La semaine dernière, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak estimait que les propos de Gérard Depardieu révélés dans l’émission Complément d’Enquête étaient « d’une violence terrible et contraire à la dignité même de l’être humain et des femmes, des enfants ». Les accusations dont l’acteur fait l’objet semblent résonner jusque dans les plus hautes sphères de l’État.
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Un conseil de l’ordre de la Légion d’honneur réuni
L’acteur visé par deux plaintes pour viol et agression sexuelle a mis sa Légion d’honneur « à la disposition » de la ministre de la Culture, comme l’ont annoncé ses avocats à l’AFP le 16 décembre. Cette démarche intervient après l’annonce de l’ouverture d’une « procédure disciplinaire » visant à déterminer si l’acteur devrait être déchu de cette distinction ou non, selon un communiqué de ses avocats transmis à l’AFP. Le 15 décembre, la ministre annonçait sur France 5 :
« Un conseil de l’ordre de la Légion d’honneur va se réunir et va engager une procédure disciplinaire pour décider si cette Légion d’honneur doit être suspendue ou pas, retirée complètement ou pas. Ce sera à eux de décider. »
Gérard Depardieu victime d’un « lynchage médiatique » selon ses avocats
Dans leur communiqué transmis à l’AFP, les avocats de Gérard Depardieu ont considéré que Rima Abdul Malak participait « activement à la chasse à l’homme » et au « lynchage médiatique » dont ils estiment que l’acteur est victime. Béatrice Geissmann Achille et Christian Saint-Palais ont même demandé si cette prise de position faisait bien partie de la « fonction » de la ministre de la Culture, estimait qu’elle portait « un coup supplémentaire à une présomption d’innocence déjà agonisante. »
Depuis 2020, l’acteur est mis en examen pour des accusations de viols émanant de la comédienne Charlotte Arnould, accusations qu’il conteste fermement. Dans la foulée du reportage Complément d’enquête, une deuxième plainte pour agression sexuelle a été déposée par la comédienne Hélène Darras.
Balkany, Weinstein, Bachar Al-Assad : des Légions d’honneur retirées
Gérard Depardieu avait reçu la Légion d’honneur des mains de Jacques Chirac en 1996. De fait, cette décoration française instituée par Napoléon Bonaparte en 1802 n’est pas à l’abri d’être retirée à des personnalités. Parmi les exemples notables, on peut citer Patrick Balkany, ancien maire Républicains de Levallois-Perret, et sa femme Isabelle, qui ont été privés de la Légion d’honneur en 2021 suite à leur condamnation à trois ans de prison ferme et dix ans d’inéligibilité pour une fraude fiscale d’envergure exceptionnelle en 2020.
De même, le président syrien Bachar Al-Assad, qui avait reçu la décoration en 2001 (lui aussi, des mains de Jacques Chirac) a quant à lui choisi de rendre l’insigne en 2018 alors qu’une procédure de retrait était en cours, notamment en raison de l’utilisation présumée d’armes chimiques dans la guerre civile syrienne. Décoré en 2012 par Nicolas Sarkozy, le producteur Harvey Weinstein purge actuellement une peine de 39 ans de prison pour viols et agressions sexuelles. En 2017, Emmanuel Macron avait annoncé entamer des démarches en vue de retirer cette distinction, mais le statut actuel de la procédure demeure inconnu.
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