:: Sortie le 1er mars 2006
De Bruno Chiche. Avec Sara Forestier, Nicolas Duvauchelle
Adapté du roman Hell de Lolita Pille
Avant toute chose, je dois le préciser : je n’ai pas lu le livre Hell de Lolita Pille. Vu son succès et notamment auprès des lectrices de la tranche d’âge de madmoiZelle.com, je ne peux pas penser qu’il soit aussi plat que son adaptation au cinéma.
Je ne supporte pas de dire du mal d’un film, cette position de « critique » me fatigue et je la trouve absolument naze. Mais il faut bien avouer que depuis un mois, entre Les Bronzés 3 et Le Nouveau Monde, je ne suis pas gâté par les projections ciné choisies pour être « le film de la semaine » sur madmoiZelle.com. Revoir les critères de choix ? On y pense…
Le thème du film : Hell est une gamine pétée de thunes dont le moins qu’on puisse dire est qu’elle se cherche. Un mec par soir, drogue, clope sur clope, alcool, champagne à gogo, boîtes de nuits hyper-select, Hell et sa bande de copines vivent en vase clos. Elle ne supporte ni sa vie ni son milieu, crache allègrement dans la soupe dès que l’occasion se présente, mais elle y reste quand même. L’argent ne fait pas le bonheur, qu’y disent. Mais au moins, on manque de rien.
Et puis un jour, après une rencontre plutôt inattendue, Hell finit par faire la connaissance d’Andrea. Caractéristique du jeune homme : une Porsche Carrera, beaucoup d’argent et un sacré béguin pour la jolie blondinette. Hell, le film, raconte l’histoire de cette belle histoire d’amour mêlant baise joyeuse, picole, coke, dépendance, décadence et vélo Gucci.
Je ne vais pas parler des acteurs. Ou plutôt si, mais en bien. Sara Forestier, révélée par son fantastique rôle dans L’Esquive, film multi-césarisé, joue un personnage complètement antinomique avec la Lydia qu’elle incarne dans le film d’Abdellatif Kechiche. Elle s’en sort admirablement bien. L’excellente prestation de l’un emmenant l’autre dans son sillage (et vice versa), Nicolas Duvauchelle, qui incarne Andrea, est lui aussi excellent dans son rôle de bourge friqué. D’autant plus intéressant de le voir comme ça, quand on sait qu’il vient d’une famille (très) modeste.
Parlons maintenant de l’adaptation au ciné de Hell, d’un point de vue vierge de toute lecture du livre. On sort de la salle en se demandant : quel est l’intérêt de porter cette histoire sur grand écran ?
- Les personnages sont-ils attachants ? Pas vraiment. Trop extra-terrestre pour le quidam de base. Pseudo-rebelles parce qu’on boit de la Despé au p’tit déj.
- Le film nous donne-t-il un aperçu de ce qu’est la vie de la France d’en haut chez les jeunes ? Peut-être, mais on nous la montre d’un oeil tellement extérieur qu’ils sont plus une caricature d’eux-mêmes.
- Le film fait-il passer un message ? Non, clairement pas. Au contraire, on pourrait même dire qu’il se complait dans l’univers qu’il tente de dénoncer, sans jamais arriver à en sortir.
Hell se veut être une critique d’une jeunesse sans idéal, qui se fout de la gueule de son entourage tout en y étant bien profondément incrustée. Mais à aucun moment la sauce ne prend. Pour citer un film abordant un sujet similaire (la jeunesse), Thirteen est bien meilleur et bien plus « vrai ».
Encore une fois, n’ayant pas lu le livre, j’ai du mal à croire qu’il était aussi plat que ça. Mais peut-être était-ce le but, finalement : faire un film aussi superficiel que ses personnages. Et là, je me dis : peut-être vaut-il mieux économiser la pelloche dans cette période pas facile pour le cinéma français.
Toutes les photos sont © SND
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