La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère Daronne,
Ma sœur sort avec un type qui se la pète tout le temps depuis deux ans. Quand on le voit, il ne nous demande jamais comment on va et il énumère tous ses exploits : combien il a gagné ce mois-ci, les trucs cools qu’il a faits, ses super contacts… Et quand il vient chez nous, il critique tout et nous donne des conseils foireux genre où l’on devrait investir, ou pourquoi on devrait changer de voiture. Le problème, c’est que la dernière fois qu’on l’a vu, on l’a critiqué tout le trajet du retour alors que ma fille de quatre ans était assise à l’arrière. La semaine dernière, ma sœur est venue dîner toute seule à la maison et ma fille lui a demandé si c’était vrai que Tonton Dam « – il arrêtait pas de se la péter et de faire chier papa et maman avec sa fausse vie ? » En ces termes. On a tous ri jaune et on a vite changé de conversation, mais après ça l’ambiance était glaciale. Depuis ma sœur ne répond pas à mes textos, qu’est-ce que je dois faire ? Nier ? En profiter pour dire tout ce que je pense de tonton Dam ? Aide-moi, chère Daronne.
Audrey
La réponse de la Daronne
Mon petit hot-dog végétalien,
La situation que tu traverses est profondément injuste. Après tout, tu t’es contentée de faire ce qu’à peu près tout le monde sur terre fait au sujet d’à peu près tout le monde sur terre : bitcher. Le seul problème, c’est que toi, tu t’es fait griller. Et tu vois, notre société est basée sur un principe très simple : c’est absolument ok de critiquer les gens dans leur dos et même proférer les pires horreurs à leur égard, tant qu’ils ne l’apprennent JAMAIS. C’est le principe du pas vu, pas pris. Et ça profite à tout le monde puisque ça nous ça permet de garder l’illusion que nous sommes l’exception qui confirme la règle et que personne ne balance jamais à notre sujet. Et puis franchement, qui a envie de se disputer avec ses proches préférés pour une vacherie lâchée dans le dos (sachant qu’on s’est soi-même souvent plié à l’exercice avec brio) ? Personne. Mais lorsque la vacherie devient publique, bon bah, on est quand même tenu de marquer le coup et il faut s’expliquer et déterrer de vieux dossiers… Quel enfer ! Mais pourquoi les gens ne peuvent pas bavasser plus discrètement ?
Règle numéro 1 : on ne critique pas ses proches devant les enfants
Bon c’est vrai que toi niveau discrétion, tu partais avec un handicap de taille en la personne de ta fille, mais que veux-tu. C’est en faisant des erreurs de débutant que l’on apprend : il ne faut JAMAIS dire de mal des gens devant ses enfants. Déjà, parce que les gosses sont des fouteurs de merde de compétition qui n’en ont rien à cirer de nos codes de bienséance tortueux et se feront une joie de tout répéter. Ensuite, ça ne les regarde pas ce que nous, les adultes, pensons les uns des autres.
Je ne sais pas si c’est très rassurant pour un gamin de constater que ses parents se défoulent verbalement sur des gens à qui ils souriaient dix minutes plus tôt. D’autant plus que ça met ta fille dans une position très inconfortable surtout si, elle, elle kiffe tonton Dam (elle a le droit d’avoir ses propres goûts, même s’ils sont bien pourris). Mais finalement, le principal, c’est qu’elle a pu régler ce conflit de loyauté à sa manière, même si ça vous a mis dans la merde.
Dans la vie il faut assumer (un minimum)
Pour en revenir à ta sœur, à la condition que tu ne laisses plus jamais ta fille lui adresser la parole, tu peux essayer de rétablir le contact avec un message qui ouvrira la discussion sans la diriger, par exemple : « – Si tu veux qu’on parle de ce que ma fille a dit, n’hésite pas, ce serait bien de clarifier les choses. » ou encore : « – C’est bizarre ce qui s’est passé samedi, ça serait bien qu’on en parle« … Après ce ne sont que des exemples, tu peux bien écrire ce que tu veux, tant que tu ne mens pas, jamais, ni au moment d’envoyer le message ni par la suite. Ça ne sert à rien, le mal est fait et ta frangine sait déjà que tu ne supportes pas tonton Dam. Et même si, par miracle, tu arrives à lui faire croire qu’en fait, tu adores son compagnon, tu t’autocondamnes à une éternité de risettes et d’approbations aussi feintes qu’enthousiastes dès que le mec ouvre sa grande bouche. Au secours.
Sois désolée d’avoir blessé ta sœur, pas de ce que tu as dit
Il ne faut pas remettre en cause ce que l’enfant a dit, tout le monde sait que les enfants ne mentent que quand ça sert leur propre intérêt, et pour cette petite fille : un tonton en moins, ce serait avant-tout risquer d’avoir un cadeau de moins pour son anniversaire, donc aucun intérêt à dézinguer gratos le beau-frère. Plutôt que de vous chercher des excuses, concentre-toi sur ce qui compte : ta frangine blessée. C’est le moment de t’excuser sincèrement et d’admettre que si vous aviez quelque chose à reprocher à tonton Dam, vous auriez dû lui dire en face ou ne rien dire du tout.
À ce moment de l’histoire, normalement, ta frangine va peut-être vouloir en savoir plus au sujet de ton opinion concernant son mec. Et si tu peux en profiter pour tâter le terrain et vérifier qu’elle est heureuse dans son couple, reste la plus factuelle et vague possible quand tu invoqueras avec élégance une simple histoire d’atomes crochus. Ta sœur n’est vraiment pas la personne avec qui tu peux baver sur tonton Dam. Trouve quelqu’un d’autre pour ça et débrouille-toi pour ne pas te faire choper, cette fois.
Je te laisse, je dois acheter le silence de ma fille avec une sucette.
La bisette,
Ta daronne
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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