Article initialement publié le 22 septembre 2013
L’hirsutisme, qu’est-ce donc ?
L’hirsutisme est une vilaine maladie provoquée par nos gentilles amies les hormones, qui trop enthousiastes, te procurent avec joie une pilosité sans pareil. Et par sans pareil, j’entends : « plus touffue, plus colorée, plus inattendue aussi ».
En effet, les poils se feront une joie de pousser là où tu ne t’y attends pas vraiment, EN PLUS d’être plus sombres à des endroits où ils sont déjà agaçants habituellement. C’est super folklorique !
Et croyez-le, il n’est pas évident d’être une femme à barbe dans une société où la haine du poil et l’image de la femme imberbe est omniprésente.
L’hirsutisme c’est donc l’apparition de poils dans des zones supposées imberbes (ou duveteuses) chez la femme : menton, cou, thorax, l’inter-fesses, voire carrément toutes les fesses, le dos et le tour du nombril. JOIE. Vous l’aurez compris, habituellement ce sont les hommes qui sont (plus ou moins) pourvus de poils dans ces zones. C’est pourquoi on en parle comme des cas d’hyper-androgénisation.
L’hirsutisme est dû à un déséquilibre hormonal (souvent d’origine génétique) et prend donc souvent ses racines au moment de l’adolescence et plutôt vers la fin de celle-ci. Ah, l’adolescence et ses lots de problèmes…
Il existe plusieurs causes à ce dérèglement hormonal, le plus commun de tous (70 à 80% des cas) étant le syndrome SOPK (Ovaires Polykystiques) qui est aussi une cause d’infertilité. Mais comme l’hirsutisme peut avoir diverses causes, il est préférable de se faire diagnostiquer car non seulement il entraîne une pilosité supérieure à la moyenne, mais en prime il peut refiler en cadeau :
- acné plus prononcée ou tardive (un plaisir qui m’a été accordé bien sûr !)
- troubles des règles (vos ragnanas sont plus ou moins régulières, disparaissent, réapparaissent, bref c’est la grosse fiesta !)
- voix un peu plus rauque…
On estime cependant que l’hirsutisme concernerait de 5 à 10% des femmes (c’est beaucoup). Il m’est arrivé, en effet, d’apercevoir parfois que le dos de certaines demoiselles était plus pourvu de poils que la moyenne. Mais je n’ai encore croisé aucune autre femme à barbe (hormis ma pauvre mère qui en prime a eu la déception de me refiler le mauvais gène).
Mais si l’hirsutisme cause un problème physique et esthétique en général, il en découle souvent de graves problèmes psychologiques pour la plupart des femmes qui ont honte d’en parler (ben oui, les poils c’est tellement le mal…). Il peut être la cause de certaines dépressions et de sérieux complexes.
Attention, il ne faut pas confondre l’hirsutisme et l’hypertrichose (j’aime la science et ses mots super sérieux) qui est spécifique aux brunes et se traduit par quelques poils légèrement plus foncés que la moyenne mais pas spécialement plus nombreux ni plus longs.
Hirsutisme, du poil à la barbe
Tout a commencé pour moi lorsque j’étais en cinquième. Je n’y avais pas vraiment fait attention mais un gros poil solitaire avait décidé d’élire domicile dans mon cou. Je l’enlevais donc parfois, sans plus me poser de questions puisqu’après tout, ce n’était qu’un poil.
Tout est parti en cacahuète lors de mon année de première. Je me suis aperçue que le duvet de mon menton s’était épaissi. Bon. Ce n’étaient jamais que des poils…
Sauf que ça allait en empirant et que le duvet devenait de plus en plus visible — jusqu’au jour où, peu de temps avant l’oral de français, mon père a décrété qu’il valait mieux faire un tour chez l’esthéticienne pour virer ce petit paquet disgracieux afin de ne pas ressembler à une chèvre le jour de l’examen (des fois que la dame jugerait à la gueule, hein, on n’est jamais trop prudent).
« Voltaire, à travers son oeuvre Zadig, nous enseigne que… »
Mais l’ignominie est réapparue et c’est ainsi que
plus le temps passait, plus les poils s’étendaient et brunissaient malgré les épilations. Pas cool. Déjà que c’était bien galère de s’épiler les guiboles, faut en plus que je me fasse la barbe !
Hirsutisme : les séances de laser
Au cours de ma première année de fac, nous avons tenté de résoudre le problème à la racine (du poil, haha !) avec ma famille et on est donc allés voir une endocrinologue qui nous a envoyée chez une dermatologue qui m’a fait suivre des séances d’épilation au laser — et en prime elle m’a envoyée à l’hôpital pour passer des examens afin de diagnostiquer le problème.
Concrètement, le laser c’est bien, c’est beau, ça sent la viande grillée quand ça brûle les poils et c’est assez efficace pour environ trois mois mais ça coûte la peau des fesses : comptez 120€ la séance pour la zone du cou et du menton. Si mes souvenirs sont bons, seule la moitié était remboursée par la Sécu (dans mon cas parce que c’était considéré comme une maladie). C’est possible à financer, mais ma famille ne roule pas sur l’or. Alors je n’ose pas imaginer celles qui ont un problème plus étendu que le mien…
Photo non contractuelle.
Hirsutisme ou pas, la pilule ne passera pas par moi
Pour les examens que j’ai passés à l’hôpital, ils ont abouti à la conclusion qu’il fallait me prescrire une pilule pour réguler les hormones. Mais comme j’ai toujours refusé de la prendre (et je suis pas prête d’accepter d’ailleurs), j’ai laissé tomber. De toute façons dans mon cas c’était pile ou face : disparition des poils ou aggravation du souci. Aggravation. Y A PAS MOYEN.
Aussi, un autre conseil : ne jamais, jamais, JAMAIS utiliser de rasoir pour ce genre de poils.
Depuis, j’utilise la méthode barbare : bandes de cire froide pour visage et pince à épiler. Ça prend du temps mais c’est toujours moins cher que l’esthéticienne (que tu dois te payer hyper souvent du coup car pour ma part, je m’épile au moins deux fois par semaine et à coup de 8€ la séance chez l’esthéticienne, ton porte-monnaie a vite fait de crever avec un budget d’étudiante).
Hirsutisme : les poils ne vous enlaidissent pas
Bref, assez parlé de mon hirsutisme. Si j’ai écrit cet article c’était surtout pour faire connaître un peu plus le sujet.
Je sais que je ne suis pas non plus un cas extrême d’hirsutisme et pour ma part je le vis assez bien pour ne pas trop me focaliser dessus mais je dois vous avouer que parfois, lorsque je me regarde dans le miroir, je ne vois QUE mes poils. Alors je tiens à exprimer ma compassion pour mes consœurs barbues, velues, poilues : ce n’est pas parce que vous êtes plus touffues que les « autres femmes » que vous êtes plus moches.
On a tous des défauts qu’on cache et il faut relativiser la chose : on a peut-être ce problème là, mais on n’en a pas un autre (à vous d’imaginer lequel). Ça pourrait être pire, on est toutes sur un pied d’égalité mais il est quand même possible de faire disparaître les poils la plupart du temps.
Prenez la peine d’aller voir un médecin qui s’occupera de votre hirsutisme. Ne pensez pas non plus qu’à vos poils comme une obsession.
Maintenant, j’en ris, j’en parle parfois avec mes amis (je suis leur « femme à barbe ») et c’est possible car je sais que je ne reste pas à me morfondre sur mes défauts esthétiques. On ne peut pas être parfait, mais on peut lutter contre ce problème et ce n’est pas quelques poils qui vont nous empêcher de vivre ! Non mais !
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Les Commentaires
Ça dépend de l'épaisseur du poil. S'ils sont fins tu peux raser sans problème, s'ils sont épais non car l'épaisseur fait qu'on verra un petit point qui repousse (un peu comme pour les hommes).
Raser n'épaissit pas le poil (la racine n'est pas touchée), épiler par contre ça peut affaiblir le bulbe... ou au contraire l'exciter.