Ça y est, l’hiver approche, il fait nuit dès 14h30, le soleil commence à prendre des jours de congé entiers, sans aucun remord, et on sent la petite déprime hivernale qui commence à pointer son nez. Tout ira bien tant qu’on sera du bon côté des fêtes de fin d’année – juste avant, on a toujours quelque chose à attendre de cette saison, ça rassure et ça console. Mais à partir du 2 janvier, ça va dégringoler et faire bien mal à la gueule.
Alors pourquoi attendre l’heure des bonnes résolutions pour se mettre un petit coup de pied au cul ? Autant préparer le terrain tout de suite, pour finir cette année et commencer la prochaine sur une bonne note, sans passer par la case “A quoi bon vivre, de toute façon le monde est pourri et moi aussi, je veux mourir laissez-moi tranquille”.
Cette semaine, penchons-nous sur cette petite habitude bien agréable que nous avons à peu près tous – à des degrés différents – qui consiste à nous torturer, nous laisser martyriser par notre cerveau et globalement nous faire du mal pour rien. Et alors là, laissez-moi vous dire que je sais de quoi je parle, puisque je suis championne du monde d’auto-torture. J’ai passé beaucoup trop d’années à me complaire dans une espèce de masochisme semi-éveillé, qui s’appuyait sur des raisons que je pensais tout à fait valables et qui me permettaient 1) de justifier mon comportement – c’était pas ma faute, j’avais un problème, j’étais handicapée, j’avais besoin d’aide, de temps, d’un miracle et 2) de rester complètement passive en attendant que quelqu’un ou quelque chose vienne me sauver parce que moi, j’pouvais pas.
En attendant, des milliers d’opportunités me sont passées sous le nez, j’ai perdu beaucoup de temps et d’énergie, et j’ai fini par perdre beaucoup plus – jusqu’au coup de pied au cul final qui m’a permis d’entamer une ascension qui ne prendra probablement jamais fin.
Et il existe des milliards de façon de se torturer. Ça peut être lié à n’importe quoi. Une rupture, des études, une carrière, des amis, un traumatisme d’enfance, un parent, une histoire d’amour, la peur du jugement des autres, la peur de l’échec… la liste est infinie. À chacun son poison – et souvent, on en choisit plusieurs, tant qu’à faire. On identifie la source présumée de notre “problème”, on s’assure d’être bien “coupable” de quelque chose, et on tape bien fort, en continu, sans jamais s’arrêter, pour ne jamais oublier la douleur et éviter d’être perturbé-e dans notre quête d’obscurité constante. C’est pire encore quand on a une bonne capacité d’auto-analyse, parce qu’on ne doute plus de rien. On sait qu’on a raison, que le problème est bien celui qu’on a identifié et que la seule façon de s’en sortir c’est de construire une énorme forteresse bien hostile et de s’y enfermer en attendant d’aller “mieux”. Alors j’dis pas hein, parfois l’isolement peut effectivement faire du bien, ça permet de faire le vide, de faire le tri dans ses objectifs et ses impératifs, pour mieux repartir ensuite.
Mais bien souvent, c’est juste une excuse de merde. En m’appuyant sur mon propre cas et sur ceux de nombreuses connaissances qui ont défilé dans ma vie, je pense pouvoir dire sans trop me tromper que c’est juste un gros tas de conneries environ 90% du temps
. Ça commence sur des bonnes bases, avec des intentions louables et des envies de guérison, mais ça finit toujours par se gangréner, et un jour on se réveille dans une vieille eau stagnante qui pue la mort et on sait plus comment s’en sortir.
C’est à vous de prendre le contrôle sur votre vie, pas l’inverse. Tout se provoque. La chance, ça se provoque. La guérison, ça se provoque. Et effectivement, il n’y a pas de hasard. Rien ne tombe jamais vraiment du ciel comme ça, sans raison. Et c’est pas non plus une question de destin. C’est une question de logique et d’enchainement. Tout découle de votre comportement, de votre état d’esprit et des décisions que vous prenez. C’est vous qui avez le pouvoir sur la grosse majorité des aspects de votre vie. Et la vie ne vous attendra pas, elle en a rien à foutre de savoir que vous allez mal et que vous avez besoin de temps, elle continuera d’avancer sans vous et plus vous attendrez, plus vous souffrirez de ce retard.
Tapez un peu du poing sur la table, rappelez à votre cerveau, votre coeur, qui est le vrai maître à bord. Ne laissez pas vos peurs, vos angoisses, vos remords, vos regrets, votre rancoeur décider pour vous. Quand une opportunité se présente, saisissez-la. Quand les choses s’alignent comme il faut et qu’on vous offre un peu de répit, profitez-en. Rien ne sera jamais parfait. Rien ne sera jamais comme vous l’avez toujours rêvé. Rien ne correspondra jamais exactement à vos attentes. Et rien ne viendra jamais vraiment “au bon moment”. Apprenez à saisir tout ce que la vie vous offre, à accepter les baffes dans la gueule et les moments de bonheur inattendus, vivez tout avec la même intensité et arrêtez de tenter de vous cacher – vous n’y arriverez jamais. Vous avez le pouvoir de rendre votre vie plus facile, plus agréable, ça ne tient qu’à vous, et je vous jure que c’est plus facile que ça en a l’air.
La première fois, c’est comme tout, ça pique toujours un peu. Mais c’est comme un muscle, il faut s’entraîner, s’échauffer, et ça finit par devenir un réflexe, un automatisme. Il suffit d’activer une petite alarme cérébrale, qui s’allumera dès qu’une pensée négative et infructueuse viendra vous gâcher la fête – installez des videurs à l’entrée de votre cerveau, faites le tri, balancez-moi tout ça dehors. Il y aura toujours des moments où la crasse parviendra à passer la barrière, et parfois c’est parce que vous aurez besoin de chialer et de vous morfondre un gros coup – mais ne faites surtout pas l’erreur de vous laisser bercer par votre douleur. C’est très facile de se laisser tomber à nouveau, de ramper par terre en beuglant que c’est pas juste, que vous méritez pas ça et que d’abord eh ben la vie, bah c’est POURRI.
Mais ça sert à RIEN. Ça n’a jamais rien apporté à personne. Ça n’a jamais fait de bien sur la durée. Accordez-vous quelques heures, roulez-vous par terre, hurlez un coup, puis relevez-vous et repartez à l’aventure. La vie est vraiment putain de courte, j’vous jure. On a pas le temps de se pourrir le quotidien avec des pauses qu’on a pas vraiment le temps de prendre. Vous êtes la seule et unique personne à bord de votre corps, la seule personne que vous serez forcé de vous coltiner toute-votre-existence. Alors facilitez-vous la vie. Acceptez le bonheur qu’on vous offre, acceptez que tout ne sera jamais vraiment à l’image de l’idéal que vous vous êtes créé dans vos moments de calme, sortez un peu de votre tête et tournez-vous vers l’extérieur.
Il suffit d’un déclic, un tout petit déclic pour TOUT changer. Un simple rappel, une petite phrase, un mot, quelques petites secondes pour passer de la crasse destructive au bonheur enivrant. C’est à vous de décider. Et à personne d’autre. Personne ne vous attendra. On vous le promettra, mais ça ne dépend pas d’eux, ni de vous, on n’y peut rien.
Alors saisissez votre chance maintenant, prenez le contrôle, défoncez toute pensée négative sur votre passage et vivez votre vie pleinement – parce que vous le méritez.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Criant de vérité, et qui tombe juste au bon moment dans ma vie.
Assez de l'auto-destruction, du sabotage qu'il soit conscient ou non!!
J'ai passé assez d'années à me morfondre dans mon coin, à me pourrir la vie toute seule pour des conneries.
Et j'ai eu besoin d'un sacré coup de pied au cul pour m'en rendre compte : je suis partie travailler à l'étranger. Nouveau pays, une autre langue, rien que des inconnus, un nouveau départ quoi....
Rien ne m'a jamais fait à la fois autant de bien et de mal. C'est dur de croire au bonheur, et de s'ouvrir aux autres quand on s'est fait autant de mal toute seule. C'est un effort constant pour ne pas retomber dans ces pensées négatives. J'ai toujours besoin d'une bonne crise de larmes de temps à autres pour relâcher la pression, mais à chaque fois je me relève et j'avance un peu plus loin.
On a qu'une seule vie et je compte bien en profiter au mieux malgré les emmerdes qui me tombent dessus.
Tout le monde à droit au bonheur....pourquoi pas moi alors?
Il ne tient qu'a nous d'être heureux(se).
Le bonheur appelle le bonheur, plus je me montre positive, plus les gens autour de moi le sont également, et faire sourire les gens fait un bien fou au moral.
Ce n'est pas en se refermant sur soi qu'on trouve les réponses qui nous font défauts, mais en allant vers les autres, même s'il faut se faire violence, et même si se retrouver seule avec son ombre fait du bien de temps en temps.