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Source : Monkey Business Images
Chère Daronne

Help ! Lors d’une crise de ma fille, je lui ai balancé que le père Noël n’existait pas

La Daronne répond à vos questions en essayant de ne pas être trop à côté de la plaque.

La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !

La question pour la Daronne

Chère Daronne,

Je te demande de ne pas trop me juger, sache que je le fais déjà très bien moi-même. Mais voici ce qui vient de se passer : ma fille, joyeuse luronne de bientôt 7 ans, est parfois, il faut le dire, pas la plus sympa des personnes. Dans ses mauvais jours, elle est la reine des drama et a beaucoup de mal à réaliser que le monde ne tourne pas qu’autour d’elle, qu’elle ne peut pas tout avoir, et que l’argent ne pousse pas sur les arbres. Quand elle ne peut pas avoir ce qu’elle veut, elle est capable de taper des crises qui feraient pâlir Éric Zemmour, et ce n’est vraiment pas facile. Pour elle comme pour nous, ses parents. Un jour, ça a été la crise de trop, et tout s’est enchaîné très vite : elle me disait des mots très durs, tout le monde se criait dessus, chacun avait ses arguments, j’étais à bout de nerfs et crevée et paf, j’ai voulu terminer la partie et j’ai balancé, folle de rage, alors qu’elle me soutenait qu’elle n’avait pas besoin de moi pour avoir des cadeaux à Noël parce qu’il y avait le vieux barbu pour lui en filer gratos: “de toute façon, le Père Noël, il n’existe pas. Si t’as des cadeaux, c’est grâce à papa et moi”.

J’ai vu son regard, j’ai lu sa tristesse, et mon cœur a fait le même bruit qu’une feuille qu’on chiffonne.

Aide-moi, chère Daronne, est-ce que je viens de briser l’enfance de ma fille ?

Bisous

Marine

La réponse de la Daronne

Mon petit morceau de pain d’épice,

Tu te souviens quand nos enfants avaient environ un an et que nous pensions avoir révolutionné l’éducation parce que nous étions à l’écoute et bienveillantes à l’égard de ces bébés, qui pourtant nous empêchaient de dormir ? Ah ah ah.

Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Je ne suggère pas que les choses se compliquent avec le temps. Ni que ce temps n’est qu’un enchaînement d’obstacles pénibles. Dans l’ensemble, l’enfant de quelques années et plus, n’est pas le pire des colocataires : il dort la nuit, utilise les toilettes en toute autonomie, et il balance des vannes correctes.

Le seul point qui pose réellement un problème, c’est que plus notre engeance grandit, plus elle devient sa propre personne. Soit une personne différente de nous, ce qui est déjà compliqué à gérer, mais dont la verve est en plus de ça tellement élaborée qu’on en oublie à quel point son cerveau est immature et ingrat. 

Es-tu une mère horrible ?

Absolument ! Et depuis plus longtemps que tu ne le penses. En lui faisant croire au père Noël, tu imposais déjà un mensonge indigne à ton enfant. Elle comptait pourtant sur ta fiabilité pour s’épanouir en toute sécurité. À moins que tu ne fasses au contraire partie de ces Grinchs trouble-fête, qui, en refusant la fable, privent leurs enfants d’une belle occasion de développer leur imaginaire et de saisir la magie du monde.

Nous sommes tous des parents horribles au quotidien, et il nous arrive tous de toucher le fond du fond de temps en temps. Et quand je parle de fond du fond, je ne parle pas des « Hihihi, on merde toutes, hier ma fille a regardé cinq minutes de dessins animés ! » (les gens comme ça, on vous hait).

Comme tu le sais, la politesse et les codes sociaux sont à géométrie variable chez nos têtes de pioche préférées. Ma fille, qui a environ l’âge de la tienne, n’échappe pas à la règle. Récemment, lors d’une réunion de famille, l’enfant s’est illustrée dans toute sa splendeur. Je m’en suis pris plein la tronche de la part de l’assemblée, sous prétexte que je la laissais faire n’importe quoi. Pour contredire mes détracteurs, j’ai hurlé à ma fille qu’à cause d’elle, je me faisais disputer et qu’elle rendait tout le monde triste. Le pire, c’est que je ne le pensais même pas.

Nous ne sommes que des humains. Et si on y pense, un humain, c’est avant tout un être vivant qui se trimballe à longueur de journée avec du caca plein le ventre. On ne peut pas en attendre des miracles. Lorsque nous dérapons, nous n’avons pas d’autres choix que de nous excuser et de tenter de tirer un enseignement pour ne plus recommencer.

L’ingratitude infantile, ce fléau

Les enfants sont ingrats. C’est un fait biologiquement avéré. Nous savions en les mettant au monde que leur maturité sociale ne serait pas atteinte avant une décennie et demie, voire deux décennies. La réalité nous prend pourtant de cours et nous réalisons vite à quel point l’empathie n’est pas un trait de caractère fondamental lorsque l’on raisonne en termes de survie. Ors, pour une fois, la nature a fait preuve de logique et nos marmots intègrent d’abord les bases. La faim, la soif, l’identification des processus d’évacuation naturels ou encore la peur. En grandissant, ces bases sont fortifiées par de nouvelles notions, comme celle de plaisir. Et je veux dire, soyons honnêtes, nous aussi, on aimerait bien kiffer non-stop sans penser aux autres. Nous avons juste appris que cela pouvait nous desservir.

Quand tu as sept ans, et que tu sais que ta mère t’aimera toujours comme elle n’a jamais aimé personne , tu es bien conscient de pas ne risquer grand-chose en te lâchant. Au pire, ta mère va crier, mais t’aimeras toujours. Au mieux, elle finira par céder. Même si tu te sens assez rassurée au fond de toi, lorsqu’elle ne cède pas. Mais quelle frustration ! C’est un peu confus tout ça, parce qu’à sept ans, tu comprends tout, mais tu ne sais pas encore bien interpréter. Entre plaisir avant tout et tracas du quotidien, le mélange est détonnant. 

De ton côté, toi, sa mère, tu t’en prends plein la tronche, et peu importe que l’humain qui te taille fasse 1 m 20 puisqu’il parle aussi bien qu’un adulte. S’il est particulièrement pénible, n’y a rien de personnel dans ce comportement, qui ne prédit pas non plus un avenir de sociopathe égocentré.

Comment sauver Noël ?

Cela ne signifie pas que tu ne peux rien y faire. À sept ans, elle peut comprendre qu’elle blesse et même affronter les conséquences de ses actes et de ses paroles via des sanctions qui ne portent pas préjudice à son intégrité (je me protège).

Si ta fille avait été plus petite, je t’aurais invité à rétropédaler en avouant n’avoir dit ça que parce que tu étais en colère. La pilule serait passée sans effort et sans culpabilité puisque rien, jamais, ne pourra s’opposer entre un petit-enfant et ses croyances délurées. 

Dans ton cas, c’est un peu trop tard parce qu’en général, les enfants découvrent la vérité vers 8 ans. 

C’est une bonne nouvelle, car cela signifie que tu n’as pas brisé l’enfance de ta fille, mais un an tout au plus. Blague à part, sois claire sur le fait que même si le mythe est brisé, ça ne change rien aux cadeaux, jamais. C’est souvent ce qui importe le plus, toi-même, tu sais.

Sinon, vous pourriez rebrander cet événement fâcheux en rite de passage et en nouvelles traditions. Le jour de Noël, ta fille peut, par exemple, aider les adultes à disposer les cadeaux sous le sapin. Elle pourrait profiter de privilèges réservés aux grands, comme celui de veiller tard, de sortir la nuit admirer les décorations (Je vis dans un film Hallmark) ou choisir le dessert du réveillon. Bref, il pourrait en sortir des choses qui font que ça vaut le coup de ne plus croire au Père Noël.

Pour finir, je vais te confier un secret, le père Noël existe. Toutes ces années, qui était derrière la magie de Noël, le grand barbu et les cadeaux ? Toi. Et toi, tu es encore là. La magie de Noël va bien au-delà d’une figure fantasmagorique inventée par Coca-Cola.

Je te laisse, je dois aller pâtisser des cookies pour mes beaux-parents,

La bisette,

Ta Daronne


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

9
Avatar de Pipistrelle.
7 décembre 2023 à 09h12
Pipistrelle.
Je conçois très bien que dans le feu de la dispute on perde son sens de l'humour, mais je crois que j'aurais beaucoup de mal à ne pas rigoler si une gamine me sortait ça
6
Voir les 9 commentaires

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