La silhouette de Poudlard se découpe sur fond de collines écossaises. Le thème musical si familier d’Harry Potter retentit. Quand la bande-annonce d’Hogwarts Legacy, le jeu vidéo très attendu se déroulant dans le monde des sorciers, a été diffusée lors de la conférence PlayStation du 16 septembre 2020, le cœur de centaines de millions de fans à travers le monde s’est mis à battre un peu plus fort.
Mais l’impatience a, de nos jours, un goût amer. J.K. Rowling ayant publié de nombreux propos transphobes, et se trouvant actuellement au cœur d’une nouvelle polémique liée à son prochain roman, la question se pose : peut-on jouer à Hogwarts Legacy sans la soutenir ?
L’implication de J.K. Rowling dans Hogwarts Legacy
Dans la Foire aux Questions du site officiel de WB Games, qui édite Hogwarts Legacy, c’est écrit noir sur blanc :
J.K. Rowling n’est pas impliquée directement dans la création de ce jeu ; cependant, c’est son extraordinaire œuvre qui forme la fondation de tous les projets liés au monde des Sorciers.
Ce jeu n’est pas une nouvelle histoire signée J.K. Rowling.
C’est J.K. Rowling qui a inventé l’univers d’Harry Potter, qui a imaginé Poudlard, Pré-au-Lard, le Chemin de Traverse, les Hippogriffes — autant d’éléments visibles dans la bande-annonce d’Hogwarts Legacy, qui ancrent le jeu (se déroulant au XIXe siècle) dans le monde des sorciers.
Même si elle n’a pas écrit cette nouvelle intrigue, l’autrice a très probablement touché pas mal d’argent. Ne serait-ce qu’en autorisant le jeu à voir le jour… mais sur ce sujet-là, le studio garde le silence, comme l’explique Kotaku
:
Un porte-parole de Warner Brothers n’a pas souhaité répondre quand nous avons demandé si Rowling toucherait des royalties pour Hogwarts Legacy.
Être fan d’Harry Potter sans vouloir soutenir J.K. Rowling
Peut-on acheter Hogwarts Legacy à sa sortie en 2021 et apprécier y jouer sans avoir l’impression de soutenir l’autrice d’Harry Potter ? La question est si subjective qu’il est impossible d’y donner une réponse tranchée.
Comme le rappelait Daniel Radcliffe en réaction aux propos transphobes de J.K. Rowling :
À toutes les personnes qui voient leur rapport aux livres terni ou amoindri, je suis profondément désolé pour la douleur que ces propos vous ont infligée. J’espère sincèrement que vous ne perdrez pas entièrement de vue ce qui est précieux, pour vous, dans ce récit.
Si ces livres vous ont appris que l’amour est la plus puissante des forces dans l’univers entier, capable de tout surmonter ; s’ils vous ont appris que la force réside dans la diversité, et que l’idée d’une « pureté » mène à l’oppression de populations vulnérables ; si vous croyez qu’un personnage est trans, non-binaire, gender fluid, homosexuel ou bisexuel ; si vous avez trouvé quoi que ce soit dans ce récit qui a résonné en vous et vous a aidé à un moment ou un autre de votre vie… alors ça reste entre vous et le livre que vous avez lu, et c’est quelque chose de sacré.
Selon moi, personne ne peut y toucher. Ça a pour vous l’importance que ça a pour vous, et j’espère que ces propos ne vont pas trop ternir cela.
L’éternel dilemme « peut-on séparer l’œuvre de l’artiste ? » repart de plus belle, et force est de constater que lorsqu’on est une jeune femme féministe, comme la majorité des lectrices de madmoiZelle, il peut être plus facile de ne plus jamais voir un film de Polanski que de dire adieu à l’univers d’Harry Potter…
Univers qui, selon certaines personnes, s’est depuis longtemps libéré de J.K. Rowling, comme l’expliquait Emmett, un homme trans portant un tatouage Harry Potter sur l’épaule :
Ça fait un moment qu’on discute, entre fans, du fait qu’Harry Potter n’appartient plus vraiment [à J.K. Rowling] mais à nous, et du fait que les belles choses qui sont nées d’Harry Potter ne sont pas venues des livres mais du lectorat.
Les merveilleux sentiments de tolérance et d’amour que nous ressentons via ces livres, selon moi […] ne sont pas forcément quelque chose que J.K. Rowling nous a offert mais plutôt quelque chose que nous avons créé pour nous-mêmes.
Au final, ce sera à chacun et chacune de faire son choix selon sa propre sensibilité. Rien ne sert de se flageller si on meurt d’envie de passer des nuits blanches sur Hogwarts Legacy, mais il est bon de faire le point avec soi-même pour être sûre qu’on est alignée avec ses valeurs et ses opinions. Car comme le disait Sirius Black :
Le monde n’est pas séparé entre les gens bien et les Mangemorts. Nous avons tous en nous une part d’ombre et une part de lumière.
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