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Mode

Le nylon à travers les âges, ou l’histoire d’une révolution mode

Le nylon, c’est cette matière dans laquelle on fabrique ton maillot de bain ou tes collants. Voici un petit retour sur son histoire, et sur la façon dont il a aidé la mode à se réinventer.

Article initialement publié le 21 avril 2015

Le nylon, ça te dit quelque chose ? C’est une fibre avec laquelle sont fabriquées certaines de tes fringues, comme les collants et les maillots de bain… Là comme ça, ça peut paraître un peu technique. Mais le nylon, au moment de son invention, c’était une petite révolution (comme la chanson de Jenifer) : il s’agit de la première fibre synthétique, fabriquée par l’Homme à partir de la réaction de produits pétrochimiques.

Depuis sa création, son rôle dans l’évolution de la mode est incontestable. Je vais donc tenter d’être aussi synthétique que cette fibre pour te narrer tout cela !

Du Pont de Nemours invente le nylon

Si le nylon existe aujourd’hui, c’est grâce à un concours de circonstances, et notamment à cause des convictions politiques de la famille Du Pont de Nemours. Parce qu’elle soutenait le roi de France à l’époque de la Révolution française, elle a dû s’exiler aux États-Unis, où elle fondé a une usine de fabrication de poudre à canon, DuPont. Celle-ci s’est peu à peu transformée en groupe de chimie.

En 1935, un certain Wallace Hume Carothers, chercheur diplômé de l’université Harvard, a mis au point, presque par accident, un polyamide, une matière plastique chimique, avec laquelle on a pu fabriquer des fils élastiques « aussi résistants que l’acier, aussi fins que ceux d’une toile d’araignée et possédant un éclat magnifique » selon la firme. 

Ça s’est creusé la tête dans l’entreprise pour savoir comment baptiser cette nouvelle fibre :  les employés pensait à « no run », c’est-à-dire « qui ne court pas », parce que les tissus fabriqués avec ce polyamide ne s’effilochent pas. Finalement, ils ont opté pour « nylon » qui se prononce de la même façon en anglais britannique et américain. Et en 1938, Du Pont de Nemours a fait breveter cette fibre un peu particulière.

Le nylon, la liberté des femmes et la guerre

Au début, le nylon est utilisé pour les poils de brosse à dents. L’un de ses autres objectifs, un peu plus modesque, est de remplacer la soie. Le nylon résiste bien à l’humidité, est hyper élastique, plutôt doux, peut être mat ou lustré, et surtout, est extrêmement solide ! Du coup, les pièces de lingerie qu’on fabrique avec sont elles aussi très résistantes : les bas en nylon durent en moyenne deux fois plus longtemps que les bas en rayonne, une autre matière qu’on surnomme la soie artificielle.

Les pièces de lingerie en nylon ont donc été une petite révolution pour les femmes : plus besoin de repasser son soutien-gorge après l’avoir lavé, et plus besoin de racheter des bas sans arrêt !

À lire aussi : Petite histoire du soutien-gorge

Hélas, la Seconde guerre mondiale arrivant, la pénurie de matières premières s’est faite sentir et le secteur de la confection s’est mis en berne. Comme le nylon était fabriqué à partir de la même base que la poudre à canon et qu’il servait aussi pour les toiles de parachute, des spots de propagande étaient diffusés, qui incitaient les filles à retirer leurs bas pour participer à l’effort de guerre ! Du coup, les femmes se sont teint les jambes à l’iode, et se peignaient une ligne pour imiter la couture des bas.

Adieu le bas couture

Après la fin de la guerre, la mode est revenue à ce qu’on appelle la silhouette New Look : la taille est serrée, la poitrine mise en avant et les hanches sont galbées. Du coup, les sous-vêtements aussi ont dû s’adapter. La guêpière, cette pièce mi-corset mi-jarretelle, a fait son retour dans la garde-robe et elle est… en nylon. Idem pour les soutiens-gorge.

Le bas nylon avait été présenté en février 1939 à San Francisco, et avait vu le jour en 1940. Mais il a explosé avec le « bas nylon français », de la société Rhodiaceta, licenciée de DuPont. Il est devenu peu à peu un symbole de glamour, et va d’ailleurs faire l’objet de moult fétichismes par la suite (mais ceci est une autre histoire).

En 1955, le bas nylon s’est transformé car les bas couture ont disparu : les machines sont devenues capable de tricoter une jambe d’un seul tenant tricoté au bout, et donc sans la fameuse couture.

Le nylon permet d’inventer des textiles qu’on appelle wash and wear et easy care, autrement dit des tissus infroissables, qu’on n’a pas besoin de repasser.

La folie plastique des années 1960 et l’arrivée du nylon

À partir des années 1960, le collant est véritablement devenu in et a peu à peu éjecté le bas. Mais le nylon n’est pas mort pour autant… sinon ce ne serait pas une si ny-longue histoire !

Une nouvelle génération de créateurs de mode était en train d’émerger, et a commencé à utiliser des matières et des couleurs sans complexe, avec un peu plus de folie. Ces artistes ont par exemple récupéré les toiles de parachute en nylon pour en faire des fringues. La créatrice Michèle Rosier, aussi cinéaste et journaliste, a fait teindre du nylon prévu pour les rubans de machine à écrire afin de l’utiliser dans le prêt-à-porter.

C’est à cette époque, en 1965, qu’a été créé le fameux K-Way en nylin, cette veste à capuche imperméable qui a fait galérer bon nombre d’entre nous étant enfants, par Léon Duhamel, un industriel français. Puis le nylon s’est peu à peu attaqué à la bagagerie et au reste de l’habillement !

k way le vrai léon

K-Way Le Vrai Léon

La réutilisation du nylon

Dans les années 1970, la haute couture a remis le bas nylon en haut de l’affiche. Et à partir des années 1980, l’imaginaire de certains créateurs a fait le reste : lorsque Jean-Paul Gaultier a repris les codes de la lingerie pour la transformer en vêtements et a ramené le corset sur le devant de la scène, il s’est bien évidemment servi du nylon. Quand Issey Miyake a travaillé sur les tricots tubulaires, c’est-à-dire des vêtements tricotés en une seule pièce qu’on découpait ensuite, certains d’entre eux étaient en nylon.

Avec le choc pétrolier, en 1973, la recherche sur les fibres synthétiques a été un peu plus calme, et on s’est à nouveau intéressé aux matières naturelles. Mais le nylon n’avait toujours pas dit son dernier mot Jean-Pierre : dans les années 1990, la recherche a repris, pour apporter de nouvelles propriétés à cette fibre.

Le nylon sert à bien d’autres choses qu’à fabriquer des sapes : on en fait des cordes de guitare, des plastiques qu’on utilise pour des moulages industriels, ou pour concevoir par exemple des meubles de jardin ou des montures de lunettes. Les recherches sur le nylon ont aussi permis d’inventer le néoprène, un caoutchouc artificiel qui résiste en particulier à la chaleur, d’après l’Encyclopédie Universalis.

Et grâce aux microfibres, on a pu faire des vêtements encore plus chouettes, plus doux, plus confortables et plus légers. Aujourd’hui, tu en trouves par exemple dans la lingerie, bien sûr, mais aussi les maillots de bain, les tenues de sport, les gilets pare-balles, les doublures, les parapluies, mélangées à d’autres fibres dans les peluches…

Pour aller plus loin…

Cet article est basé (entre autres) sur les livres suivants :

  • La mode du XVIIIème au XXème siècle, Kyoto Costume Institute, éditions Taschen
  • La mode 1945-1975, Marie Simon, éditions Aubanel

Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

1
Avatar de -Magenta-
22 avril 2015 à 14h04
-Magenta-
Tout ça c'est bien beau, mais j'aimerais savoir combien de temps durait une paire de bas dans les années 40... Parce que pour moi c'est environ 15 MINUTES
Donc soit on a fait un bon dans le passé, soit on se fout un tout petit peu de nous. Ou alors y a un truc que j'ai pas suivie, ça peut arriver aussi
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