Le jeu qui m’a réconciliée avec les jeux vidéo
Ça faisait quelques mois que mon frangin s’était mis au jeu sur PC. Ses copains lui prêtaient des CD-Rom et il passait des heures devant l’ordi familial. Il clignait des yeux, se mordait les lèvres avec angoisse, grognait de frustration. Un vrai phénomène ! Même quand il jouait à la Nintendo 64 avec le voisin, il ne se mettait pas dans cet état…
Moi, je n’aimais pas les jeux vidéo. Adibou et Marine Malice m’avaient laissé de chouettes souvenirs, mais après avoir désespérément tenté de maîtriser un kart dans Diddy Kong Racing et être devenu la cible mouvante préférée des autres joueurs en incarnant Natalya dans GoldenEye, j’étais un peu dégoûtée. Les jeux de mon frangin ne m’intéressaient donc pas.
Incarner Natalya était manifestement une erreur à ne pas commettre.
Et puis, je me suis mise à l’observer quand il jouait à Rayman. On renouait un semblant de contact. Il commentait la partie et on discutait, mais quand j’ai voulu m’y mettre… Impossible. Ça m’angoissait et je sautais en même temps que le personnage ! Pas un jeu pour moi. Trop stressant, trop précis… Ça me faisait l’effet des attractions à sensations des fêtes foraines : beaucoup adorent ça, mais moi je ne peux pas.
Mais j’aimais bien regarder.
Un jour, il a ramené Heroes III à la maison et là, j’ai eu le coup de foudre, et j’ai lentement sombré dans l’addiction. J’ai d’abord regardé mon frère jouer. Ce n’était pas aussi impressionnant que Rayman, mais c’était vraiment joli. Il déplaçait un petit personnage à cheval sur une carte somptueuse richement détaillée.
Et puis il y avait la musique très soignée, et de nombreux bruitages ponctuant ses périples : un coup de harpe au puits magique, un orchestre grandiloquent en cas d’attaque… Et puis il y avait les combats où son héros et son armée de créatures fantastiques devaient faire leur preuves. Et puis il y avait les avatars des héros des différentes factions, fières archères, prêtresses, moines, chevaliers, démons et autres sorcières grimaçantes…
Et puis…
https://youtu.be/DaCqa2h8g0w
Vers deux minutes, une reconstitution de combat Heroes III épique !
Un jeu hypnotisant
Je m’y suis mise, et le frangin et moi nous sommes associés pour bouter nos ennemis communs hors de leur orbite ! Au début, je l’agaçais parce que j’avais une fâcheuse tendance à prendre mon temps. Je passais des heures à observer mes créatures, mon château, les détails de la carte, à écouter une certaine musique jusqu’à la fin de la boucle. Et comme c’est un système de tour par tour, mon frère devait patiemment attendre que j’ai fini de compter mes dragons pour pouvoir jouer.
Le potentiel de frustration était assez sévère.
Et moi pendant c’temps-là, j’admireuh mes licorneuh
Malgré tout, à force de pratique, j’ai commencé à être… pas si mauvaise. Disons que je jouais plus rapidement et qu’il m’arrivait de gagner (et pas qu’en niveau facile) !
Les années passaient, et j’ai continué à taquiner ce vieux jeu PC dont les graphismes gardent un charme certain malgré les progrès technologiques effectués depuis. Il faut dire qu’Heroes III, c’est comme les échecs en ligne : diablement addictif et incroyablement complexe, sous des allures simples. Il s’agit de réfléchir et de cliquer, nulle adresse n’est requise au préalable, mais dans le cerveau, ça carbure.
Peu après, Heroes IV est sorti ; le jeu était très moche mais les musiques magnifiques, et certaines campagnes avaient au moins l’avantage d’un scénario un peu intéressant. Puis est venu Heroes V. Je m’y suis mise environ six ans après sa sortie et je recommande absolument !
Il combine les rares avantages du IV avec la qualité du III et de somptueux graphismes en 3D. Les musiques sont grandioses, les ambiances mirifiques. On a vraiment l’impression d’être un seigneur de guerre. Malgré tout, je continue de jouer à Heroes III. Et je me demande si je me lasserai un jour de ces deux jeux.
Pour donner une idée de l’évolution des graphismes, la faction des « humains », le château, dans Heroes III :
C’est beau hein ? Bah, dans Heroes IV, on oublie la beauté :
Vous voulez un petit sac pour vomir ? Non, bon, alors découvrez Heroes V maintenant et appréciez :
Maintenant, imaginez tourner en vue aérienne autour de cette ville avec cette musique :
Yep, vous pouvez pleurer.
De l’aventure, de la stratégie… et de la gestion
Alors Heroes, qu’est-ce que c’est ? Stratégie et tour par tour, oui, mais après ?
Eh bien, Heroes c’est en quelque sorte la rencontre de SimCity et Warcraft. SimCity pour la gestion, Warcraft pour le côté fantasy, stratégie et RPG.
Le mix parfait !
On se retrouve donc dans un univers de fantasy assez lambda et on a le choix d’incarner différentes factions ayant chacune leurs caractéristiques propres. La faction des morts-vivants, par exemple est pas mal pour débuter car elle n’est pas très chère et les cadavres des ennemis abattus lors de combats peuvent vite être transformés en nouvelles unités.
Avec chaque faction, on dispose de sa ville dans laquelle on peut construire un bâtiment par jour suivant ses moyens. Les bâtiments peuvent rapporter de l’argent, des ressources, une défense pour la ville ou des créatures de l’armée qu’on pourra recruter chaque semaine (dans la famille, on dit qu’on « récolte » nos créatures en début de semaine). Chez les elfes, on recrute licornes, archers et dryades, chez les morts vivants, squelettes, vampires et zombies…
Chaque unité a sa vitesse de déplacement, sa force, sa résistance, etc. Plus la créature est puissante, plus elle est chère. Il faut donc prévoir ses dépenses, économiser… Comme je l’ai dit, il y a une vraie part de gestion dans le jeu !
La faction des licornes (vous remarquerez la pose WTF des cavaliers de Pégases à droite)
La faction démoniaque !
Mais ce n’est pas le tout : le but du jeu étant généralement d’aller piller le voisin sans se faire prendre, il s’agit de défendre son château mais aussi de déplacer son armée et pour cela, on a besoin d’un héros. Un héros pourvu également de capacités propres et qui, à un niveau suffisant, peut vraiment changer la donne au cours du combat avec ses sortilèges.
Grâce à son armée et son héros, on peut ensuite aller piquer les ressources du voisin pour bien améliorer sa ville, entretenir son armée, conquérir d’autres espaces et devenir le maître de la map ! Mouahahah !
Si ça semble simple, c’est plutôt complexe et les ennemis se révèlent assez retors dès le niveau normal ou moyen.
Un univers complexe
Outre le challenge, le jeu est doté d’un univers complexe et attractif avec une véritable mythologie. Les héros, factions et unités ont tous leur histoire propre, toujours un peu cliché quand on est familier de la fantasy, mais néanmoins très riche et cohérente. Certains détails sont même utiles à savoir sur le plan stratégique !
La musique crée aussi une véritable ambiance. Rob King et Paul Romero, les compositeurs de tous les opus, contribuent à l’ambiance du jeu en donnant à chaque faction, chaque détail de la carte des sonorités spécifiques. Les musiques, déjà très chouettes pour le premier Heroes deviennent avec le temps de plus en plus grandiloquentes. Dès Heroes IV, on a des choeurs épiques et l’OST d’Heroes V est grandiose !
Mes deux thèmes préférés dans Heroes III :
Et dans Heroes IV :
Avec ça, on s’attache forcément à un type de jeu, un type de faction. Personnellement, si j’ai longtemps été fan des elfes qui permettaient d’utiliser des licornes badass (dans Heroes III, les licornes sont puissantes, on déconne pas avec elles !), puis d’Inferno et de sa musique démoniaque à l’orgue de barbarie, aujourd’hui, je ne joue qu’avec les villes de magiciens : la Tour ou Conflux dans Heroes III et l’Académie de Heroes V, qui place les magiciens et érudits dans un cadre de mille et une nuits steampunk.
Gremlins, golems et mages, mes préférés à l’Académie dans Heroes V : même que quand ils meurent, je pleure.
Est-il utile de dire que la musique est fabuleuse ?
Le Havre est sympa aussi : c’est la faction des humains avec son extrémisme religieux, ses preux chevaliers, ses griffons et ses anges. Mais j’en connais qui ne jurent que par les morts-vivants et leur système de recrutement par résurrection, les barbares et leur soif de sang, les nains et leurs runes, les démons et leurs traîtrises…
Pour conclure, je reviendrai à ce que j’ai dit au début. Comme certains jouent à Pokémon, je joue à Heroes of Might and Magic depuis plus de dix ans et je vous assure que je n’ai pas si mauvais goût que ça. Essayez ! C’est satisfait ou satisfait !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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