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Hollywood (Netflix) fait triompher les minorités, et ça fait du bien

Et si Hollywood, dès la fin des années 40, avait été inclusif ? Ryan Murphy et Ian Brennan réécrivent l’Histoire du cinéma dans un plaidoyer lumineux en faveur de la diversité.

La première fois que j’ai vu le panneau Hollywood pour de vrai, j’avais 16 ans et des rêves plein la tête.

Hollywood, vendeur de rêves

Tous les mômes de la colonie de vacances où m’avaient collée mes parents observèrent longuement ces quelques lettres, en se racontant les uns les autres ce qu’ils feraient s’ils devenaient un jour des « acteurs célèbres ».

Le guide nous expliqua alors, dans un américain difficilement compréhensible pour les ados inattentifs en cours d’anglais que nous étions pour la plupart, qu’il ne fallait pas trop fantasmer le quotidien de ces movie stars.

Il nous raconta des dizaines d’histoires d’acteurs morts de chagrin de n’avoir pas eu la carrière de leurs idoles et précisa qu’Hollywood était le haut lieu de l’impitoyable et de la dépression.

C’est en partie sur la dimension redoutable de cette machine à rêve que le pourtant très optimiste Hollywood braque ses projecteurs…

Hollywood, la série Netflix, ça parle de quoi ?

Los Angeles, dans les années 40, juste après la Seconde Guerre Mondiale.

Jack Castello (David Corenswet) est un acteur totalement inexpérimenté, auquel personne n’a jamais cru.

Ses parents l’ont toujours considéré comme un homme un peu « simple », et les directeurs de casting ne le prennent pas au sérieux, malgré son sourire extra-white et sa carrure de vétéran.

Dépité après qu’on ne l’a pas choisi pour faire de la figuration sur un tournage, il est abordé par un homme à la toux sévère (Dylan McDermott) à la terrasse d’un bar.

Celui-ci lui propose un travail dans sa station-service. Jack s’y rend et se rend compte qu’il ne s’agit pas d’une station essence comme les autres…

En effet, celle-ci n’engage que des hommes au physique avantageux qui, en plus de s’occuper du maintien des bagnoles, réalisent… des passes.

Temple de la prostitution, la station-service reçoit les têtes pensantes et le gratin du tout-Hollywood, de la femme du propriétaire d’Ace Studios (Patti LuPone) à tout un tas d’hommes occupant diverses fonctions dans ce coin des États-Unis où tout le monde finit par se connaître.

Dans la foulée, Archie Coleman (Jeremy Pope), jeune scénariste afro-américain homosexuel, rejoint vite les pompistes pour satisfaire les clients gay de la station-service.

Il y fait la rencontre de Roy Fitzgerald (Jake Picking), qui se fera bientôt appeler Rock Hudson, un jeune homme très grand et baraqué rêvant lui aussi de devenir acteur.

À ces quelques personnages s’ajoutent Raymond Ainsley (Darren Criss), un réalisateur en devenir fou amoureux de Camille (Laura Harrier), une actrice noire qui fait partie d’Ace Studios, mais qui ne décroche que des tout petits rôles caricaturaux de femmes de ménages simplettes, ainsi que l’agent et prédateur sexuel Henry Willson (Jim Parsons).

Tout ce petit monde, flanqué de problématiques relatives au genre, à l’orientation sexuelle, à l’origine ethnique ou à la couleur de peau, essaie tant bien que mal de se faire une place dans le milieu impitoyable, sexiste, homophobe et raciste du cinéma.

Hollywood sur Netflix, la réécriture rafraîchissante de l’Histoire

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L’intelligence de cette mini-série de 7 épisodes tient dans la réécriture que font Ryan Murphy et Ian Brennan de l’âge d’or d’Hollywood.

Ryan Murphy, créateur de American Horror Story, Glee, American Crime Story, Nip Tuck, Pose et du (franchement mauvais) The Politician livre ici une uchronie qui n’est pas sans rappeler celle de Quentin Tarantino dans Once Upon a Time in Hollywood.

Il répond à la question suivante : et si le Hollywood des années 40-50 avait été inclusif ?

Ryan Murphy rassemble toutes les thématiques chères à son cœur comme la quête de la célébrité et la concrétisation d’ambitions diverses en prenant pour héros des gay, des minorités ethniques et des femmes, autant dire les « oubliés » de la machine d’Hollywood.

C’est autour de ces oubliés qu’il façonne son récit, modifiant ainsi avec fraîcheur et optimisme l’Histoire du cinéma.

Hollywood, sur Netflix, encourage les rêves

Il fait bon rêver devant Hollywood. Car dans cette mini-série, tout semble possible.

Une femme noire qui obtient un premier rôle dans un film de studio ? Un afro-américain au scénario ? Un métis américano-philippin à la réal ?

Why not !

Hollywood donne l’occasion à ses personnages d’avoir les ambitions d’aujourd’hui dans un monde d’hier.

Alors oui, du coup, le programme entier est un peu cousu de fil blanc. Les héros outrepassent les difficultés avec aisance, se tiennent tous les coudes, et même les méchants finissent par se laisser aller à la gentillesse.

Oui, c’est cucul, c’est bienpensant, c’est optimiste, inclusif et tout à fait en dehors des réalités de l’époque.

Et c’est précisément pour ça que ça fait un bien fou.

Dans une époque qui impose le cynisme, la série Hollywood doit se frotter à de nombreux avis négatifs, la qualifiant de « naïve

», « niaise » et « superficielle ».

C’est mal connaître son créateur qui, très engagé dans la défense des droits des minorités, maîtrise tout à fait les réalités discriminatoires et excluantes de notre monde actuel.

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Ne pourrait-on pas, alors, louer les tentatives lumineuses de Ryan Murphy  d’adoucir les contours d’une Histoire dont les manuels scolaires nous détaillent la cruauté ?

On célèbre les dystopies, on salue leur audace à voir d’un mauvais œil nos sociétés (cf. The Handmaid’s Tale), mais j’ai l’impression qu’on encourage rarement les uchronies considérées comme « gentillettes ». 

C’est à se demander si on aime pas avoir le nez dans la merde !

Hollywood, par sa réécriture optimiste d’un temps révolu, dissèque en réalité nos problématiques actuelles. Jamais linclusivité et la diversité n’auront été autant au cœur des débats et de l’actualité.

Il est alors brillant de transférer un peu de notre monde en mouvance dans l’univers archaïque et fermé du cinéma d’après-guerre.

Hollywood sur Netflix, inspirée de faits réels ?

Hollywood pioche dans la réalité pour mieux la travestir.

Ainsi, certains des personnages présentés par le programme ont vraiment existé, comme l’actrice sino-américaine Anna May Wong ainsi que Rock Hudson, coqueluche d’Hollywood, qui a enchaîné les films à succès dont Tout ce que le ciel permet et Un pyjama pour deux.

Il fût repéré par l’agent et chasseur de talents Henry Willson, qui lui imposa vraiment de se refaire les chicots et refaçonna entièrement son image pour que Rock devienne le plus populaire possible.

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Rock Hudson ne fît toutefois jamais son coming-out. Atteint du SIDA, il ne révéla son homosexualité que sur son lit de mort.

Pour ce qui est du reste des personnages de Hollywood, la plupart ne proviennent que de l’imagination de leurs créateurs ou sont librement inspirés de l’autobiographie de Scotty Bowers, proxénète hollywoodien, intitulée Sexe, amours et secrets de stars à Hollywood.

Les éléments du réel se mêlent ainsi à la fiction, ce qui densifie le récit, le rend plus trouble et addictif.

Hollywood traite de sujets graves avec la légèreté habituelle de Ryan Murphy

Si Ryan Murphy ambitionne de revisiter l’Histoire, il n’en demeure pas moins fidèle à certaines réalités inhérentes à l’époque.

Dans Hollywood, la « promotion canapé » ou plutôt la « promotion fellation » est par exemple de mise lorsqu’on est un jeune homme qui projette d’avoir Henry Willson pour agent.

Ce sujet est traité avec une légèreté toute sarcastique, de même que les abus dont sont victimes les pompistes prostitués de la station-service, largement poussés par Ernie, le tenancier du bordel, à dépasser leurs limites.

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Ainsi, le viol et les abus sexuels sont au cœur de la mini-série, sans jamais être traités avec la gravité qui leur est pourtant due.

La légèreté avec laquelle ces violences sont abordées est déconcertante et peut étourdir, je ne te le cache pas.

Mais je pense que Ryan Murphy est très loin d’avoir voulu minimiser la gravité de ces violences, et qu’il a simplement souhaité rester conforme aux « coutumes » de l’époque qu’il dépeint.

Hollywood, des acteurs et actrices au sommet

Le casting de Hollywood rassemble plusieurs acteurs et actrices de l’écurie de Ryan Murphy.

Darren Criss, Dylan McDermott, Patti LuPone et David Corenswet sont des anciens collaborateurs du créateur.

Soutenus par des petits nouveaux comme Laura Harrier et Jeremy Pope, la bande d’acteurs brille par sa capacité à reproduire les mimiques typiques des comédiens des années 40-50.

L’alchimie entre eux fonctionne au point qu’il est facile d’intégrer leur groupe et de vivre quelques heures au rythme de leur progression.

Bref, cet Hollywood progressiste avant l’heure fait vivre le plus beau des voyages dans l’imaginaire optimiste d’un créateur décidément toujours raccord avec son temps !

Découvre l’épisode de Sors le popcorn, notre podcast ciné-série sur Hollywood, avec les avis de Mymy et Alix.

À lire aussi : 3 raisons de (re)donner sa chance à LOST


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Les Commentaires

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Avatar de Elyon_64
12 mai 2020 à 02h05
Elyon_64
+100 Flopidou
On peut saluer l'initiative, mais critiquer la façon dont le message est porté.
Comme beaucoup de films récents qui surfent sur la vague féministe, quand le message est délivré avec des gros sabots (exemple tout con, le dernier X-men avec des répliques "nous les femmes on fait tout (faux en plus), on devrait nous appeler les x-women !", ou qu'on nous fait des reboots féminins extrêmement mauvais (Ghostbusters, Ocean 8, et je ne donne pas cher du prochain Pirates des caraïbes), ça en devient agaçant et clairement contre-productif.
Personnellement j'ai beaucoup aimé le début de Hollywood, mais j'ai trouvé que la fin en faisait beaucoup trop et c'est dommage. Dans ce cas (et c'est encore personnel), je ne dirais pas que le message est contre-productif, mais l’œuvre perd de son impact.
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