La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice !
La question pour la Daronne
Chère Daronne,
Je me permets de t’adresser ce courrier, car (comme tout le monde, je pense), je suis très choquée par ce qui se passe en Palestine. Je voudrais faire quelque chose, mais en même temps, je ne sais pas quoi.
Sur les réseaux, je vois passer beaucoup de choses, parfois des critiques à l’égard de ceux qui ne font rien ou continuent de vivre leur vie comme si tout allait bien. D’un côté, je m’en veux, car je me reconnais dans ces attaques et je sais que je suis privilégiée, mais de l’autre : que faire ? Je me sens totalement impuissante et globalement, on l’est tous, je crois.
Ella
La réponse de la Daronne
Mon petit chaperon rouge,
Je me rappelle que quand « tout a commencé », avant Noël, certains de mes contacts Instagram s’indignaient de nos stories sapins de Noël et autres dindes aux marrons alors qu’à 3 000 km à peine… Tu sais ce qui se passe à 3 000 km à peine.
Comme je ne suis pas la dernière à partager des photos de mon assiette, je me suis sentie visée et ça m’a mise en rogne : comment pouvait-on croire que MOI, GAUCHO, WOKE, je n’en avais rien à foutre ! Poster des clichés de ma buche de Noël maison en forme d’étron n’empêchait en rien mon cœur de saigner pour Gaza. Je fais du bénévolat depuis des années, j’écris sur le féminisme et les inégalités et je dis souvent des trucs du genre : » Ça pue le néo-colonialisme« , « Le problème, c’est le capitalisme » et autres « Hors de question que mes enfants portent des habits aux motifs camouflages et jouent avec des armes en plastique !« .
Je suis du côté des gentils !
Oui, voilà, j’ai fait un bon gros #notallmen.
Cessons de philosopher
Même si j’étais vexée comme un pou, il fallait reconnaître que de facto, je ne faisais pas grand-chose pour les Palestiniens (ni pour les autres). Comme toi, j’ai commencé à m’interroger. Que faire de véritablement utile dans ces cas-là ? Relayer des informations sur Instagram ? M’insurger à mon tour face à notre silence collectif ?
Si c’était pour que la vidéo des civils en déroute se retrouve coincée entre une storie de ma fille qui pâtisse des biscuits de Noël et une photo de la place principale de notre ville envahie de sapins, bonjour l’hypocrisie.
Au fond, est-ce que cette hypocrisie est grave ? Personnellement, j’en ai conclu que non, tant que je ne me racontais pas d’histoires. Je n’allais pas m’approprier une douleur qui n’était pas la mienne en prétendant que mon existence aussi était en suspens. Je ne pouvais pas imaginer ce que ressentaient ces civils et j’étais une petite bourgeoise privilégiée, mère de petits bourgeois privilégiés. Tant mieux pour nous, mais on n’est pas là pour parler de nous.
Au lieu de se morfondre, que peut-on faire ?
On peut effectivement partager des informations sur les réseaux. Personnellement, j’éviterai de caler un post dénonciateur entre deux photos love et feel good, question de respect. Cela dit, les concernés ne nous suivent pas sur Instagram et considèrent peut-être que ce qui compte, c’est qu’on en parle.
Outre le partage d’informations, j’ai quelques autres suggestions :
En parler IRL : Actuellement, on parle avant tout des attaques en ligne, mais on évite le sujet en vrai. Commencer à en discuter « dans la vraie vie » permettrait déjà de concrétiser la situation et de matérialiser sa réalité. Ainsi, on sort des questions existentielles pour s’attaquer au problème : qu’est-ce qu’on fait.
Donner aux associations : Je suis un peu rabat-joie, mais je te déconseille de lancer une collecte, ou n’importe quelle action, sans t’être renseignée avant auprès d’associations qui interviennent sur place. Souvent, l’acheminement de denrées vers des territoires en crise est compliqué, voire impossible. Les associations n’ont pas besoin de montagnes de petits pots qui encombreront leurs entrepôts, elles ont besoin d’argent à investir sur place, selon les besoins avérés des populations. Alors si on peut : on n’hésite pas à donner à des structures réputées comme Médecins du monde et Médecins sans frontières.
Ne pas détourner la cause : Ce qui se passe en Palestine ne tient pas du conflit ni de la guerre de Religion. Ce n’est pas parce qu’on a le seum taille cosmos qu’on doit commencer à se discriminer les uns les autres.
Je te laisse, je vais essayer de reprendre une activité normale,
La Bisette
Ta Daronne
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Tu peux retirer la citation s'il te plaît ? J'ai demandé à ne pas être cité (c'est noté assez facilement en plus). Merci
Pour le reste, je ne débats pas avec l'extrême droite . Surtout quand les messages attaquent que des points ma foi très drôles car nous n'avez plus d'argument
En tout cas tu m'auras fait bien rire. Va boire un petit thé, ça détend.