Le dernier film de la trilogie Le Hobbit n’est même pas encore tout à fait sorti dans les salles de cinéma que ça pleure déjà dans les chaumières des fans : cette fois-ci, c’est la bonne, Peter Jackson n’adaptera plus jamais d’oeuvres de J.R.R. Tolkien au cinéma. Oui, chut, je sais bien que certains brandissent déjà le Silmarillion en criant « I WANT TO BELIEVE » dans les rues, tels des prophètes tolkienistes d’un autre âge… mais laissez-moi faire mon deuil, voulez-vous ?
Aaah… Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées. Avec un titre pareil, Peter Jackson a tout de suite annoncé la couleur. La fin de l’histoire du petit Bilbon sera épique ou ne sera pas !
Sauf que les attentes pour ce film sont assez énormes. Les deux premiers volets ont certes été bien reçus, mais nombreux sont ceux qui attendent le réalisateur au tournant, anxieux de voir s’il va réussir à faire trois films égaux et fidèles à l’univers de Tolkien… à partir d’un seul livre. Et pas très épais qui plus est. La Bataille des Cinq Armées, ça en jette, d’accord, mais dans le roman elle tient en quelques pages, la bataille, hein !
Alors… Verdict ?
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Le Retour du Hobbit (et des nains)
Oui, tout à fait, verdict : grâce au Grand Patron Sacré de madmoiZelle auquel je rends grâce encore aujourd’hui sans jamais faire dans l’excès, j’ai pu assister à la retransmission de l’avant-première du film depuis un cinéma CGR en France le 1er décembre.
Et malgré les diffusions acharnées de I see fire par Ed Sheeran et de la chanson de Pippin pendant l’arrivée des acteurs sur le tapis vert, les larmes aux yeux et le coeur serré de venir voir la fin de la grande aventure… Je n’ai pas pleuré. Du tout. Nononon. Arrêtez maintenant.
J’étais quand même contente quand le film a commencé et que les lumières se sont éteintes. Parce que nonon, je n’avais pas fini de ne pas pleurer.
La Bataille des Cinq Armées porte déjà bien son nom puisque, depuis les deux films précédents, la tension est arrivée à son comble. On avait laissé les protagonistes, à la fin de La Désolation de Smaug, dans des situations compliquées, et non seulement ça ne s’est pas amélioré depuis, mais en plus les choses dégénèrent. Très vite. Vous pensiez avoir le temps de vous remettre dans le bain ? Des clous ! L’action démarre dès le début, et ne vous laissera pas souffler jusqu’à la fin.
Fig.1 jeune couillon innocent courant vers les galères.
Fatalement, ce troisième (et dernier, bouhouhou) volet est plus sombre. Si l’on riait souvent jusqu’ici grâce aux déboires de la compagnie des nains et de notre hobbit préféré avant qu’ils n’arrivent à la Montagne Solitaire, maintenant qu’ils y sont, ça rigole moins. Thorin Écu-de-Chêne, rendu avide et paranoïaque par la « maladie du dragon », menace de tous les mener à leur perte tandis qu’au dehors, la guerre approche, et…
Comment ça, «
c’est pas si dramatique » ? Ah vous voulez vous faire une idée du ton général du film ? Alors pensez Les Deux Tours, et pensez Pippin séparé de Merry. Ça y est, vous chialez ? Bien fait.
Un voyage inattendu en Terre du Milieu
Bref. Elle est finie, l’ivresse de la découverte et du voyage, car les choses sérieuses commencent. Aussi bien à l’échelle humaine (et naine et hobbit) avec les galères de chacun pour survivre, qu’à l’échelle de la Terre du Milieu, sur laquelle plane l’ombre du Nécromancien.
La façon dont Peter Jackson a choisi de répartir les derniers évènements du livre pourra surprendre ceux qui l’ont lu : on passe parfois sur des épisodes qu’on aurait vu plus longs, pour s’étendre sur des passages anecdotiques du roman. Ce n’est pas étonnant, dans le sens où il a fallu faire des choix pour ficeler un scénario, et en fait, celui-ci se tient.
Sans trop en dévoiler, on pourra regretter la rapidité avec laquelle se terminent certaines scènes, ma foi fort épiques… Pour se consoler avec des ajouts encore plus épiques, et pourtant pas en décalage avec Le Hobbit. Peter Jackson, Philippa Boyens et Fran Walsh ont puisé intelligemment dans l’univers de Tolkien au-delà du seul roman, des Appendices du Seigneur des Anneaux au Silmarillion.
« Oui, mais si on n’a pas lu le Silmarillion ? », me diront ceux qui stressent. Aucune importance, tout le monde pourra apprécier l’ouverture sur l’univers de la Terre du Milieu que permet le film, ne serait-ce que grâce à la claque visuelle qu’il représente.
Bon, les paysages néo-zélandais sont toujours ce qu’ils sont (beaux à vous faire claquer 1000 balles dans un billet d’avion sans retour). Mais le design des créatures par exemple est particulièrement réussi — que ce soit Smaug, encore plus impressionnant dans cette troisième partie, que les trolls et autres bébêtes peu sympathiques qu’on ne devrait jamais voir d’aussi près.
There and back again?
Cependant, si l’on vient voir La Bataille des Cinq Armées avec les images des formidables combats du Seigneur des Anneaux, on risque de rester un peu sur sa faim. Le film en met plein la vue, aucun doute là-dessus… mais parfois, on a le sentiment d’un trop-plein d’ambitions de la part du réalisateur, qui ne colle pas avec l’histoire originale. Il en résulte un film qui prétend se mettre à la hauteur du Seigneur des Anneaux, sans en avoir les bases nécessaires.
Pourtant ce n’est pas faute d’essayer de pallier ce manque. Comme par exemple avec l’insertion déjà très controversée depuis La Désolation de Smaug de Legolas, absent dans le roman, et de Tauriel, qui est carrément une invention de Peter Jackson, qui piquent systématiquement la vedette avec leurs bastons à des personnages qu’on aimerait davantage voir évoluer.
D’accord, ils ont des scènes sympas. Et on peut saluer l’initiative d’insérer un personnage féminin fort avec Tauriel, dans un milieu très masculin. OUI MAIS (car il y a un « oui mais »)… Tauriel est-elle un personnage féminin fort ? Prendre une femme qui sait se battre ne suffit pas, surtout si elle finit par constituer le maillon de l’unique romance et triangle amoureux du film. Ah ça, dès qu’il y a une gonzesse dans les parages, hein…
Mais je râle, je râle. Même mon coeur de dure à cuire a tressauté devant la romance de Tauriel et Kili (le nain sexy qu’a pas de barbe, comme dirait ma voisine de ciné). Ce que je reproche globalement au film est le temps perdu avec des ajouts, quand d’un autre côté, des scènes attendues manquent de profondeur afin de gagner du temps sur d’autres chapitres.
Il y avait peut-être trop de choses à régler, trop de nains attachants, de Gandalf et de Martin Freeman (qui est Bilbon dans la vraie vie), pour déjà conclure la saga. Ou peut-être que c’est moi qui ne veut pas lâcher prise. Mais force m’est d’admettre que la transition du Hobbit au Seigneur des Anneaux est plutôt réussie. Car lorsque Bilbon termine son voyage, l’histoire se termine… et ne s’achève pas vraiment à la fois.
Comme s’il n’était pas encore tout à fait « rentré à la maison ».
The Road goes ever on and on (La Route se poursuit sans fin) Out from the door where it began. (Descendant de la porte où elle commença.)
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
J'ai lu et vu pas mal de critiques sur des sites de fans hardcore comme chez des gens étant moins à fond... et finalement j'ai l'impression que mon avis (mitigé) est partagé par pas mal des gens!