Marine en a assez de payer pour les enfants des autres en vacances. Lors d’une récente escapade en groupe, elle s’est retrouvée à supporter des frais de la marmaille. La daronne décrypte …
La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère Daronne,
L’année dernière, nous avons loué un gite avec des amis de mon copain, à plusieurs familles, pour le réveillon du jour de l’an. Lorsqu’il a fallu répartir le prix de la location, au lieu de diviser le prix par le nombre de lits occupés, celui qui avait réservé a décidé de diviser par famille… Ce qui pour nous deux revenait plus cher qu’une confortable nuit d’hôtel !
Quand mon compagnon a fait une remarque dans la conversation, personne n’a réagi. L’ami en question a fini par l’appeler, et lui a dit que diviser le prix total par le nombre de lits occupés leur reviendrait cher… Pourtant j’imagine que s’il prend une chambre familiale à l’hôtel, il ne demande pas à payer le prix d’une chambre double en arguant que le tarif familial coûte cher !! Finalement, il a compté 0.5 part par enfant (y compris pour un bébé) et nous n’avons pas insisté.
Bref, je ne comprends pas pourquoi ceux qui n’ont pas d’enfants devraient payer pour les enfants des autres… Quand j’ai soulevé la question auprès d’autres amies, j’ai appris que c’était malheureusement souvent le cas, même au sein de leur propre famille.
Le sujet est délicat, d’autant plus qu’il s’agit des ami.es de mon copain… Personne n’aime se faire avoir, et encore moins par ses proches. Payer pour la nourriture des enfants des autres, passe encore, mais une location représente un budget important…
Que nous conseilles-tu ?
Merci,
Marine
La réponse de la Daronne
Mon petit sac à dos,
Décidément, avec cette inflation et les vacances qui arrivent, la question des sous (et des enfants des autres) est vraiment au cœur de vos préoccupations. Je ne juge pas, il m’est arrivé de payer mes emplettes avec des pièces de cinq centimes. Récemment.
Ce que je trouve seulement dommage, c’est qu’à chaque fois qu’une mésaventure comme celle que tu viens de vivre se produit, vous vous demandez s’il s’agit d’une règle générale. Comme si vous aviez oublié qu’avant d’être peuplé de parents (ou de patrons, ou de voisins, ou de beaux-parents), le monde était surtout peuplé de gens prêts à tout pour chouchouter les petits oursins qui logent dans leur poche.
Je suis persuadée que même quand il n’avait pas encore de gamins, le cher monsieur de ta lettre (si tenté qu’il ait tort, je n’ai pas pipé grand-chose à vos démonstrations respectives) trouvait toutes les combines possibles pour dépenser le moins possible. C’était probablement déjà ce genre de type qui lançait au serveur : « On va diviser par 5, ce sera plus simple ! » Alors qu’il avait choisi le menu dégustation et vin, quand les autres avaient commandé une salade et de l’eau plate.
Qu’une chose soit claire : devenir parent ne change pas un rat en Saint-Bernard.
Payer pour les enfants des autres, souvent le cas ?
Pour répondre à ta question : Non, en théorie, les gens ne sont pas censés payer pour les enfants des autres. Mais, oui, c’est plus compliqué que ça. Vois-tu ma guimauve, les enfants mangent, mais ne perçoivent pas de salaire et ne sont pas fichus de cuisiner correctement. Crois-en mon expérience, hier mon fils saupoudré mes lasagnes d’éclats de coquilles d’œufs avant de s’écrier : « Miam miam ! ». S’ils sont malgré tout tolérés à une fête entre adultes, ils vont effectivement boulotter toutes les chips apéros et siffler entièrement la brique de jus de pomme initialement prévue pour la copine enceinte, sans avoir eux-mêmes ramené la moindre bouteille de vin.
Eh non, les enfants ne participent jamais aux buffets et autres apéros dînatoires collectifs, mais mon Dieu, ce qu’ils bouffent ! Comme si les haricots qu’on leur avait servis à la maison ne les rassasiaient pas ! D’autant plus que, je te l’accorde, nous les parents ne pensons pas toujours à confectionner une quiche par tête supplémentaire.
Dans ces cas-là, on peut effectivement conclure que les enfants mangent gratos ce que des grandes personnes, qui ne sont pas leurs parents, ont acheté en s’attendant à ce que tous les convives participent à la fête. Je suppose que c’est ce que veulent dire tes proches quand ils affirment devoir payer pour les enfants des autres. À part ce cas particulier — mais peut-être déjà difficilement tolérable pour le tout venant, qui sait ? — je ne vois pas dans quel autre contexte les darons demandent à leur entourage de payer pour leurs enfants.
Ça, c’est pour la règle générale. Cela ne veut pas dire qu’aucun parent, jamais, n’a abusé de la gentillesse de ses pairs pour nourrir, loger et distraire ses mouflets à l’œil. Je le disais plus haut, être parent n’empêche pas d’être une fouine. Néanmoins, dans ces moments de grande classe, c’est le rongeur qui s’exprime, pas le daron.
Pour en revenir à l’entourage qui appuie ton propos, je ne veux pas remettre sa parole en question. Cela dit, on sait comment ça se passe quand quelqu’un commence à râler, on rejoint gaiement la mêlée. L’incident embarrassant aussi inévitable que ponctuel devient soudain un fait quotidien qui permet de s’intégrer.
Comment répartir les dépenses ?
Grâce à vos nombreux courriers concernant des problématiques financières, je réalise à quel point l’argent est un sujet sensible et tabou. Bon, d’accord, je ne vous ai pas attendu pour le réaliser, mais ça n’invalide pas mon propos pour autant. Alors par pitié, la prochaine fois, agissez en amont.
En acceptant des comportements qui ne vous conviennent pas, voire pire, en refusant d’aborder la question, vous savez que ça va se retourner contre vous. Au lieu de vous plaindre auprès de proches complaisants, mais qui ne vont pas pour autant vous dédommager des frais engendrés, partagez votre perplexité avec les individus concernés.
Les pique-assiettes profitent de cette omerta monétaire. Ils savent que personne n’osera rien dire. Si quelqu’un avait osé un : « Tu déconnes Roger, les comptes sont pas bons ! » au lieu d’espérer qu’un autre mette les pieds dans le plat, vous n’en seriez pas là.
Avant d’accepter quoi que ce soit, mettez-vous d’accord et ne réservez que quand tout le monde sera content de l’accord trouvé. Quant aux modes de répartition, voici ce qui me semble le plus logique : un gîte se paye à la chambre et les mètres carrés supplémentaires peuvent entrer dans le calcul. Je pensais qu’en quittant la première L, je n’aurais plus jamais à faire de mathématiques de ma vie, mais puisqu’il le faut, je me sacrifie :
Admettons que vous restiez sept jours et qu’il y ait trois chambres, une plus grande que les deux autres de taille égale. Admettons aussi que le loyer soit de 300 euros, car j’aimerais vivre dans ce monde-là. Cela ferait 100 euros par personne, mais celui qui profite de la plus grande chambre, pourrait par exemple payer 120 euros et les deux autres 90.
Quant aux courses, je propose un simple prorata. Si certains des membres de la joyeuse équipe casent dans le caddy collectif des choses qu’ils seront seuls à utiliser, ils rajoutent la somme à leur contribution générale. Cette somme sera directement versée à la bonne âme qui a prêté sa carte bleue, ou glissée dans le pot commun.
Et voilà le travail. J’aurais dû faire médecine.
Arrêtez de partir en vacances entre potes, surtout s’ils sont radins
Je sais déjà que cet été, je vais recevoir pléthore de courriers qui se plaindront de l’attitude des membres de leur famille ou de leurs copains. Pourquoi vous vous infligez ça ? Vous savez que trois heures à peine après votre arrivée, la respiration de votre pote d’enfance va vous coller l’envie de vous crever les tympans. L’humain est un animal social ponctuel. Il a besoin de voir ses amis, mais pas trop longtemps, surtout en groupe.
Quant à toi, je ne sais pas avec qui tu as prévu de partir cet été, ni même si tu as prévu de partir cet été (moi, non), mais si ça doit se reproduire, n’hésitez pas à vous imposer avant que ce ne soit trop tard. Peut-être que pour votre ami, cette façon de faire est juste. Après mes prouesses mathématiques du jour, je n’ai pas la force d’effectuer un calcul de plus, alors je n’en sais rien. Peu importe, ce qui compte, c’est que cela ne vous convienne pas. Si le pote refuse d’en discuter, et vice versa, restez-en là et reprenez chacun vos chemins respectifs en vous souhaitant bonne route.
Allez, je te laisse, je dois annuler une réservation
La bisette,
Ta Daronne
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