Le nom d’Heidi vous dit quelque chose ? Elle est née de l’imagination de la romancière Johanna Spyri, et s’est faite connaître du grand public grâce au dessin animé diffusé en France à la fin des années 70.
https://www.youtube.com/watch?v=“8hvGI9lYTZs”
La dessinatrice Marie Spénale a eu l’idée de s’interroger sur ce que devenait Heidi en grandissant : qu’est-ce que la vie en montagne avec son oncle quand on est adolescente ?
Marie Spénale s’est d’abord faite connaître grâce à son blog Les lapins roses ne courent plus dans les champs, et Heidi au printemps est son premier roman graphique.
Heidi au printemps, ou le désir d’émancipation
Dans la BD de Marie Spénale, Heidi vit toujours avec son oncle dans les montagnes.
Mais le quotidien lui semble de plus en plus monotone : elle croise toujours les mêmes têtes, lit toujours le même livre, s’occupe de la même manière. Son quotidien n’est pas propice à l’étonnement ou aux bouleversements.
Heidi entretient une correspondance avec son amie Clara, qui de son côté lui raconte la ville et ses mondanités, les soirées et les hommes. Forcément cela suscite sa curiosité et sa convoitise, et la vie en montagne ne lui convient plus.
Heidi au printemps, ou le désir tout court
À force de vivre au milieu des fleurs et des papillons, Heidi commence aussi à avoir envie de se faire butiner !
La BD
montre la jeune fille qui s’éveille aux fantasmes et dont les plaisirs de la chair l’appellent.
Elle se met d’ailleurs à regarder d’un tout autre œil Peter, le jeune et vigoureux chevrier du village – et quasi seul autre individu de moins de 60 ans dans ce village !
Et ce qu’on peut dire, c’est qu’elle n’a rien d’une fille farouche !
Une BD moins naïve qu’il n’y parait
Derrière un trait naïf, presque enfantin, se dessine une histoire très maligne et universelle.
Marie Spénale raconte avec fraîcheur et impertinence le moment clé où l’on quitte l’enfance, dans un désir d’émancipation et de reconnaissance de son statut d’adulte-en-devenir.
Elle décrit aussi les difficultés que l’on peut rencontrer vis-à-vis des adultes de son entourage, des parents et autres tuteurs, qui ont bien du mal à voir grandir celles et ceux qu’ils ont élevé•es en acceptant qu’ils s’envolent du nid.
Au-delà de la seule évocation de la frustration, l’auteure creuse les psychologies et montre que finalement, c’est une situation qui peut se régler !
Parler du désir et de l’amour avec réalisme
Marie Spénale insuffle de la candeur à son récit quand elle raconte les premiers émois, et dépeint la curiosité avec subtilité.
Si le personnage traditionnel d’Heidi a un côté idéaliste et lisse, celui de la dessinatrice est très ancré dans la réalité, avec ses attentes mais aussi ses déceptions, ainsi que son tempérament affirmé.
Utiliser ce personnage lui permet du coup d’insuffler une force particulière à son récit, en montrant qu’il est définitivement très universel, même par-delà les montagnes.
Elle raconte les tâtonnements des premières fois, la maladresse qui les habite, et ce toujours avec sensualité. Elle ne cherche pas à faire rêver à travers un récit fantasmé et figé, mais à raconter un moment de vie, un tournant. Quitte à ce que ça soit un peu crû par moment !
Heidi au printemps est une histoire attachante et profondément humaine, surtout grâce au personnage d’Heidi d’une spontanéité attendrissante mais aussi d’une personnalité énergique, qui sait ce qu’elle veut !
Par le prisme d’un personnage quasi canonique, elle raconte l’histoire universelle de l’épanouissement en tant que jeune personne, à travers la recherche et l’assouvissement de ses désirs, quels qu’ils soient, sexuels ou non !
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