Le véganisme est-il un problème de privilégié ? Une marotte moderne ?
Quand on abandonne l’idée de consommer des produits issus de l’exploitation animale, on se voit parfois répondre que « Les jeunes ne savent plus quoi inventer ». Que manger de la viande serait « naturel ». Que l’humain a « toujours été omnivore ». Le dernier épisode de Bouffons, podcast culinaire signé par Nouvelles Écoutes, prend le contre-pied de ces idées reçues.
Préparez-vous : l’histoire du véganisme n’est pas celle que vous croyez.
Le véganisme, une pratique qui date… de l’Antiquité
L’épisode, intitulé Pour en finir avec le véganisme blanc, débunke ces idées préconçues en proposant une histoire de l’alimentation végétale.
On y apprend par l’anthropologue Laurence Ossipow que les premières volontés végétariennes dans le monde occidental datent de l’Antiquité grecque, et qu’elles ressurgissent en Europe à partir du XIXe siècle. Alimentation, spiritualité, écologie… Les manières de penser le végétarisme et le véganisme sont multiples et ne datent pas d’hier !
La cuisine a une histoire, et elle est politique
Mais la question ne s’arrête pas là : dans sa seconde partie, l’épisode donne la parole à Charlotte, afro-féministe végane connue pour son blog Mangeuse d’herbe. Elle nous invite à poser un regard post-colonial sur la manière dont nous vivons notre alimentation et souligne que la cuisine, c’est comme tout le reste : c’est politique.
Penser le véganisme comme une question très « bobo » et blanche, c’est oublier que la terre cultivée a une histoire, et qu’il faut l’interroger. Au long du podcast, elle rappelle l’existence d’une alimentation pré-coloniale en Afrique, basée principalement sur le végétal ; elle tisse le lien avec les pratiques religieuses animistes, qui considéraient la nature comme un tout et qui empêchaient l’exploitation animale, détruites par l’évangélisation européenne.
Avec la colonisation et la traite esclavagiste naissent des pratiques alimentaires déshumanisantes pour les populations noires et colonisées. Les colons, en imposant aux esclaves une alimentation carnée spécifique, et en leur dérobant la possibilité de cultiver la terre pour subvenir à leur besoin, ont créé une culture culinaire qui empoisonnait à petit feu celles et ceux qui la consommaient, et ont effacé celle qui la précédait.
Cette pratique perdure, aujourd’hui encore, sous de nouvelles formes.
La conscience écologique, ce n’est pas un truc de « bobos blancs »
Plus largement, le podcast met en avant l’importance de lutter contre l’invisibilisation des personnes racisées dans la lutte écologiste. Réduire ce mouvement à des tendances élitistes, c’est oublier que son histoire ne date pas d’hier et qu’elle n’existe pas qu’en Occident ! Avec l’afro-véganisme, Charlotte nous invite à déconstruire notre vision de l’alimentation, et à la penser de manière intersectionnelle.
Un podcast brillant et instructif, qui nous offre de la vraie « food for thoughts », comme diraient nos amis anglophones. Allez vite l’écouter ici !
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