La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère Daronne,
Je suis enceinte de six mois, et je suis prête. Non, ce n’est pas vrai. Au secours ! Bon, je ne t’écris pas au sujet de mes angoisses de future mère (la prochaine fois peut-être), mais pour un souci bien plus pratique : le choix de la marraine.
Je suis la marraine du premier enfant de ma sœur. Nous sommes très proches et quand on était adolescentes, on s’était promis qu’on serait marraine de nos enfants respectifs. Enfin bref, elle a eu son premier enfant jeune et elle a tenu parole. Sauf que depuis : elle a eu trois autres enfants, et elle a déménagé à l’autre bout de la France.
Je l’adore toujours autant, on essaye de se voir au minimum trois fois par an et on est folles de joie de se retrouver. En dehors des retrouvailles, notre contact n’est pas régulier. Pour moi, le rôle de marraine est très important et je veux quelqu’un qui soit très impliqué dans la vie de mon enfant et qui partage mes valeurs à fond.
J’aime toujours autant ma sœur, mais je ne l’envisage plus dans ce rôle-là. Elle vit trop loin, elle est trop occupée et donc peu disponible, je ne suis pas fan de l’éducation qu’elle donne à ses enfants et sa vision des enfants en général. Bref pour moi, on choisit une marraine pour son enfant et celle-là ne convient pas pour mon bébé. J’ai d’ailleurs déjà trouvé celle qui me convient.
Ce ne sera pas le cas de ma sœur, pas au sens où je l’envisage. Je sais qu’elle sera déçue, et j’ai tellement peur de me fâcher avec elle que j’en viens presque à envisager de lui proposer quand même, même si ce n’est pas ce que je veux.
À ton avis ? Je prends ma sœur ? Je dis la vérité ? Et comment ?
Ju’
La réponse de la Daronne
Mon petit hibou,
J’ai plus de filleuls que d’enfants. Je les tiens principalement de la période où j’étais célibataire, mais où mes amis se reproduisaient en masse. À cette époque-là, mes choix de vie présageaient une disponibilité infinie. Mais à chaque Daronne, son Daron et je suis tombée enceinte deux fois. Je ne te raconte même pas le foutoir pour désigner cette fichue marraine. J’ai bien failli perdre des proches dans l’histoire, alors que je les aimais plus que tout aussi.
Et tout ce cirque pour quoi ? Pour être contraintes de faire des cadeaux deux fois par an minimum à des mouflets ingrats ? Pour passer son temps à culpabiliser à mort d’avoir encore oublié leur anniversaire ? Je ne sais pas si tu as remarqué, mais les titres les plus honorifiques sont aussi les plus carottes. Le témoin, les marraines et les parents, les mères de famille, autant de main d’œuvre dévouée, payée en bisous et en déclarations d’amour.
Mais puisque je suis bien placée pour savoir que les humains s’obstinent à reproduire encore et encore les mêmes erreurs, je vais quand même te répondre.
Choisir ta sœur pour éviter les dramas ?
Chez nous, le choix de la marraine était clair comme cette eau que le Daron a un jour bue directement depuis sa source, un jour où nous nous promenions en forêt et où il m’a dit : « Eh regarde, une source ! ». Outre la transparence de l’eau, le Daron n’a pas connu le moindre désordre intestinal. Il s’agissait donc d’une eau vraiment très claire, dans laquelle j’ai tenté de noyer le poisson. Pour moi, désigner une marraine, c’était avant tout rejeter les autres candidates.
« On pourrait avoir un troisième et un quatrième enfant, pour ne décevoir personne« , « On est athées, on s’en fout, on peut leur donner deux marraines chacun« , avais-je même suggéré à l’époque.
Nous aurions pu, il n’y a aucune règle en la matière. Mais louvoyer pour ne froisser personne, c’était avantager le bien-être des adultes à celui de nos enfants. Symboliquement du moins, nos candidats éconduits étaient des gens très bien qui auraient probablement rempli la mission avec brio. Cependant, notre choix était arrêté pour une raison, et nous devions à notre enfant de nous y tenir.
C’est peut-être la première fois que tu es confrontée à cette vérité parentale qui risque pourtant de se reproduire. Ce qui est bon pour les enfants, peut diviser les adultes. On ne peut malheureusement pas y renoncer pour éviter les conflits, nos enfants méritent mieux que ça.
Honore ton choix et considère cette petite épreuve comme une occasion de t’entraîner pour ce qui t’attend à l’avenir.
Comment dire à ta sœur qu’elle ne sera pas marraine ?
Tu m’as demandé ce que tu devais faire, et je t’ai recommandé de lui dire la vérité. Tu regrettes, mais c’est trop tard.
Comme ta sœur vit loin de chez toi, je t’invite carrément à lui annoncer ta décision par écrit. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas facile de s’exprimer oralement face à une personne qui se sent trahie. Elle pourrait protester ou te raccrocher au nez avant que tu n’aies eu le temps d’exposer les arguments valables qui motivent ta décision. Merci de ne pas mentionner vos différences éducatives. Concentre-toi sur le facteur espace-temps et insiste sur ton amour pour elle et ta crainte de la blesser.
Il est possible qu’elle commence par t’en vouloir et que vos liens soient tendus quelque temps. Cela dit, tes explications sont suffisamment claires pour espérer une reprise saine de vos rapports, dès que l’événement sera digéré.
Si tu sens qu’elle est déçue et que cette déception n’est pas motivée par un égo blessé, tu peux lui proposer d’endosser un statut spécial et son petit nom assimilé. Si la situation s’y prête, je t’encourage fortement à envisager cette piste. Tu pourrais être agréablement surprise, d’autant qu’on n’est jamais trop pour chérir un enfant.
Je te laisse, je vais garder mon filleul, il a la gastro et sa mère doit aller travailler.
La bisette,
Ta Daronne
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