Aujourd’hui, mon rat est mort. Cette triste nouvelle ne changera ni la face de la Terre, ni celle de votre voisine de palier : pour autant, envie me prend de partager avec vous, bien chères lectrices, le souvenir d’un animal singulier. Si vous n’aimez point les larmichettes et le racontage de life dans les règles de l’art, passez votre chemin et lolez gaiement au son des excellents articles de SPP ou des drolatiques conseils d’Annelise. Vous êtes toujours là ? Bien. Ôtez vos chapeaux et joignez vos menottes : l’heure est à l’hommage.
Aussi loin que remontent mes souvenirs d’ado rebelle, j’ai toujours rêvé de rats, quand d’autres en avaient une peur bleue. Connaissez vous le nombre de kilomètres qui séparent la Terre du Soleil ? Il est à peu près équivalent au nombre de fois où j’ai supplié mes parents d’adopter un délicieux rongeur. Leur réponse subtile (« Tu auras un rat quand tu auras 18 de moyenne générale ») m’avait interdit d’en posséder un jusqu’à ma majorité. Ainsi, dès que j’eus en main les clés de mon premier appartement, mon premier réflexe fut de courir à l’animalerie la plus proche pour adopter un rattus norvegicus.
Le choix n’a pas été cornélien : il n’en restait plus qu’un seul. Et c’est ainsi que, le cœur léger et le bagage lourd, j’adoptai un délicieux raton auquel je donnais un nom en accord avec mon imminente rentrée en hypokhâgne : Ratus. Depuis, nous avons voyagé aux quatre coins de la France, des terres boueuses du Béarn aux rivages ensoleillés de Palavas-Les-Flots, tourné des vidéos d’art et d’essai à base de papier toilette et de foie gras, monté des numéros digne d’un cirque animalier de campagne. En dix mois de vie commune, je me suis rendue compte de l’étendue des préjugés erronés circulant sur le compte des rats : ces bestioles sont douces, propres, intelligentes, mignonnes et fidèles. Bref, s’ils étaient pourvus d’un pénis digne de ce nom, ils domineraient presque
la race des hommes (en excluant Adrien Brody, faut pas déconner).
Certes, mon animal de compagnie avait quelques défauts, qui n’étaient pas des moindres ; je me souviendrai toujours de l’aube où, à quatre heures du matin, je fus réveillée par un étrange bruit de clapotis : Ratus, défiant les étroits barreaux de sa cage, avait parcouru les méandres de mon dix-huit mètres carrés et, tel un Indiana Jones à quatre pattes, avait courageusement escaladé les falaises de faïence de la cuvette de mes toilettes… Avant de lamentablement échouer dans cet endroit peu fréquentable qu’est leur estuaire. Une autre fois, Ratus me causa une jalousie sans borne, en ce jour de Noël où il reçut de mon meilleur ami une cage de luxe dont le prix s’écrivait avec trois chiffres. Je ne sais que faire de ce vaste logis, aujourd’hui tristement vide. Le jeter, peut-être ? Mon cœur se fend.
Maintenant, alors que j’ai épuisé les réserves en Kleenex de la maison et que le soleil se couche sur la récente sépulture de mon défunt animal de compagnie, je ne puis m’empêcher de penser à cette étrange coïncidence : mon rat, adopté le jour de mon arrivée dans la bien triste ville qui serait pour moi un long purgatoire, s’est endormi à jamais à l’heure même où je la quittais pour toujours. Il m’a aidé à supporter bien des choses – l’éloignement, la solitude, le climat béarnais, entre autres. Comme si, une fois sa mission de réconfort achevée, la brave bête s’était paisiblement envolé vers d’autres cieux. Cette vision un tantinet hollywoodienne me rassure. D’ailleurs, si un jour le monde tourne à l’envers et fait de moi une scénariste underground en vogue, j’écrirais sans doute l’histoire du roi des rats, cette magnanime bestiole envoyée par les dieux de l’Olympe pour sauver les jeunes filles en Béarn détresse.
Bref, même si cela semblera stupide à beaucoup de monde, la perte de mon rat me rend malheureuse. Ainsi, si vous avez connu la perte d’une boule de poils (ou de plumes, ou d’écailles, ou de peau, si vous considérez votre compagn-e-on comme un animal de compagnie), n’hésitez pas à témoigner dans la rubrique « Commentaires » ici-bas. Douleur dite, douleur à moitié finite, dit l’adage.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Jai dabord pris 2 femelles, Sora et Kaya, qui avaient lhabitude de sortir avec moi partout à Montpellier, sur mes épaules, en ville ou dans le tram, toujours avec nous... Elles faisaient des noeuds ds mes cheveux pour pouvoir y dormir sans tomber.
Sora à été très malade depuis des 2 mois, grippe, sinusite, encéphalite aiguë, avc, perte dun oeil, elle ma fait la totale, jai cru la perdre toute les semaines mais cetait une battante, elle est partie beaucoup plus tard que je le pensais.
Un jour le particulier à qui jai pris les 2 Rates m'annonce qu'il a un chien qui a très envie de manger Ruffy, le petit mâle qui lui reste, du coup il veut sen debarasser. Je suis partagée, pas envie de le laisser seul mais déjà 2 rats at home! Et on la pris. Je nai regretté aucune des secondes passées avec ce rat. Il ma donné plus damour en 1 an passé à ses côtés que toutes les relations que jai eu ds ma vie
Cetait et il restera lamour de ma vie. Dailleurs je vais bientôt faire tatouer sa frimousse sur mon Coeur. Il vivait en liberté,me volait mes chaussettes, mes bijoux, dormait avec moi laprem, me tendait sa bouche matin et soir pour un bisou de bonjour/bonne nuit... Il était tout simplement génial. Il a fait 3 petites avec Kaya, il la choppée pendant que jetais pas la, et je les ai faites adopter après avoir perdu Sora en janvier 2013, Kaya en mars, et Ruffy en juillet....