La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère daronne,
Je suis en couple depuis plus d’un an dans une relation à distance.
Suite à des problèmes de santé et une perte de poids, j’ai une libido très faible. Je suis sur le chemin de la guérison, mais je ne vais pas retrouver une libido du feu de dieu avant quelque temps. Lors de nos retrouvailles, nous faisons l’amour une voire deux fois maximum. Je refuse bien sûr de me forcer si je n’en ai pas envie à 100 %.
Mon copain a beaucoup plus de désirs sexuels que moi. Il me fait régulièrement part de sa frustration.
Je suis très câline et j’adore passer l’après-midi à faire des papouilles lover dans ses bras. Cependant, lors d’un long câlin, mon copain m’a fait une réflexion assez inattendue : « Je préfèrerais que tu évites de m’exciter si c’est pour refuser de faire l’amour ensuite. »
J’ai essayé de lui faire comprendre mon désarroi, sans grand succès. J’ai profondément honte d’avoir peu de désir sexuel et je ne sais pas comment gérer la situation.
Que faire pour préserver mon couple ?
Ambre
La réponse de la Daronne
Mon petit berlingot,
Tout d’abord, je voulais te souhaiter un bon rétablissement. Voilà, c’est fait. Passons à nos moutons :
On considère souvent les déséquilibres de libidos comme des problèmes majeurs qui traduisent d’un profond malaise ou annoncent une rupture précoce et tragique. Les « couples normaux » auraient une libido vaillante et accordée. L’existence est trop mouvementée pour que l’on puisse décemment gober ce mythe mensonger. La famille, l’argent, la santé, le travail, la fatigue, la vie, le temps qui passe, la vibe du moment, etc, etc. Les facteurs qui peuvent jouer la libido sont nombreux.
Dans ces conditions, on peut imaginer que ce problème de déséquilibre concerne tous les couples avec plus ou moins de régularité. On en fait pourtant la bête noire de la vie conjugale, l’inconnu à éviter. Bande d’hypocrites va !
On doit reconnaître la souffrance que ce déséquilibre engendre, mais on ne peut pas faire comme s’il s’agissait d’une situation exceptionnelle et qu’il était très rare et très courageux de réfréner ses besoins sexuels. On ne peut pas non plus continuer à colporter la mythologie d’une libido masculine insatiable, irrépressible et irrésistible.
Le sexe est-il un dû au sein du couple ?
Le sexe est considéré comme le revenu universel des gens en couples. À quoi ça sert d’être à deux si on ne peut pas forniquer ? En cas de libido mal accordée, on va avant tout essayer de régler le problème de celui qui n’a pas envie. Ce sera à lui, enfin à elle, de s’interroger sur ce qui ne va pas chez elle, et trouver des solutions pour stimuler son envie.
Quand ces solutions existent, elles impliquent un lourd investissement que le partenaire n’est pas toujours prêt à fournir. Le refus est perçu comme une attaque personnelle ou le signe d’un désamour (sans entrainer de remise en question pour autant, n’exagérons rien). Or celui ou celle qui ne peut pas donner n’est pas responsable de cette situation, et aimerait bien aussi qu’on respecte son rythme.
Le sexe n’est pas quantifiable et c’est encore moins un dû. Il n’y a pas de bon ou de mauvais rythme, tant que le rythme est consenti. N’aie jamais honte de ta libido, par pitié, nom d’une pipe.
Alerte drapeau rouge !
Ce que tu me racontes ne me plait pas beaucoup.
Ton copain a le droit d’être frustré sexuellement. Ma foi, ça arrive même aux meilleurs d’entre nous. Il a aussi le droit de ne pas avoir envie de câlins et de contacts, peu importe ses raisons. Il n’est d’ailleurs pas obligé de les fournir et tu dois respecter ça.
En faisant volontairement peser sur toi de la culpabilité (même de façon détournée), il sort de l’acceptable pour se diriger dangereusement vers la saloperie.
J’ai bien compris que ton état de santé ne t’empêchait pas d’avoir des rapports, mais tu as l’air de traverser un moment éprouvant physiquement et moralement. Ce n’est pas le moment où on est censé faire peser sur toi des pressions supplémentaires et un manque de compassion.
Et maintenant ?
Je pense sincèrement qu’un individu normalement constitué peut vivre au rythme d’un (ou deux) rapport sexuel toutes les trois semaines, même si la situation devait encore durer un moment. Il peut même vivre au rythme de zéro, si l’envie t’en quitte.
Cela dit, les dissonances de libidos qui perdurent et qui ne trouvent pas de solutions (autres pratiques, ouvrir le couple, etc.) peuvent conduire à la rupture. Il s’agit parfois de la meilleure décision. Lorsque c’est le cas, celui qui n’avait plus envie se blâme souvent, mais se voyait-il continuer avec quelqu’un qui lui mettrait la pression dès qu’il aurait une baisse de régime ?
Si ton conjoint refuse de garder pour lui une frustration contre laquelle tu ne peux rien, au risque très probable que tu finisses par te forcer, on peut se demander si ton couple mérite vraiment d’être sauvé.
Je te laisse, le Daron m’appelle pour que je monte le rejoindre. Hi hi. On va faire ce truc qu’on adore où je m’endors pendant qu’il regarde un film à faible volume. Ça me berce.
La bisette,
Ta Daronne
Les Commentaires
Je comprends le copain de refuser les câlins, si les contacts rapprochés l'excitent trop. En revanche, s'il a réellement dit la phrase relatée par Ambre, c'est drôlement maladroit et pas très bienveillant - mais il se peut qu'il ait dit ça dans un moment de frustration, et pas forcément lors d'une discussion posée. Je précise, ce n'est pas que je remette le témoignage de la Madz en question, mais elle peut avoir interprété la phrase avec son propre prisme de honte et de mal-être.