmer sur toi qui me lèches » ou « Je crève d’envie que tu me fasses un cunni ».
Mieux vaut ne pas avoir peur d’être directe : il est normal de donner des indications pendant le sexe, dans la mesure où il n’y a pas de scénario à suivre comme dans un porno !
Lancer « À mon tour ? » après une fellation suffit à inviter l’autre simplement. S’il est partant, génial, sinon tu souhaiteras peut-être avoir une conversation plus poussée à ce sujet, une fois les festivités terminées ?
Le tout est de ne pas agresser ou culpabiliser l’autre, mais simplement de lui faire part de ton envie avec une phrase du genre « J’adore les cunnis, est-ce que t’aurais envie d’essayer ? » ou « C’est vraiment dur pour moi de jouir sans cunni, tu crois que tu aimerais m’en faire plus ? ».
Il est important d’aborder le sujet avec un esprit ouvert, et d’être prête à écouter ce que l’autre a à dire. A-t-il vécu une expérience traumatisante dans le passé ? Est-ce qu’il a peur des IST ou de faire n’importe quoi ?
Connaître ses réticences pourra te permettre de chercher avec lui des solutions et de le rassurer.
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Accepter qu’il n’aime pas les cunnilingus
Même si tu aimes ça, se faire bouffer la chatte n’est pas la condition sine qua none d’une relation réussie.
Personne n’adhère à toutes les pratiques possibles et inimaginables de la Terre ; bonne nouvelle, il est possible d’avoir une vie amoureuse et sexuelle épanouissante en faisant une croix sur certaines d’entres elles.
Si ton partenaire n’aime vraiment pas les cunnilingus et n’a aucune envie de s’y mettre, tu ne peux pas l’y forcer.
Une fois que tu as eu cette conversation honnête avec lui, il te faudra respecter ses limites s’il maintient son refus.
MAIS, il existe des sextoys qui simulent le sexe oral !
Les plus connus d’entre eux sont les aspis à clito qui miment la succion caractéristique du cunni (testé, approuvé, foncez), mais d’autres reproduisent les mouvements de langue, comme le Ora 2 de Lelo.
Alors si ton partenaire n’a vraiment pas envie d’utiliser sa bouche, peut-être sera-t-il plus emballé à l’idée de se servir d’un jouet…
Et toi, as-tu déjà eu un partenaire qui n’aimait pas les cunnis ? Comment en as-tu parlé avec lui ?
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Les Commentaires
Moi je trouve que réclamer des pipes à sa partenaire (ou s'en laisser faire pépouze) sans lui rendre la pareille, ça c'est être ni clean ni aimant.
Si les femmes qui ne reçoivent rien faisaient la grève de la pepi, les hommes comprendraient ce que ça fait et se remettraient peut-être en question.
Tant mieux si toi tu n'en souffres pas, mais au-delà de ça je trouve cette situation en général très inégalitaire... et dégueulasse.