Publié le 1er juillet 2017
Durant toutes les étapes de mon avortement je me suis dit qu’il fallait que je partage mon expérience sur Internet, parce qu’on y trouve vraiment de tout, et de n’importe quoi au sujet de l’IVG.
Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour que je puisse avoir un recul suffisant sur mon expérience, mais j’ai vraiment été choquée en apprenant la mort de Simone Veil.
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Plus particulièrement, sans doute, parce que la veille, j’étais en train d’avorter. J’ai alors écrit ces quelques lignes parce que j’en ressentais le besoin, car cela me tenait vraiment à coeur.
« Hier matin j’avalais deux cachets à l’hôpital »
À l’heure où j’écris ces mots, nous sommes le 30 juin 2017. Et ce jour, Simone Veil est morte.
Cette nouvelle n’a sans doute pas la même signification pour moi que pour la plupart d’entre vous. Parce que la veille, j’avalais deux cachets à l’hôpital et quelques heures plus tard, un tas de cellule est sorti de mon corps.
Hier j’ai avorté et sans cette femme, cela n’aurait peut-être jamais pu avoir lieu. Sans cette femme et son combat, je serais peut-être encore enceinte.
J’aurais sûrement pu dire adieu à mon année Erasmus, j’aurais eu le droit à de longues discussions avec mes parents, aux regards déçus de mes grands-parents, à la peine de mon copain qui n’en voulait pas plus que moi, à la fin d’une vie innocente et pleine de rêves : la mienne.
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Ce matin du 30 juin, c’est avec une très grande tristesse que j’ai appris la mort de Simone Veil, cette femme qui s’est battue pour que je puisse avoir le droit de disposer de mon corps. Elle s’est éteinte juste après m’avoir permise de jouir de la loi qui porte son nom.
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« Je veux rendre hommage à Simone Veil »
Je n’ai pas encore trouvé les mots justes pour décrire mon expérience, et cela n’est pas le sujet de cette lettre.
Je veux simplement ici rendre hommage à une femme qui a sauvé une partie de ma jeunesse en me permettant (non pas sans douleurs physique et morale) de mettre fin à une grossesse non désirée, qui était venue bouleverser ma vie.
Cette femme est morte vendredi 30 juin 2017, mais son combat ne doit pas rester derrière elle. Rien n’est jamais réellement acquis et le monde d’aujourd’hui nous le montre suffisamment tous les jours.
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L’IVG est un droit, et il y a encore beaucoup de chemin avant qu’il ne soit accepté par tous. C’est pourtant un droit qui m’a sauvé la vie, qui m’a permis de remédier aux conséquences de ce que l’on pourrait appeler une « bêtise » et qui me permet d’avoir les mêmes rêves et les mêmes ambitions qu’il y a un mois.
Merci, Simone Veil. Reposez en paix.
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