Je suis étudiante et je viens tout juste de valider ma première année de master alors que ça fait 7 ans que je suis en études supérieures.
Je suis l’aînée d’une famille qui s’est déchirée et recomposée il y a peu, et pendant tout ce temps, je me suis attribuée un rôle de maman de substitution pour gérer le divorce de mes parents (spoiler : ÇA NE FONCTIONNE PAS).
Cette propension à vouloir prendre soin des gens, à les « sauver » par extension, m’a valu bien des déconvenues dans mes quelques relations amoureuses…
Mon syndrome de l’infirmière dans mes relations amoureuses
Le syndrome de l’infirmière, tu connais ; je suis tombée en plein dedans, malgré des études en psycho (c’est toujours moins évident quand on est au premier plan).
Et quand les mecs que je voyais s’en rendaient compte, souvent avant qu’on sorte ensemble, en général ils en profitaient (ce que je peux comprendre en me mettant à leur place : on te sert un truc tout cuit sur un plateau, tu ne vas pas cracher dessus…).
J’ai mis du temps à savoir prendre ma place, à ME « sauver » en priorité ; et de là, savoir ce que je voulais (mais surtout ce que je ne voulais PAS), dans tous les domaines de ma vie.
Bien sûr, comme disait ma prof de philo en terminale, on ne se connaît jamais soi-même… Cependant, je pense avoir pas mal cheminé sur la voie de l’acceptation de soi (c’est déjà pas mal, je reviens de loin).
Avant de poursuivre, je tiens à dire que je pense sincèrement que ce bien-être avec soi (ou en tout cas, être sur cette voie-là) est nécessaire à trouver avant de se mettre avec quelqu’un qui ne sera pas « ta moitié » mais bien un être humain qui contribue à ton bonheur, que tu peux déjà vivre seule.
Ma rencontre avec mon petit ami plus âgé que moi
Côté cœur, à partir de ma deuxième année d’études sup (le peu de choses que j’ai vécu avant ne compte pas pour moi) j’ai vécu deux relations plutôt longues.
La dernière a mené à une rupture très difficile accompagnée d’une bonne petite dépression, suivie d’une phase d’errance et de bouchage de trou sur un site de rencontres.
Après une RÉVÉLATION — genre vraiment — sur ce que je recherche chez quelqu’un (grâce à un contre-exemple PARFAIT, merci le site de rencontres), nous sommes en 2018, j’ai 23 ans et je suis invitée un soir d’avril à l’anniversaire d’une amie, où je rencontre mon futur barbu.
Je remarque dès la première rencontre qu’il a de l’allure, du charisme, qu’il se détache des autres invités. Physiquement, déjà, ça matche (la barbe, really, tmtc).
Il ne parle pas beaucoup mais observe son environnement ; un comportement que je connais bien puisque c’est ma façon de m’acclimater au mien également.
Une ou deux anecdotes plus tard, on échange quelques mots et je remarque sa vivacité d’esprit, son sens de l’humour précis, sarcastique mais bienveillant à la fois.
En partant de la soirée, je n’en sais pas beaucoup sur lui, mais j’en garde un souvenir intrigué. Un bon mois plus tard, l’amie dont c’était l’anniversaire plus haut m’invite à la rejoindre au resto avec d’autres amis de la soirée ; le barbu est présent.
Je suis plus à l’aise avec les gens que je connais déjà : ayant la vanne facile, je fais profiter tout le monde de mes talents oratoires (lol). Le repas se passe tranquillement, avec quelques regards en coin et rapides échanges banals avec la tablée.
En sortant, tout le monde va prolonger la soirée chez Monsieur barbu (on va l’appeler John) ; je ne m’y joins pas, j’ai une semaine d’exams importants qui arrive.
Alors que John me chambre sur mon mode de vie trop sage, je lui rétorque une petite pointe acérée. Sans être méchante, elle fait mouche.
Et voilà, il est intrigué.
Il obtient de moi un profil Facebook et une promesse de venir à sa prochaine soirée, fixée après mes partiels exprès pour moi…
Une relation amoureuse en construction
Et alors, à cette soirée… la rencontre entre deux âmes.
On parle pendant des heures, bien après que les derniers invités aient quitté l’appart. Je sors d’une rude semaine de partiels et d’insomnies, mais mon éveil intellectuel face à lui efface ma fatigue.
Je dors chez lui (ce canapé est SI confortable) et le lendemain matin, on se remet à parler autour de viennoiseries (ouais ouais, il est allé cherché le petit déj ouais) comme si on se connaissait depuis peu et depuis toujours.
Et à partir de ce moment-là, ça se passera comme ça à chaque fois qu’on se verra. Et on se verra souvent : balade, ciné, resto, sessions de World of Warcraft… Tous les prétextes sont bons pour passer du temps ensemble.
Cependant, notre relation reste platonique et (en apparence) amicale.
C’est pas faute pour lui d’avoir essayé un ou deux moves, mais même si j’apprécie la séduction subtile entre nous, je tiens à prendre mon temps parce que je sens que ça peut vraiment donner quelque chose.
(Petite anecdote : une amie d’enfance me dira plus tard que nos échanges lui faisaient penser aux enfants en maternelle qui se tirent les nattes quand ils sont amoureux…)
Le jour où j’ai découvert l’âge de mon crush
Je pense que c’est le moment de te dire que, pendant « tout » ce temps, j’ignore son âge. Je sais que John est considéré comme le daron de la bande de potes, mais je ne sais pas à quel point.
Pour lui qui blague beaucoup là-dessus, lui demander son vrai âge devient un running gag : il répond invariablement des valeurs entre 174 et 354 368 ans.
Quant à moi, je lui donne 30, 35 ans maximum ; l’écart entre nous est présent dans ma tête, mais ne me gêne pas.
Nous avons des caractères différents, mais très similaires à la fois (j’aime à dire que nous nous retrouvons sur les choses importantes pour nous, mais que nous nous complétons autre part).
Nos expériences ont beau être différentes elles aussi (notamment moins nombreuses pour moi, logiquement) elles nous ont apporté des valeurs identiques.
Nous tenons tous les deux à notre indépendance, notre espace vital, notre « soupape de décompression » ; ce qui nous amène à passer parfois des après-midis passées à lire/geeker l’un à côté de l’autre, sans que ça ne soit source de gêne ou d’ennui.
En fait, on est vraiment sur la même longueur d’ondes et selon moi, c’est bien plus révélateur que le simple nombre d’années qu’on a passé sur Terre.
C’est alors qu’un soir, pendant une sortie avec d’autres amis, j’en prends un à part en sachant qu’il connaît John depuis longtemps ; je veux clôturer mon investigation.
Au détour de la conversation, j’apprends l’air de rien qu’il va avoir 38 ans. Mon cerveau calcule lentement : 15 ans d’écart
. L’âge de ma belle-mère aussi, qui a deux enfants et avec qui j’ai un sacré décalage.
Un écart d’âge dans le couple souvent mal perçu
Quand je descends dans le Sud pour les vacances en famille, j’en parle à mes proches à qui j’avais déjà teasé ma potentielle future relation.
Presque à l’unanimité, on me dit :
« Fais gaffe, un mec de quasi 40 balais qui veut pécho une étudiante, c’est pas normal. »
Ou encore :
« Tu vas souffrir, ça ne peut te mener nulle part. »
Des réflexions pas très encourageantes, que je prends parfois un peu comme des remarques paternalistes…
Personne ne me fait confiance sur le fait d’être lucide et de savoir me défendre en cas de perversité narcissique (ce que j’aurais aisément pu déceler au vu de mes expériences passées).
Et ce n’est pas simplement mon esprit de contradiction et mon ego qui me font prendre du recul face à ces remarques. Ceux qui me disaient « Vas-y, go get him » quelques jours auparavant reculent maintenant derrière cet obstacle que représente pour eux cette différence d’âge.
Quelque part, je les comprends : après tout, moi aussi j’ai un peu buggé sur ces années d’expériences en plus, sur ce quotidien qui n’est pas le même…
Pourtant, j’ai un bon pressentiment, et mon instinct me trompe rarement. Je garde en tête tout ce qui nous rapproche et tout le plaisir que je ressens quand on passe des moments ensemble.
Finalement, on veut tellement se revoir qu’il me rejoint carrément chez ma mère, à 500 kilomètres, où j’ai la maison pour moi seule quelques jours avant de remonter dans le Nord.
Et ce qui devait arriver arriva : après avoir parlé pendant des jours et des jours, senti cette électricité entre nous, observé une pluie d’étoiles filantes et écouté du classique pendant toute une nuit (ouais la poésie tout ça), on finit par se sauter dessus.
C’est un peu la consécration d’une belle période de séduction.
Je sais ce que je veux, j’ai confiance en moi, en lui et en la vie. On remonte le lendemain dans le Nord où nous habitons tous les deux et à partir de là, c’est bien simple : on ne se quitte plus.
Il devient extrêmement rare que je dorme chez moi, où j’étais à l’époque en colocation avec mon petit frère. Je n’y passe que pour prendre des vêtements, puis mes affaires de cours lorsque la rentrée arrive.
Prendre la décision d’emménager ensemble
Avec la rentrée, la fin du bail de cette colocation fraternelle arrive ; là, en pleine recherche d’appart, mon frère me sort :
« Mais en fait, pourquoi tu cherches une coloc, tu ne vas pas vivre avec John ? »
Et là, réflexion intense. C’est vrai que je passe ma vie chez lui. C’est vrai que pour la première fois de ma vie, je peux passer plus de deux heures d’affilée dans la même pièce que quelqu’un sans avoir envie de lui arracher la tête (j’exagère à peine).
Cette aisance entre nous n’est pas liée aux vacances, car même le quotidien avec lui me plaît. Nous nous retrouvons tant sur le plan physique que mental, tous les deux hyper importants pour moi.
Tous les jours les attentions, les surprises, la bienveillance sont là. Quand on se dit « je t’adore », notre façon de sourire le traduit en un « je t’aime » pudique.
Finalement, de la même manière que l’obstacle de la différence d’âge, celui de l’ancienneté de notre relation s’efface bien rapidement, au profit de tout ce positif avec lui.
J’en arrive à un « eh ben oui en fait » auquel ne pourrait se heurter qu’un refus de la part de John.
Cette fois-ci, je n’en parle à personne (hormis mon frère), je ne veux pas faire face à tout le négatif qui m’avait tant surprise un mois plus tôt. J’ai confiance en moi et en mon jugement.
Grand bien m’en prend : lorsque j’en parle à John (assez maladroitement d’ailleurs, j’ai un peu « peur de déranger »), déjà il me voit venir à 100 kilomètres, mais surtout il me rassure.
Nous sommes, encore et toujours, sur la même longueur d’ondes. Tout ce bien qu’on s’apporte mutuellement, il le ressent aussi, comme cette confiance pour notre futur ensemble.
Une semaine plus tard, j’apporte mes meubles et on décore l’appartement pour que je m’y sente chez moi, qu’on s’y sente chez nous.
Nous nous entendons si bien que même mon emménagement se passe sans vagues, et je m’habitue assez vite à dire « chez nous » au lieu de « chez John ».
Avoir confiance en l’amour malgré la différence d’âge
Je n’aurais jamais cru vivre ce genre d’histoire, moi qui suis toujours très prudente dans la vie et qui prend toujours bien mon temps pour réfléchir au pour, au contre et aux conséquences de mes actes.
Cette histoire, ce n’est pas seulement la première fois où je suis bien avec quelqu’un ; c’est aussi celle où j’ai arrêté de trop écouter les autres, où je me suis fait confiance seulement à moi.
Bien sûr, j’avais déjà pris des décisions importantes dans ma vie, comme mon orientation post-bac, ma première rupture amoureuse, mon changement de région…
Mais cette fois-ci, j’ai choisi toute seule, comme une grande. Envers et contre tous et toutes. Et putain que j’ai eu raison !
Aujourd’hui, je vis des moments fabuleux avec l’homme que j’aime et une petite chatte adoptée depuis. Notre quotidien est toujours aussi riche en discussions, en rires, en petites attentions et autres surprises.
Et contrairement à des craintes que l’on pourrait avoir, la vie commune n’a pas du tout tué notre période « honeymoon » ; en fait c’est comme si on ne l’avait jamais quittée.
Alors bien sûr, parfois nous sommes fatigués, impatients ou stressés. Parfois on a eu une sale journée au boulot ou à la fac. Parfois j’ai trop bougé pendant la nuit et ça l’a réveillé plusieurs fois…
Mais jusque là, nous n’avons eu aucune dispute, juste deux ou trois discussions importantes.
La prochaine étape, c’est le PACS, et quand on parle de l’avenir, d’une maison avec un jardin, d’enfants et d’éventuellement un mariage… On ne sait pas quand (ni même si) ça arrivera, mais l’un comme l’autre, nous n’avons pas peur.
Et c’est tout ça qui fait qu’aujourd’hui je suis heureuse !
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