Elles ont orné vos classeurs, vos carnets, vos stylos, vos boîtes à goûter, vos culottes, vos sacs et pourtant, avant ça elles n’étaient apparues dans aucun film, comics ou album pour enfant. Héroïnes, modèles féminins ou simples marques ? Retour sur quatre icônes d’agenda marquantes de notre préadolescence.
Hello Kitty, l’inexpressivité commerciale
Créée en 1962, l’icône sans bouche (ou sans nez ?) est la doyenne de nos héroïnes. Née au Japon, elle est la chef de file de la culture kawaii. Elle serait également assimilable au Maneki Neko, chat porte-bonheur japonais, ce qui en ferait un produit typiquement national ; néanmoins, on lui a quand même accolé des origines britanniques car la Grande Bretagne, à l’époque de sa création, c’était swag !
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Hello Kitty, malgré sa longue existence, son extension à travers foules de produits dérivés, histoires, dessins animés et jeux vidéo en tous genre, demeure néanmoins l’héroïne qui a le moins de caractère. Elle est plus ou moins faite pour ça, car son visage inexpressif permettrait de s’identifier plus facilement.
Qui plus est, elle peut tout de même sembler un brin conservatrice ! Sa famille colle au modèle traditionnel de base : Papa est fiable mais un peu étourdi et Maman gentille et adore cuisiner. Quant à la soeur jumelle de Kitty, Mimmy, elle ne rêve que de mariage. Après, les conservateurs japonais eux-même n’apprécient pas du tout la vague kawaii liée à Hello Kitty, qui crée selon eux de jeunes femmes-enfants hyper consommatrices.
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Vous l’aurez compris, Hello Kitty en elle-même reste assez neutre, et vu qu’elle n’a pas de bouche, hélas, on peut un peu lui faire dire ce qu’on veut… ce qui peut même aboutir à des situations qui changent un peu de la cuisine, du bain moussant et du jardinage — toujours dans une visée commerciale, bien sûr !
Emily The Strange, la marginale bankable
Emily The Strange est une gothique blasée qui n’a pas d’autres amis que ses chats et kiffe les maths et les sciences. En gros, c’est un modèle alternatif parfait et inspirant pour tou-te-s.
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Née dans les 90’s aux États-Unis, elle est tout à fait dans l’air du temps, à rapprocher de Daria, d’Enid de Ghost World et d’autres adolescentes cyniques. Inspirée notamment de Mercredi Addams et Vampira, elle est une des innombrables héroïnes dont le look gothique et l’attitude blasée permet de s’affirmer en défiant et détournant les attentes genrées liées aux Girly Girls. En gros, Emily se pose là et j’ai beaucoup d’affection pour elle !
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Mais ne nous voilons pas la face : elle est aussi et surtout une icône pop hyper vendeuse qui se décline sur n’importe quel produit, du pyjama au mug. Emily appartient à la sous-culture, mais ça ne l’empêche pas de bien se vendre !
Pucca, la brute mignonne
Née en Corée du Sud, au départ une icône Internet tout droit sortie des années 2000, Pucca a beau être plus jeune que les deux autres, elle a très rapidement fleuri sur les fournitures des petites filles du monde entier. Avec sa bouille hilare et sa superforce, Pucca a un peu de l’insolence d’une Fifi Brindacier… Mais là où l’héroïne de roman suédois est devenue une icône punk grâce à son anticonformisme opposée au très lourd Lagom, Pucca est loin d’être aussi intéressante.
Pire, si sa dominante rouge la rend nettement moins tarte qu’Hello Kitty, son seul trait de caractère semble être son obsession pour un garçon ninja, Garu, qu’elle torture et violente allègrement dans un humour cartoon vraiment répétitif. Rafraîchissante mais vite un rien relou, la Pucca !
Elle a au moins le mérite d’être un peu plus piquante et délirante que les greluche pailletées du rayon « papeterie genrée »…
Ruby Gloom, le dark pour les enfants
Ruby Gloom est née au début des années 2000 et se déclinait au départ sur des articles de papeterie et… des sous-vêtements. Elle était initialement pensée comme une icône gothique mais séduisit surtout les marmots : on développa rapidement un dessin animé basé sur son univers riche en squelettes, fantômes et autres cyclopes.
Ruby Gloom, la fille la plus heureuse de la terre, est censée nous faire voir le côté fun des ténèbres et elle y parvient plutôt bien. Seulement, si le message d’acceptation des autres avec sa tripotée de copains chelous est plutôt bien envoyé et que les quelques références culturelles comme les corbeaux Edgar, Allan et Poe permettront peut-être à certains fans de découvrir la littérature fantastique, Ruby n’est clairement pas aussi tranchante que les goth girls habituelles et en cela, elle perd beaucoup de son potentiel réjouissant.
Elle est également très « girly » (amoureuse, elle aime écrire dans son journal intime, le tricot et la cuisine), mais sa camarade Iris, la cyclope casse-cou équilibre le tout.
Ainsi, même s’il est plutôt rafraîchissant de voir contré le cliché du style gothique nécessairement déprimé et cynique, en détachant ce style de ses racines et en le rendant plus soft et accessible, on lui ôte pas mal de son intérêt…
Et vous, que pensez-vous de ces mascottes qui fleurissaient sur toutes les tables dans votre enfance ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Puis une touche mignonne et un peu enfant ça fait pas de mal
Sinon j'ai bien apprécié Ruby Gloom aussi, c'est original et ça m'fait un peu pensé à l'univers Burton. (Cf, L'étrange Noël de Mr.Jack)
Je me rappel avoir eu deux trois t-shirt Emily the Strange au collège, pendant ma période "metalleuse" (bah quoi ? Avouez, vous avez eu aussi cette période en quête de personnalité !)
Bref, sinon ça me rassure un peu de voir qu'il reste des choses un peu plus soft, quand on voit les "Monster High" par exemple, ça pue l'hypersexualité chez les gosses, je trouve ça osé.